L’APRÈS TANOR S’ANNONCE DIFFICILE À NGUÉNIENE
Le défunt président du Haut Conseil des collectivités territoriales laisse ainsi derrière lui une famille divisée, un parti en lambeaux où Khalifistes et Tanoristes se disputent l’héritage de Léopold Sédar Senghor

L’absence de Ousmane Tanor Dieng commence déjà à se faire sentir dans le village natal de nguéniéne. C’est que l’homme incarnait non seulement le leadership local de son parti, mais aussi celui du conseil municipal dont il était le président. Le défunt Président du Haut Conseil des collectivités territoriales laisse ainsi derrière lui une famille divisée, un parti en lambeaux où Khalifistes et Tanoristes se disputent l’héritage de Léopold Sédar Senghor.
Il ne sera pas aisé de recoller les morceaux au PS. Depuis les élections locales de 2014, l’ancien parti au pouvoir de l’indépendance à 2000 est en lambeaux tant au niveau national que dans la commune de Ngéniène. D’ailleurs, c’était pour taire ces querelles que Ousmane Tanor Dieng qui n’a jamais voulu être à la tête de la mairie, a été obligé de se présenter au conseil municipal pour éviter que la mairie ne tombe dans l’escarcelle de l’Apr. Une semaine avant la mise en place du conseil municipal, alors qu’il était impossible de trouver un consensus entre les proches de Magueye Ndao, (ancien maire) et ses pourfendeurs, Ousmane Tanor Dien a dû faire contre mauvaise fortune bon cœur en se faisant élire maire de Nguénienne. Deux ans plus tard, un front s’est ouvert. Le secrétaire général du PS qui a été accusé à tort ou raison d’être de connivence avec le régime, pour crucifier Khalifa Sall, a fini par révolter des socialistes. Finalement, les pro khalifistes avaient gagné une bonne partie de l’électorat de la commune et du département.
Ces Khalifistes, composés de jeunes, symboles d’un renouvellement d’une génération du parti et des sages, se sont opposés aux vieux briscards qui constituent le cercle fermé autour du SG du PS. En effet, ces jeunes qui accusaient Ousmane Tanor Dieng de réduire le parti en un mouvement de soutien. Au niveau de sa base affective, les choix politiques de patron des verts de Colobane commence à révolter la nouvelle génération. Acculé dans sa propre base, Otd sentait de plus en plus une partie de l’opinion se dresser contre lui.
Les jeunes des villages de Ndiémane, Ballabougou, Guedj, Foua, Fadial et d’autres localités ont bruyamment protesté contre l’ancienne aristocratie politique socialiste. Le village de Mbodiéne, qui est l’un des greniers électoraux de la commune, avait réussi le renouvellement de la génération et encouragé les autres villages qui étaient en train de lui emboiter le pas. Sentant cette vague de changement inéluctable, OTD avait ordonné la vente des cartes après avoir reçu en audience des jeunes de plusieurs localités rebelles.
LES 100 HECTARES QUI ONT MIS L’HUILE SUR LE FEU
Pendant que ce débat faisait rage, des jeunes mus par d’autres considération ont aussi haussé le ton. Ayant constaté le manque d’infrastructures dans leur localité (Ballabougou) depuis l’accession de Macky Sall au pouvoir, ils avaient prôné le boycott du parrainage. Une menace prise très au sérieux par certains conseillers municipaux qui en ont réussi à décrocher une délibération sur 100 HA au profit de la société PRODUMEL. Ces conseillers ont fait croire à OTD que le boycott agité par les jeunes était lié au refus du maire de signer la délibération en question en faveur de Pro du mèl qui promettaient monts et merveilles.
Finalement, alors qu’il avait promis à la délégation des éleveurs conduite par leur président Ndéné Diogoul qu’il ne céderait jamais, il a signé l’acte. Sans le savoir, le conseil municipal venait de commettre un sacrilège en sevrant les éleveurs de leur zone de pâturage. Un geste qui mis le feu aux poudres élargissant le fossé du malentendu qui existait déjà entre la population et son maire Ousmane Tanor Dieng. Aujourd’hui, avec son rappel à Dieu, il y a un vaste chantier qui attend les socialistes.