«PLUS NOUS PRODUIRONS DE FILMS DE BONNE QUALITE, PLUS NOUS SERONS PRESENTS»
Micro ouvert… Serge Abessolo, acteur africain
Sur le petit écran sénégalais, c’est la série qui cristallise les attentions. «Impact», la dernière production de Marodi, met à l’affiche une distribution panafricaine avec des comédiens venus de la Côte d’Ivoire ou du Gabon. Parmi eux, Serge Abessolo qui a déjà fait l’affiche de «Cacao», la série réalisée par Alex Ogou. Le comédien gabonais, dont le nom compte désormais dans le 7e art du continent, partage ses réflexions sur le cinéma sénégalais, son art et son intégration dans cette aventure panafricaine.
Vous êtes à Dakar pour participer à la série Impact dans laquelle vous jouez le rôle du père de la famille Gradel. Comment êtes-vous arrivé dans cette série ?
Par le biais d’un casting après une visite à Marodi par une amie actrice sénégalaise, j’ai envoyé des photos et une courte vidéo. Quelques jours plus tard, je fus rappelé à la structure et même une première offre de contrat. La suite … on tourne !
Comment se déroule le tournage ? Est-ce que travailler au Sénégal est différent ?
Ça se passe plutôt bien. Vous savez, chaque plateau, sinon chaque tournage, est différent, tant dans la méthode de travail, des personnes avec qui vous travaillez, acteurs et techniciens. Au Sénégal, du moins sur cette série, on tourne et on diffuse en même temps. De ce point de vue, ça peut paraître différent, car on a la pression du diffuseur local (Tfm) et cela vous «booste». Il y a quand même certaines choses qui sont compliquées pour moi. C’est par exemple quand il faut dire le texte en wolof. Par exemple, quand j’ai dû dire «konn ay beuguente la». Il faut répéter l’accent et surtout l’intonation. Mais chaque tournage est exceptionnel. Ce n’est jamais pareil. Vous allez à la découverte de quelque chose, vous apprenez de chaque expérience, vous apprenez des gens avec qui vous tournez et vous leur donnez quelque chose.
Vous étiez aussi dans Cacao de Alex Ogou. Parlez-nous de cette expérience !
Une très bonne expérience, nonobstant les deux décès notamment de Vincent Kafando et Vincent de Paul Dri. C’était vraiment une famille. Et j’ai fait la connaissance de Fargas Assandé que j’admirais déjà et la rencontre de tous les autres acteurs et techniciens et toute la production. Je garde un bon souvenir de chacun et chacune d’entre eux. Mieux, cette série m’a permis de récolter mes deux premiers trophées majeurs, notamment celui de la Meilleure interprétation masculine africaine série Tv où j’étais en compétition avec mon frère Souleymane Ndiaye (Golden) et un autre acteur Togolais, mais aussi le prix du Public africain aux Sotigui awards 2020
Les séries sénégalaises sont très appréciées. En tant qu’acteur, comment analysez-vous cet engouement ?
Les séries, pas seulement sénégalaises, mais africaines, sont de plus en plus consommées et aimées du public africain et de sa diaspora et aussi par les cinéphiles d’autres continents. On voit de plus en plus de séries africaines que ce soit sur Canal+, Netflix ou même sur le Bouquet africain. Nous Africains faisons de plus en plus de films et de séries, mais surtout de bonne qualité.
Vous êtes également comédien et avez produit pas mal de one-manshows. Quelle est la situation de ce secteur sur le continent ?
Il a beaucoup évolué. Voyez aujourd’hui le nombre d’humoristes dans nos capitales africaines et avec de plus en plus de festivals d’humour et même des chaînes comme Canal+ Comédie !
Avec la pandémie du Covid-19, le secteur artistique a été très touché. L’avez-vous également été ?
Bien sûr que j’ai été touché, les productions se sont arrêtées. Même si dans certains pays comme le Sénégal l’Etat a apporté une aide aux artistes, ça n’a malheureusement pas été le cas dans mon pays, le Gabon, où jusqu’à maintenant le secteur artistique connait une mort lente. Tous les secteurs ont repris comme ici au Sénégal où j’ai été à un spectacle de Awady à l’hôtel Pullman, où j’ai été à l’avant-première de la série Impact et où se tourne en ce moment pas moins de 10 séries (Impact , Dérapage, Karma, Maîtresse d’un homme marié, Adja…) Au Gabon, l’activité culturelle est obligatoirement en arrêt par mesure gouvernementale pour lutter, diton, contre la Covid-19 (sic)… C’est peut-être aussi la résultante du regard de certaines autorités sur le secteur de l’art. Je voudrais rappeler à juste titre qu’un plateau de tournage est une entreprise éphémère. Alors si les entreprises ont le droit de continuer à travailler, alors les professionnels du cinéma aussi
Le 7e art africain n’est pas toujours très présent dans les grands rendez-vous. Que faudrait-il faire pour booster la production cinématographique et installer des industries à l’image de Nollywood ?
On n’est plus aussi absent que ça. Nous avons aujourd’hui des films africains en compétition à Cannes par exemple. On a même des acteurs ou actrices africains dans le jury à Cannes, comme ce fut le cas de la Burkinabè Mouna Ndiaye que j’ai fortement appréciée dans le film L’œil du cyclone. Je pense que plus nous produirons de films de très bonne qualité plus présents nous serons et personne ne contestera la qualité de nos œuvres et le talent de nos comédiens.
Vous êtes un acteur gabonais qui a quitté son pays pour venir tourner au Sénégal. Est-ce que vous avez demandé des conditions particulières ?
Déjà le strict minimum, logé décemment, nourrit et payé
Le cinéma nourrit-il son homme ?
Pour ma part …oui, le cinéma nourrit son homme. Après, je pense qu’on se gère comme en entreprise… Vous pouvez avoir de gros revenus et ne rien faire avec, comme vous vous pouvez avoir de faibles revenus et savoir vous en servir… En ce qui me concerne, je vis très bien de mes revenus artistiques même si j’en ai d’autres sur d’autres activités… Tout est dans la discussion initiale du contrat entre une maison de production et vous. Dès lors que vous vous êtes accordé...
Quels sont vos futurs projets ?
Je suis sur une production ivoiro-sénégalo-camerouno-gabonaise «Rouge à lèvre» de Jean Hubert Nankam et j’envisage le tournage de mon prochain long métrage en janvier 2022.