LES FONDS COMMUNS DE LA DISCORDE
Des conflits internes minent des départements ministériels du gouvernement. Il s’agit du ministère de la Justice et de celui du Commerce
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Des conflits internes minent des départements ministériels du gouvernement. Il s’agit du ministère de la Justice et de celui du Commerce. Leurs agents se crêpent le chignon à cause des Fonds communs.
Une guerre peut en cacher une autre. Depuis hier, le ministre du Commerce Aminata Assome Diatta cristallise tous les regards. En effet, le Syndicat national des Agents de l’Administration du Commerce (SYNACOM) s’est fendu d’un communiqué en fin de semaine pour s’attaquer à sa gestion. Les syndicalistes lui reprochent d’avoir annihilé tous les efforts consentis, depuis 2012, par les plus hautes autorités de ce pays et les agents de ce département ministériel. Selon eux, son management est basé sur un clientélisme politique exacerbé, une gestion solitaire défiant les règles élémentaires d’un leadership orienté vers le progrès, un tâtonnement et une précipitation dans la gestion de certains dossiers pour donner un semblant de gages d’efficacité et de performances. Il lui est également reproché une communication excessive, lacunaire et non maîtrisée au service d’une ambition purement politique. Mais d’après une source de « L’AS », le véritable problème vient du dernier point non expliqué clairement dans le texte par les syndicalistes.
En effet, quand ils parlent de menace de la stabilité sociale par le biais d’une mesure illégale, inédite, unilatérale et sournoise, qu’ils expliquent par le fait que la ministre a pris une mesure visant à faire bénéficier à des non-ayants droit des avantages portant sur le produit des amendes, pénalités, transactions et confiscations établies en matière de contentieux économique, ils font allusion aux Fonds communs du ministère du Commerce. En effet, ces derniers n’arrivent toujours pas à digérer la décision incluant dans les Fonds communs les agents de la Direction des petites et moyennes entreprises (DPME). Or, cet argent n’était réservé qu’aux commissaires aux enquêtes économiques et contrôleurs du contrôle économique. Ainsi, cette mesure, permettant à l’écrasante majorité des salariés du ministère du Commerce de bénéficier des Fonds, réduit considérablement le montant que perçoivent les « anciens ayants droit » avant la mesure prise par Aminata Assome Diatta.
LE MINISTERE DE LA JUSTICE DIVISE PAR LES FONDS COMMUNS
A l’instar de celui du Commerce, le ministère de la Justice est également secoué par les Fonds communs qui ont fini d’installer un malaise entre les magistrats et les greffiers. En effet, les magistrats voudraient que les Fonds soient étendus à tout le personnel judiciaire, or les travailleurs des greffes en sont actuellement les bénéficiaires. D’ailleurs, Aya Boun Malick Diop, le secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust), avait accusé les magistrats d’avoir bloqué le décret sur le nouveau système de financement du fonds entre le ministère de la Justice et le secrétariat général du gouvernement.
Le syndicaliste affirmait : « Depuis que le décret est sorti, ceux qui sont au ministère de la Justice, de connivence avec ceux qui sont au Secrétariat général du gouvernement qui est chargé de la publication- il y a des magistrats là-bas- ont fait tout pour que le texte ne soit pas publié, dans l’éventualité de créer leur fonds afin de reprendre les recettes qui nous ont été allouées. » Pour arriver à ses fins, l’Union des magistrats du Sénégal(Ums) a élaboré un projet de loi qu’elle a proposé au chef de l’Etat pour l’institution d’un «Fonds d’équipement et de motivation de la justice judiciaire», en mars dernier. Cette caisse devrait être alimentée par les amendes prononcées par les Tribunaux et servirait à fournir aux magistrats des ressources additionnelles, en plus de leur salaire et indemnité de judicature. Cependant, ce projet de loi de l’Ums rappelle bizarrement le décret 2011-1929 du 1er décembre 2011, pris par l’ancien président Abdoulaye Wade, qui avait institué le défunt « Fonds commun des magistrats ». La création de ce Fonds n’a pas duré car dès l’accession au pouvoir du président Macky Sall, Aminata Touré, alors ministre de la Justice, l’avait convaincu d’abroger cette loi. Elle jugeait que l’intéressement des magistrats aux produits des amendes et des confiscations qu’ils prononcent eux-mêmes pose un sérieux problème d’éthique.
LES AUTRES RAISONS DE LA ROGNE DES AGENTS DU COMMERCE
Au-delà du Fonds commun, les raisons qui ont courroucé le Syndicat national des Agents de l’Administration du Commerce (SYNACOM) viennent du chamboulement opéré par Aminata Assome Diatta après sa prise de fonction. La ministre est accusée de verser dans un règlement de compte, en se séparant de Makhtar Lakh, le Secrétaire général du ministère du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises, ainsi que de Ousmane Mbaye, le Directeur du Commerce intérieur. Comme si cela ne suffisait pas, Mme Diatta a pris la décision d’affecter des agents de la Direction du Commerce extérieur, qui étaient habitués aux voyages, aux rencontres internationales et aux fastes, pour les envoyer dans les services régionaux. C’est le cas du commissaire aux enquêtes économiques Ibrahima Ngom, qui est maintenant adjoint au chef de service régional de Kaolack et Aminata Kane qui est devenue adjointe au chef de service régional de Saint-Louis, mais aussi de Seydou Nourrou Barro qui quitte son poste de chef de service régional pour la direction commerce extérieur. Dans la décision de la ministre aussi, le Secrétaire général du Syndicat a été dépossédé de son poste de chef de service régional à Louga pour être transféré à Fatick, sans compter la gâteau empoisonné octroyé à l’ancien Sg du syndicat Safouthia Diagne tout nouvel adjoint au Directeur des petites et moyennes entreprises, mais aussi la rétrogradation du régional de Diourbel, Touba Niang qui devient départemental à Pikine.