LES GERMES D’UNE AUTRE CRISE POLITIQUE
Après les récentes émeutes, des menaces pèsent sur le pays. Divisés sur la fixation de la date des élections locales, les acteurs politiques commencent à se radicaliser. Pis, des politiciens «véreux» surfent sur le discours ethniciste

Les plaies des récentes émeutes notées dans le pays ne se sont pas complètement refermées. Pour autant, telle une épée de Damoclès, d’autres menaces pèsent sur la stabilité du pays. Divisés sur la fixation de la date des prochaines élections locales, les acteurs politiques commencent à se radicaliser. Pis, des politiciens «véreux» surfent sur le discours ethniciste.
Il faut toujours apprendre de l’histoire même si elle peut paraître anodine. Qui aurait pensé que l’affaire «Sonko-Adji Sarr» aurait débouché sur une crise politique de cette ampleur avec 13 morts, des milliers de blessés, des centaines de personnes arrêtées partout dans le territoire, sans compter les saccages des boutiques et autres lieux de commerce ? Il a fallu que des médiateurs, religieux et personnalités de la société civile, interviennent pour que le calme revienne dans le pays. Précaire ! Tout porte à le croire, d’autant que très vite, des partisans du pouvoir remontés contre Ousmane Sonko n’ont pas hésité à le charger. Si les uns essayent de toucher aux fibres ethniques, d’autres accusent son camp d’être à l’origine des décès enregistrés lors des manifestations. Le plus en vue est le ministre de la Justice Me Malick Sall qui a essayé de rapprocher les émeutiers à des mouvements salafistes et islamistes qui veulent saper la stabilité du Sénégal. D’autres comme le député Aliou Dembourou Sow se sont montrés plus radicaux en indiquant qu’ils attendent de pied ferme Ousmane Sonko et Cie. C’est le cas également du Directeur général de la Lonase et responsable politique à Guédiawaye, Lat Diop qui menace en affirmant que la prochaine fois, ils (ndlr : membres et sympathisants du régime de Macky Sall) répondront «œil pour œil, dent pour dent». «Vous nous insultez, on vous insulte. Vous brûlez nos maisons, on brûle vos maisons», a-t-il renchéri amèrement. Ce qui laisse entrevoir que les plaies ne se sont pas complètement cicatrisées et que les acteurs politiques veulent toujours tenir le pays en otage.
POLEMIQUE SUR LA TENUE DES LOCALES, L’AUTRE BOMBE A DESAMORCER !
Par ailleurs, autre élément qui menace la stabilité du pays, c’est la polémique concernant la fixation de la date des élections locales. Si le pouvoir veut les tenir coûte que coûte vers février ou mars 2022, l’opposition lui oppose jusque-là un niet catégorique. Le leader de Taxawu Sénégal, Khalifa Sall a d’ailleurs livré son opinion en ce sens pour dire que le report des Locales peut déboucher sur une autre crise politique. Cela est d’autant plus vrai que le Front de résistance nationale (Frn) estime qu’il est hors de question que les élections législatives se tiennent en 2022. En conséquence, le FRN, tout en dégageant ses responsabilités de toute nouvelle forfaiture en la matière, met en garde le gouvernement face à toutes les conséquences que de nouveaux reports pourront engendrer. Quant au leader de Pastef, Ousmane Sonko, il déclare qu’un report en 2022 est inconcevable. Et que le chef de l’Etat devra assumer toutes les conséquences qui découleront de son forcing. Du côté de la table du dialogue politique, chacun campe sur sa position avec ses arguments. Au lieu de trouver une solution consensuelle, les différentes forces en présence se pointent réciproquement un doigt accusateur.
Le pôle de la majorité présidentielle pense que c’est l’opposition qui est à la base de tout le retard enregistré parce qu’elle a exigé l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral. Et qu’il faudrait 11 mois pour aller vers les élections. Toujours, à en croire les membres de la majorité, il est impossible de tenir le scrutin en 2021 si on respecte les délais édictés dans les termes de référence et ceux fixés par le code électoral. Quant au pôle de l’opposition, il réclame une compression des délais pour tenir le scrutin en 2021. Les membres de l’opposition estiment que les techniciens ont démontré à suffisance que les quatre mois prévus pour l’évaluation du processus électoral peuvent être ramenés à deux. Non sans regretter le fait que la majorité présidentielle cherche manifestement à faire un blocage afin que les élections locales soient reportées en 2022.