MISSION DAKAR-DJIBOUTI, RETRACER L'HISTOIRE COLONIALE
Des chercheurs venus d’Afrique francophone et de la France vont mener durant trois jours des études sur la mission Dakar-Djibouti, qui a permis de collecter, entre mai 1932 et février 1933, des objets d’art, des enregistrements sonores…
Dakar, 27 sept (APS) - Des chercheurs venus d’Afrique francophone et de la France vont mener durant trois jours des études sur la mission Dakar-Djibouti, qui a permis de collecter, entre mai 1932 et février 1933, des objets d’art, des enregistrements sonores, des clichés photographiques, des spécimen naturalistes et des fiches de terrain, a appris l’APS.
Ils vont réaliser ce travail à l’occasion de l’ouverture, ce lundi, à Dakar, des journées d’études consacrées à ladite mission. Elles se sont ouvertes en présence du président du Musée Quai Branly-Jaques Chirac de Paris, Emmanuel Kasarhérou.
Ces journées, conjointement organisées par le Musée des civilisations noires et le Musée Quai Branly-Jaques Chirac de Paris, entrent dans le cadre d’un projet de recherches et d’expositions, voire de restitutions autour de ce travail, explique un document remis aux journalistes.
"Aujourd’hui, il est opportun de travailler avec le Musée Quai Branly de Paris pour faire l’état des lieux de cette mission à travers une étude. Elle a été une mission majeure de par les pays traversés qui sont au nombre de 17, de Dakar à Djibouti en passant par les anciennes colonies françaises", a souligné Aimé Kantoussan, directeur de la recherche au Musée des civilisations noires.
Il a précisé que l’objectif est de mener une contre-enquête. Il a rappelé que ce sont les Français à la tête de cette mission qui avaient eux-mêmes défini leurs méthodes d’enquête dans un contexte de domination, "bénéficiant même de permis de capture qui leur donnaient l’autorisation de sanctionner toute personne refusant de répondre aux questions".
"Maintenant, il ne s’agit plus d’une domination, car les pays africains sont devenus souverains et indépendants. L’idée est de comprendre ce qui s’est réellement passé avec ces objets qui ont été volés. Nous allons également voir, en termes de restitution, comment les choses vont se passer", a expliqué le chercheur.
Il a rappelé que cette restitution concerne 17 pays qui présentent des différences dans leurs systèmes d’éducation et de culture, car étant composés en plus des Nations francophones de l’Ethiopie et du Nigeria.
Le président du Musée Quai Branly-Jaques Chirac de Paris, Emmanuel Kasarhérou, souligne qu’il s’agit pour les deux institutions muséales ‘’de parcourir cette histoire afin d’en avoir une approche critique et de partager les résultats de cette mission ainsi que les recherches qui ont été faites sur le sujet’’.
"Concernant la restitution, il s’agit de mettre à part les objets, sur lesquels d’un commun accord nous aurions une approche critique à mettre en valeur et ensuite de proposer à la Nation concernée les objets à restituer", a-t-il expliqué.
Le Directeur du Musée des civilisations noires, Hamady Bocoum, estime pour sa part que les documents probablement disparus ‘’vont permettre aux gens de comprendre le développement de l’Afrique actuellement’’.
"L’intérêt de la mission, c’est moins les circonstances que les résultats disponibles", a-t-il rappelé. Il signale que le Musée Quai Branly-Jaques Chirac est en train de faire un travail exceptionnel en documentant tous les objets et donnant leur provenance.
Hamady Bocoum soutient par exemple qu’avec cette transparence, ‘’les Africains vont découvrir de nouvelles gammes musicales qui avaient disparu avec cette mission’’.
Ces journées d’études ont enregistré la présence de chercheurs et responsables de musées des pays traversés par la mission, dont le Sénégal, le Mali, le Tchad, le Bénin, le Cameroun, l’Ethiopie et Djibouti ainsi que des universitaires français.
La mission, qui s’est déroulée entre mai 1931 et février 1933, a abouti à la collecte importante de 3 276 objets, de 6 000 clichés de photographies, de près de 2 000 spécimens naturalistes, des enregistrements sonores et de plus de 10 000 fiches de terrain, selon un document remis à la presse.