«SAARABA», HYMNE D’UN RETOUR AU PAYS
Après avoir ébloui le monde par ses créations, le photographe Oumar Victor Diop retourne au pays natal avec ses deux séries, «Diaspora» et «Liberty»
C’est un des grands noms du monde artistique sénégalais. Après avoir ébloui le monde par ses créations, le photographe Oumar Victor Diop retourne au pays natal avec ses deux séries, «Diaspora» et «Liberty». Intitulée «Saaraba», l’exposition va se dérouler à la galerie Le Manège pendant un mois et demi.
Omar Victor Diop est un photographe sénégalais dont la renommée dépasse largement les frontières du pays. Depuis sa première participation en 2011 à la Biennale de la photographie à Bamako, l’artiste ne cesse d’éblouir le monde par ses créations. Ses séries photographiques Liberty et Diaspora seront exposées à partir d’aujourd’hui à la galerie Le Manège de l’institut culturel français de Dakar.
Saaraba est ainsi un retour aux sources pour le photographe qui est né à Dakar. Cette évocation si présente dans les chansons populaires sénégalaises, Omar Victor en a fait son hymne du retour au pays natal et une célébration de ces enfants d’Afri - que qui ont marqué l’histoire du monde. «J’ai grandi comme nous tous avec cet air de nagnou gnibi saaraba. C’est un peu le retour à la terre promise», explique le photographe qui a fait face à la presse hier. Pour cette exposition grandeur nature, deux séries majeures de l’artiste s’offrent aux spectateurs.
Liberty se veut une chronologie universelle de la protestation noire. Dans cette série, sont représentées des figures de la lutte pour les droits. Le jeune Trayvon Martin, un jeune adolescent noir assassiné en Floride en 2012 alors qu’il revenait de l’épicerie. Son seul crime, avoir traversé un quartier objet d’une série de cambriolages avec son sweat shirt à capuche. Une photo qui attire le regard dans cette série, c’est aussi celle qui remémore Thiaroye 44 où des soldats africains ayant combattu pour la France sont massacrés pour avoir demandé à la France de tenir ses engagements.
Figure emblématique de la résistance casamançaise à la présence coloniale, Aline Sitoé Diatta est célébrée par l’artiste au même titre que les cheminots grévistes du Dakar-Niger ou que les femmes Igbo qui se soulevèrent massivement contre la volonté de l’Empire britannique d’imposer un nouvel impôt. «L’histoire est un patrimoine à partager», explique Omar Victor Diop qui met en lumière dans Diaspora, des personnages noirs de l’histoire comme Ayuba Suleiman Diallo, né dans le Boundou et qui fut le premier à publier un récit d’esclave, Omar Ibn Saïd, un savant musulman originaire du Fouta Toro ou Jean Baptiste Belley, natif de Gorée et qui s’est retrouvé membre de la convention nationale et du Conseil des cinq cents de France. Ils sont mathématiciens, poètes, artistes, souverains ou gouverneurs de province en Inde. Sur chacune des photos, Omar Victor Diop tient un ballon ou un accessoire qui renvoie au football. «C’est pour montrer que nous contribuons, nous peuples noirs, à la marche du monde depuis toujours et ce discours insidieux qui nous ferait croire que nous sommes des spectateurs dans l’histoire du monde n’a pas lieu d’être.»