CE QUI FAIT LA DIFFERENCE...
Palabres avec… Ame Ndao, le nouveau maitre du Tassu
Sur la sellette depuis un bon moment, Amadouam Ndao dit Ame Bongo est le nouveau phénomène du Tassu. Cet art de parler rapidement sur une musique que d’aucuns considèrent comme l’ancêtre du rap. Très sollicité par Wally Seck et beaucoup d’artistes pour des duos, ce natif de Sibassor, à quelques encablures de Kaolack, a réussi à gagner le cœur des mélomanes par son feeling et son art qui semble être unique.
Pouvez-vous nous parler de vos débuts et de votre choix porté sur le Tassu ?
Je suis artiste depuis ma tendre enfance. Je ne connais que la musique dans ces différentes composantes. Je suis dans l’impossibilité de vous dire exactement quand j’ai démarré. J’ai commencé par la danse en fréquentant le Ballet Diam Bougoum où j’ai côtoyé le grand tambour major Oumar Thiam. Ce qui m’a beaucoup servi. J’ai aussi été chanteur durant de nombreuses années avant de finir par embrasser le Tassu. Une façon de dire que je n’ai pas du tout brûlé les étapes. Je me suis d’abord imposé dans le Saloum. Avant d’aller à la conquête du reste du pays et du monde, il faut impérativement commencer par avoir le soutien et la confiance de son terroir.
Comment comptez-vous faire pour relever tous ces défis ?
Je sais qu’il n’est pas facile de réussir dans ce milieu. Cependant, je travaille toujours avec à l’esprit le fait de bien m’entourer. Je suis fin observateur de la société. Ce qui me permet d’aborder des thèmes porteurs. Je parle souvent de sujets qui intéressent la grande masse car étant au contact des populations. Je m’interdits de parler de futilités. Je suis un messager qui doit forcément jouer un rôle important dans l’éveil des consciences.
Prêt à déjouer les coups bas…
Je suis un jeune artiste avec beaucoup d’ambitions. Cependant, je reste conscient que le chemin est parsemé d’embûches. C’est donc fort de ce postulat que je travaille avec Papis Ndiaye. Même si je n’ai pas de manager attitré, je travaille étroitement avec le label du Studio Bleu. Mon grand Samba Diaité me conseille dans tout ce que je fais musicalement. Comme je n’ai pas fréquenté l’école française, je travaille souvent avec mon jeune frère. Dès que j’ai une idée de chanson, je lui en parle et il la note. Après l’avoir bien appris par cœur, je propose le thème à Papis qui se charge de la réalisation musicale. J’ai aussi beaucoup appris à côté de mon proche parent, Papa Ndiaye Thioppet, le fils du grand tambour major Iba Samb de Kaolack. Je suis prêt à apprendre et à tisser patiemment ma toile sans brûler les étapes. Grâce à Papis, je me suis beaucoup rapproché artistiquement de Wally.
Comment s‘est faite la jonction?
Wally est un artiste généreux qui aime ce que je fais. Dès la sortie de mon premier single, il a voulu me soutenir. Par l’entremise de Papis Ndiaye, il m’a invité à danser sur son clip « Daf May dal ». Et depuis lors, il ne cesse de m’inviter sur scène et sur des titres. C’est toujours avec un immense plaisir que je réponds à toutes ses invitations. Il est très sensible à mon travail et ne cesse de me soutenir.
Vous avez dit tantôt que Wally Seck vous soutient depuis vos débuts, comment appréciez-vous la situation qu’il vit actuellement avec cette énième polémique sur lui et le lobby LGBT ?
Je tiens à lui témoigner toute ma sympathie. Il est généreux, adorable et très sociable. Il ne doit pas fuir. Il lui appartient de faire face. Il doit savoir qu’étant le fils de feu Thione Seck, rien ne lui sera pardonné. C’est un Baye Fall et je suis convaincu qu’il fera face. Je ne comprends pas les Sénégalais qui n’aiment pas les bonnes personnes qui réussissent. Wally est vraiment fatigué. Il faut qu’il soit courageux. Il faut qu’il continue de prouver à la face du monde qu’il est un Baye Fall. Ces mauvaises paroles ne doivent pas le détourner de son chemin. Je me demande dans quel pays nous sommes ? Il faut qu’on le laisse vivre car il est juste victime de son succès qui est indéniable et qu’il a amplement mérité. Il aura toujours mon soutien car il m’a toujours encouragé et soutenu.
Parlez-nous de vos ambitions et de la manière dont vous comptez gérer votre carrière ?
Je veux révolutionner le milieu du Tassu. Je veux vraiment marquer une certaine rupture en innovant dans le bon sens. Qu’il soit écouté partout à travers le monde. C’est pour cela que je vous disais que j’accorde une grande importance à la qualité de la musique que je propose. Mon titre, « Partager Connexion », qui m’a fait connaître, est un morceau très ouvert qui peut être écouté partout en Afrique. J’ai librement choisi de ne pas trop mettre l’accent sur le Tama et le Sabar. Je veux ainsi prouver par ce procédé que notre Tassu peut bien être exporté. Je veux aussi me donner les moyens de mes ambitions. C’est pour cela que je compte sortir un album au mois de décembre prochain. Ce sera un maxi de cinq titres. Présentement, je suis sollicité par de nombreux artistes qui veulent faire des duos avec moi. Mais à part mon frère Wally Seck et ma sœur Mbathio, j’ai juste consenti à faire une petite séance sur un morceau de Demba Guissé. Je préfère me consacrer à l’essor de ma carrière.
Vous êtes également très sollicité pour des campagnes publicitaires et certains vous reprochent d’avoir choppé la grosse tête et de réclamer de gros cachets…
Honnêtement, je ne sais pas pourquoi les gens aiment me solliciter pour leurs campagnes de publicité. Je suis très mal placé pour parler de cet intérêt manifeste que je ne saurais occulter. En ce qui concerne la cherté de mes cachets, je préfère ne pas trop m’épancher sur le sujet. Il s’agit juste de mon salaire et personne ne parle de son salaire sur la place publique. Il faut poser la question à ceux qui font appel à mes services. Ils sont les mieux placés pour dire s’ils sont satisfaits ou non de la qualité de mes prestations. Toutes les personnes qui me voient évoluer sur scène savent que je ne triche pas et je me livre sans réserve et cela me suffit amplement comme réponse à ces personnes qui pensent que je joue à la star. Notre milieu est très difficile et sans le soutien du public, nous ne représentons rien du tout. C’est pour cette raison que je m’efforce toujours de bien me comporter pour ne pas les décevoir. Je sais d’où je viens, mais également là où je veux arriver…
Vous parlez toujours de Kaolack….
Je suis déterminé à remercier très chaleureusement le public de la ville de Kaolack. Pour ce faire, je compte user de mes talents d’artiste pour organiser un très grand événement culturel à Kaolack. Ce sera vraiment un moment de communion et de remerciements pour toutes ces personnes qui ont cru en moi dès le début.