ENCORE DE L’AUDACE ET DE LA CONVICTION
Les femmes sont toujours prêtes à se mobiliser pour élire des hommes mais pas à se constituer en bloc pour porter une des leurs à la magistrature suprême
Le scrutin du 24 février a brillé par l’absence de femmes candidates à la présidentielle. Elles n’ont pas pu se lancer dans la compétition mais elles ont réussi à montrer qu’elles sont au cœur du dispositif électoral. Qu’elles sont capables d’œuvrer pour le triomphe de la démocratie. D’ailleurs, la partition jouée par l’ancien Premier ministre, Aminata Touré, qui a célébré le nouveau sacre du Président Macky Sall, a conféré un charme particulier à la réélection du candidat de la coalition présidentielle. Même si les femmes n’ont pas réussi à passer le filtre du parrainage, elles ont montré que c’est grâce à leur détergent, que les hommes se construisent un destin présidentiel. Elles constituent un poids électoral que les hommes ont toujours su bien exploiter. Un état de fait qui traduit un paradoxe soulevé par bon nombre d’observateurs avertis.
Les femmes sont toujours prêtes à se mobiliser pour élire des hommes mais pas à se constituer en bloc pour porter une des leurs à la magistrature suprême. Elles sont également toujours prêtes à mobiliser leurs sœurs pour promouvoir des hommes dont certains ont fini par les considérer comme du bétail politique. Du coup, si certaines jubilent pour avoir largement contribué à une victoire sans encombre du candidat de la mouvance présidentielle, la « lionne du Baol », Aïda Mbodj est tout aussi victorieuse pour avoir refusé de jouer les seconds rôles.
Très convoitée par les cinq candidats à la présidentielle, désireuse d’exploiter sa troupe électorale, elle a fini par décliner toutes les offres alléchantes, offrant ainsi une autre image des femmes en politique. Une décision courageuse qui semble lui baliser la voie des prochaines élections. Des esprits sceptiques n’ont pas manqué de lui prêter des calculs inavoués à l’annonce de cette décision, mais quoi qu’il en soit, Mme Mbodj a fait honneur aux dames qui entendent se donner les moyens de bousculer des idées et des réalités. Elles sont d’ailleurs nombreuses à ne pas adhérer à cet esprit qui veut cloisonner les dames aux seconds rangs, surtout quand il est question de joutes présidentielles. Elles sont toutes nombreuses à résister aux lambris dorés du pouvoir. Elles tiennent à imposer leur approche et style pour contribuer au développement socioéconomique de leur nation.
S’il y a lieu de respecter le choix de chacun, il est tout aussi important de louer la grandeur de ces dames conscientes qu’elles portent la flamme du futur et qu’elles sont en mesure de prendre le relais du chef de l’Etat nouvellement réélu. Des femmes qui incarnent naturellement des vertus morales éminentes sont bien capables de diriger le pays, faudrait-il qu’elles s’inscrivent dans l’action pour lutter contre des réalités qui ont la peau dure et qu’elles viennent à bout des contraintes majeures qui ont trait aux moyens financiers.
A force de rigueur, de persévérance, armées de convictions fortes et d’un programme bien structuré, elles parviendront à gagner la confiance des bailleurs de fonds plus enclins à soutenir financièrement les hommes, surtout que l’argent est aussi le nerf de la bataille.