VIDEOSEPT CHOSES À VOIR, LIRE OU ÉCOUTER SUR LES RÈGLES
Parler du cycle menstruel reste tabou. Mais de plus en plus de femmes et d’hommes s’emparent du sujet, font de la pédagogie et donnent la parole aux premières concernées
Parler du cycle menstruel reste tabou. Mais de plus en plus de femmes et d’hommes s’emparent du sujet, font de la pédagogie et donnent la parole aux premières concernées. Ci-dessous, une liste non exhaustive de choses à écouter, lire et voir sur les règles.
- Ecouter. « Rouge comme les règles »
Le sang menstruel reste un impensé collectif. En quatre épisodes d’une heure, « LSD, La Série documentaire » de France Culture, retrace la grande histoire de ce tabou. Grâce aux témoignages intimes de nombreuses femmes, et à travers les analyses d’historiennes, de sociologues, d’artistes et de militantes, la réalisatrice Nathalie Battus et la productrice Juliette Boutillier lèvent le voile sur ce phénomène naturel, et interrogent sa place et sa perception toujours problématiques dans nos sociétés.
- Voir. « 28 jours »
En trente minutes, le documentaire réalisé par trois jeunes journalistes (Angèle Marrey, Justine Courtot et Myriam Attia) et disponible sur YouTube, revient sur le fonctionnement des règles et la façon dont elles sont perçues. Trente (trop) petites minutes pour aborder de nombreux thèmes : les mécanismes du cycle féminin, la diabolisation du sang menstruel par les religions, les relations sexuelles pendant les règles, les douleurs et l’endométriose, la composition des protections hygiéniques, etc. Un film très pédagogue qui contribue à dédramatiser et démythifier le cycle menstruel.
- Lire. « Ceci est mon sang »
Dans son livre Ceci est mon sang, petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font (La Découverte, 2017), la journaliste Elise Thiébaut alterne entre anecdotes personnelles, faits scientifiques, éléments historiques, sociologiques et religieux pour constater, avec humour, à quel point les règles sont utilisées pour exclure les femmes de la société. En démontrant l’absurdité des tabous et des interdits liés aux menstruations, l’autrice tente de réconcilier les femmes avec leurs règles, et les invite à porter un regard bienveillant sur cet écoulement mensuel.
- Ecouter. « Sang tabou »
Tout est parti d’une conversation entre copines. Un jour, Nina Almberg entend sa cousine et une amie parler du flux instinctif libre (FIL), une technique qui consiste à bloquer l’écoulement des règles avec le périnée, puis d’expulser le sang aux toilettes. Les tampons ? A risque. Les serviettes ? Trop incommodes. La coupe menstruelle ? Guère plus pratique. Alors, au final, pourquoi ne pas essayer le « FIL » ? Dans Sang tabou, un documentaire d’une vingtaine de minutes à écouter sur Arte radio, plusieurs jeunes femmes témoignent de la libération que représente, pour elles, cette méthode. Elles racontent comment, après quelques mois d’ajustage, il est possible de « prendre le pouvoir sur ses règles ».
- Voir. « Period. End of Sentence »
« J’arrive pas à croire qu’un film sur les menstruations vient de remporter un Oscar ! » S’il fallait une preuve que les réticences à parler du sujet collectivement s’effritent, la voici : Period. End of the Sentence (« Point. Fin de la phrase », un jeu de mot en anglais entre period, qui signifie à la fois « point final » et « les règles ») a reçu cette année la statuette du meilleur court documentaire. Le film, réalisé par I’Irano-Américaine Rayka Zehtabchi, raconte le quotidien d’Indiennes qui vivent à Hapur et ont acquis une machine à fabriquer des serviettes hygiéniques. En vingt-cinq minutes, le documentaire parvient à saisir à quel point le prisme des règles permet d’aborder tous les sujets liés aux inégalités entre les femmes et les hommes dans nos sociétés. Fabriquer leurs propres protections hygiéniques permet non seulement aux femmes d’avoir une bonne hygiène intime pendant leurs règles, mais aussi de continuer à aller à l’école et même de parvenir à être indépendantes financièrement grâce à l’argent récolté de la vente de leurs produits. Cerise sur le gâteau, le film n’oublie pas les hommes – dont le regard est subtilement présent tout au long du documentaire – et montre à quel point il est primordial de ne pas faire des règles « une histoire de filles » pour parvenir à briser un tabou aux conséquences potentiellement dévastatrices.
- Consulter. #Paietesrègles, Cyclique…
En octobre 2018, Axelle de Sousa, une jeune femme SDF brutalement confrontée à la précarité menstruelle, lance la pétition #Paietesrègles pour demander « que les protections hygiéniques soient prises en charge à 100 % par la Sécurité sociale, au moins pour les femmes les plus précaires ». « Il est urgent que les personnes précaires qui ont leurs règles n’aient plus à choisir entre manger ou s’acheter des protections », insiste-t-elle. « Nous avons tou·t·e·s le droit à l’hygiène et ce droit ne doit pas dépendre de la charité. » A ce jour, sa pétition a recueilli près de 50 000 signatures, et le hashtag #Paietesrègles s’est rapidement propagé sur les réseaux sociaux. Dès 2015, au moment des débats autour de la « taxe tampon », l’association Règles élémentaires s’était saisie de cette problématique en organisant des collectes de protections périodiques, redistribuées ensuite aux femmes sans abri et précaires. De son côté, Fanny Godebarge, a créé Cyclique, une nouvelle plate-forme collaborative entièrement consacée au cycle menstruel. On y trouve des articles scientifiques, des témoignages, ou encore des portraits de gynécologues et de sages-femmes.
- Bonus. The Museum of Menstruation
Jadis installé au sous-sol de la maison d’un employé du gouvernement fédéral américain, Harry Finley, à Washington, le Musée des menstruations est aujourd’hui 100 % virtuel. Kitch, étrange et plein de recoins, le site Internet est, entre autres, une collection d’archives sur tout ce qui touche au cycle menstruel. Au hasard, cette page consacrée à des témoignages sur un sujet ô combien complexe : et vous, si vous aviez le choix, est-ce que vous voudriez avoir vos règles ?