COMMENT SENGHOR FUT REMERCIÉ PAR LA FRANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le 20e anniversaire de la mort de l’enfant de Joal doit nous faire prendre conscience du fait que ces gens-là sont cruels et sans cœur, y compris vis-à-vis de ceux qui se prosternent devant eux
C’est peu dire que Léopold Sédar Senghor fit beaucoup pour la France, qu’il contribua au rayonnement de la langue française, qu’il était même opposé au départ des Africains du giron français. “Le carré France, croyez-nous, nous ne voulons pas le quitter. Nous y avons grandi et il y fait bon vivre. Nous voulons simplement, monsieur le ministre, mes chers collègues, y bâtir nos propres cases, qui élargiront et fortifieront en même temps le carré familial, ou plutôt l'hexagone France”, disait-il dans l’enceinte de l’Assemblée nationale française, le 29 janvier 1957 alors que Mamadou Dia était favorable à une rupture avec la France et préconisait “une mutation totale qui substitue à la société coloniale et à l’économie de traite une société libre et une économie de développement”.
Malgré cela, malgré tous les bons et loyaux services rendus à la France, malgré le fait qu’il avait épousé une fille de Normandie, les obsèques officielles du premier président du Sénégal, à Dakar le 29 décembre 2001, furent boycottées par Jacques Chirac et Lionel Jospin. Erik Orsenna est un des rares Français qui déplorèrent l’absence du chef de l’État et du Premier ministre français à ces obsèques. L’académicien et écrivain publia une tribune intitulée “J’ai honte” dans ‘Le Monde’ du 5 janvier 2002. Orsenna aurait dû ajouter : “ Nous, Français, avons été ingrats et méchants avec Senghor.”
Le 20e anniversaire de la mort de l’enfant de Joal doit nous faire prendre conscience du fait que ces gens-là sont cruels et sans cœur, y compris vis-à-vis de ceux qui se prosternent devant eux, qu’ils ne poursuivent que leurs intérêts, qu'il ne faut rien attendre de bon d’eux et que les autres pays africains doivent soutenir le Mali de Goïta et Maïga parce que c’est notre libération qui se joue aussi à Bamako.