AFFAIRE PHARMACIE DAKAROISE : LE SYNDICAT DES PHARMACIENS SONNE LA MOBILISATION !
Le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal recadre le ministre Abdoulaye Diouf Sarr coupable d’avoir déchiré l’arrêt de la Cour suprême au profit de Mme Baldé.
Par un abus de pouvoir caractérisé, le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr a abrogé l’arrêté ministériel datant de 1981 et qui autorisait l’installation de la pharmacie Dakaroise de Mme Aïcha Goundiam Mbodji à la place de l’Indépendance à Dakar. Ce qui revient pour le ministre à contourner l’arrêt de la Cour suprême ordonnant l’expulsion des lieux de Mme Aminata Gassama, épouse de l’ancien maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé. Contre l’expropriation d’un pharmacien au profit d’un autre, le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, à travers une circulaire, exprime son soutien total à Mme Mbodji et appelle tous les pharmaciens à la mobilisation pour des actions futures.
A travers une circulaire, le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal (Spps) sonne la mobilisation contre ce qu’il qualifie d’ « expropriation arbitraire d’un pharmacien au profit d’un autre ». Et exprime son soutien total à Mme Mbodji Aïcha Goundiam pour qu’elle soit rétablie dans ses droits. Comme l’avait révélé « Le Témoin » quotidien, la Cour suprême avait annulé l’arrêté du ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr qui autorisait Mme Aminata Gassama Baldé, patronne de la Pharmacie Nation, à transférer son officine à la Place de l’Indépendance à Dakar. Dès réception, le ministre de la Santé a tout bonnement déchiré l’arrêt de la Cour Suprême.
Pis, il a annulé voire abrogé purement et simplement l’autorisation datant de 1981 (41 ans) de Mme Aïcha Goundiam Mbodji propriétaire de la Pharmacie Dakaroise. Un triste état de fait qui a poussé le Syndicat des pharmaciens du Sénégal de monter au créneau ! « Ce, suite à la décision du ministre de la Santé d’abroger l’arrêté de Mme Aïcha Aïcha Goundiam Mbodji portant autorisation d’exploitation de son officine de pharmacie dénommée « Grande Pharmacie Dakaroise », sise Dakar-Plateau, 01 Place de l’Indépendance » a d’abord précisé Dr Assane Diop, président du Spps. Il rappelle que cette décision a été prise le 11 février 2022 sur la base d’une note de présentation du directeur de la Pharmacie et du Médicament (Dpm). « Et la notification à l’intéressée par ce dernier est faite un mois après, le 08 mars 2022 précisément. Ce qui est surprenant, c’est que le même directeur lui demande, dans sa note d’information, de déposer un dossier de demande de transfert, alors que l’arrêté portant autorisation d’exploitation de son officine est abrogé un mois auparavant, sans parler des conséquences de droit d’une telle décision ! » poursuit Dr Assane Diop.
En d’autres termes, explique-t-il, le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr a annulé l’arrêté d’exploitation de la « Grande Pharmacie Dakaroise » et un mois après le directeur de la Pharmacie vient demander à la victime de déposer un dossier de transfert. « Quelle incohérence !
Pour rappel, en 2020, la Direction de la Pharmacie et du Médicament (Dpm) avait pris la décision illégale d’instruire un dossier de transfert de la Pharmacie Nation sur le site appartenant à la Grande Pharmacie Dakaroise depuis 1953, en violation des dispositions relatives aux conditions de création et de transfert des officines » a rappelé le président du Syndicat des pharmaciens à l’endroit de ses camarades.
A l’en croire, cette décision a été prise malgré tous les efforts effectués par Mme Mbodji pour informer les autorités concernées de son transfert provisoire et de son intention de rejoindre son site dès la fin des travaux de rénovation de l’ex-hôtel Indépendance.
Une expropriation arbitraire ! Justement, sur cette question, Dr Assane Diop a souligné que la concernée avait d’ailleurs attaqué cet arrêté devant la Chambre Administrative de la Cour Suprême qui a tranché en sa faveur (arrêt n° 51 du 25 novembre 2021) en annulant l’arrêté du ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr portant autorisation de transfert de la Pharmacie Nation au rez de chaussée de l’Hôtel Indépendance. « Elle a aussi attaqué le contrat de bail établi par l’Ipres au profit de la Pharmacie Nation devant la chambre administrative du Tribunal du Commerce. Cette procédure est toujours en cours et a fait l’objet de sept renvois depuis le mois de Juin 2021. Aux dernières nouvelles, cette affaire a été évoquée le 03 mars 2022 à l’audience de la deuxième chambre du Tribunal de commerce Hors Classe de Dakar et renvoyée au 31 mars 2022 » peut-on lire dans la circulaire du président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal dont « Le Témoin » a obtenu copie.
Toujours est-il qu’entres autres raisons ayant motivé l’assignation en annulation dudit contrat de bail, le président des pharmaciens estime que celui-ci est établi en violation des dispositions de l’article 127 de l’Acte Uniforme de l’Ohada qui fait bénéficier à l’ancienne occupante d’un droit de priorité pour se voir attribuer un nouveau bail dans l’immeuble reconstruit, d’autant que la demande de reprise des locaux par elle-même (Mme Mbodji) avait été déjà entérinée et agréée par le bailleur. « Tout ceci relève que l’objectif ultime de la démarche de la Direction de la Pharmacie et du ministère de la Santé est d’exproprier un pharmacien au profit d’un autre » a dénoncé Dr Assane Diop deux semaines après la décision du ministre Abdoulaye Diouf Sarr annulant l’autorisation de Mme Aïcha Goundiam Mbodji. Une pauvre dame à laquelle pourtant la Cour suprême, plus haute juridiction de notre pays, avait donné raison.
Tous les pharmaciens sont d’égale dignité…
Devant ce qu’il qualifie de décision à coloration politique, le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal rappelle et insiste sur le fait que tous les pharmaciens sont d’égale dignité et que, par conséquent, ils méritent tous le même traitement. « Cette décision est d’autant plus déplorable qu’elle foule aux pieds les lois et règlements et viole les principes de l’éthique et de la déontologie » se désole M. Assane Diop, son président, avant d’évoquer le Code de déontologie des pharmaciens. Lequel dispose en son article 39 que « Tous les pharmaciens inscrits à l’Ordre se doivent mutuellement aide et assistance pour l’accomplissement de leurs devoirs professionnels. En toutes circonstances, ils doivent faire preuve de loyauté les uns envers les autres et de solidarité ».
En tout cas, le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal estime qu’au lieu de sanctionner la victime (Mme Mbodj est victime d’une injustice de la part de son bailleur), les autorités de la profession et tous ses membres devraient plutôt l’aider à réintégrer le local qui a abrité sa pharmacie depuis 1953 et légalement confirmé par un arrêté ministériel datant de 1981. « Le Syndicat des pharmaciens en appelle à la responsabilité du ministre de la Santé et l’Action sociale, du directeur de la Pharmacie et du Médicament et du Président de l’Ordre des pharmaciens pour que Mme Mbodji soit rétablie dans ses droits. Le Syndicat des pharmaciens exprime son soutien total à Mme Mbodji et usera de tous les moyens à sa disposition pour que force reste à la loi. Il appelle pour cela tous les pharmaciens à la mobilisation pour les actions futures » a ainsi alerté Dr Assane Diop, président du Ssp.