POUR DEVELOPPER LE LEADERSHIP POLITIQUE ET ECONOMIQUE DES FEMMES
Alors que les femmes représentent 52% du fichier électoral, l’absence de candidature féminine lors des dernières élections présidentielles a été un fait marquant.
Alors que les femmes représentent 52% du fichier électoral, l’absence de candidature féminine lors des dernières élections présidentielles a été un fait marquant. A cela s’ajoute le fait que sur les 557 collectivités territoriales que comptent les Sénégal, seules 5 d’entre-elles ont été administrées par des femmes en 2014 et seulement 13 à l’heure actuelle. Et les nouvelles mesures concernant les élections des maires au suffrage universel indirect pourraient accentuer ce gap entre les deux genres. De quoi interpeller les membres de l’ONG-3D, qui a convoqué, hier jeudi à Dakar, une session de mentorat à l’intention des femmes leaders en vue de voir les voies et moyens à entreprendre pour inverser la tendance actuelle.
En vue d’aider les femmes à développer leur estime de soi, à croire en elles et mettre en pratique leurs compétences, l’ONG-3D a tenu une session de mentorat, hier jeudi à Dakar. Session dont l’objectif central est de contribuer à renforcer le leadership des femmes en leur fournissant les outils nécessaires à l’impulsion de leur leadership politique et économique. Conscient de la place ô combien importante des femmes dans la vie politico-économique, alors qu’elles sont reléguées au second plan, Moundiaye Cissé, directeur exécutif de l’ONG-3D rappelle: «nous avons pensé qu’aujourd’hui il serait préférable de réfléchir sur les moyens d’accompagner les femmes sur les questions de leadership économique et politique à la fois. Nous allons vers des reformes au Senegal. La loi électorale va subir de profondes réformes, de profondes mutations. Par exemple, on va aller vers l’élection des maires au suffrage universelle direct. Nous sommes en train de voir comment faire pour que les femmes soient beaucoup plus représentées dans les gouvernements locaux, des conseils locaux ».
A la fois désemparé et impuissant face à la place qu’occupent les femmes dans la carte politique du Sénégal, mais aussi apeuré que cette situation ne s’envenime grâce aux mutations politiques en perspectives, M. Cissé déclare : «tenez-vous bien, malgré la loi sur la parité avant 2014, seules 5 femmes étaient maires sur 557 collectivités territoriales. Et au moment où je vous parle, il n’y a que 13 femmes sur les 557 collectivités territoriales. Maintenant, imaginez qu’on aille vers l’élection des maires au suffrage universel direct, est-ce qu’on ne court pas le risque d’avoir zéro (00) femme maire parce que la compétition va etre encore plus rude ? Parce qu’avec le système indirect, on pouvait donner des instructions pour les conseillers pour voter pour une femme maire. Mais, avec le système universel direct, si on n’y prend garde, en anticipant le renforcement de capacités des femmes, on risque d’avoir zéro femme maire».
LA PARITE, UNE LAME A DOUBLE TRANCHANTS
Pour pallier ce gap, en marge des élections municipales à venir, le directeur exécutif de l’ONG-3D, Moundiaye Cissé appelle les femmes leaders des instances de décision à mutualiser leurs forces afin d’inverser la tendance. «La compétition sera ce qu’elle sera car les citoyens, les électeurs iront directement au vote. 13 femmes maires sur 557 collectivités territoriales, comment faire en sorte qu’on se retrouve avec 20% de femmes maires à défaut d’avoir 50% ? C’est l’occasion aussi d’interroger la loi sur la parité, est-ce qu’elle a impacté sur le vécu politique des femmes ? On pouvait s’attendre à ce que les femmes, une fois à l’Assemblée nationale, mettent de côté leur appartenance politique pour travailler ensemble et faire adopter des propositions de loi allant dans le sens du renforcement de leur leadership politique; ce qui n’ a pas été le cas». M. Cissé de conclure: «dans les Conseils municipaux, on est passé à 20% de femmes présentes à 43% du fait de la parité. Mais qu’est-ce qu’on a senti comme changement dans le vécu quotidien des femmes au niveau de ces Conseils municipaux ? Je crois que la loi sur la parité ne doit pas être une finalité, mais un moyen de promotion du leadership des femmes pour qu’elles puissent avoir les moyens. On a vu également la loi sur le parrainage, avec zéro femme candidate à l’élection présidentielle. Autant de raisons qui font qu’on s’est dit qu’il faut anticiper et voir quels sont les goulots d’étranglements ? Quels sont les obstacles à l’émergence des femmes au niveau du pouvoir ?»
L’ECONOMIE, FACTEUR CLE DE L’ECLOSION DU LEADERSHIP FEMININ
Consciente que l’indépendance politique des femmes va de pair avec leur indépendance économique, toutes deux des leviers importants dans leur autonomisation, Mme Khady Samba, directrice de l’Encadrement et de l’Economie sociale solidaire venue représenter son ministre de tutelle explique: «nous saluons cette initiative de l’ONG-3D qui a pour objectif de renforcer les femmes en leadership. Quand on parle de leadership, il faut une autonomie économique et ça nous intéresse au plus haut point. Parce que le ministère de la Micro finance et de l’Economie sociale et solidaire accompagne les femmes dans le développement et la promotion de leurs activités économiques. Nous sommes aussi chargés de faire la promotion du secteur de l’économie sociale et solidaire, domaine dans lequel les femmes sont particulièrement actives».