MACKY SALL-MIMI TOURÉ, CHRONIQUE DE RELATIONS HEURTEES
Faut-il le rappeler, les relations entre Macky Sall et son ancienne cheffe du gouvernement ont toujours été en dents de scie.

Battue dans son bureau de vote à Kaolack, Mimi Touré, la tête de liste de Bby, se voyait déjà comme la première femme à diriger l’Assemblée nationale. Seulement, le Président Macky Sall a décidé de faire confiance à Amadou Mame Diop pour le Perchoir et Oumar Youm pour la présidence du groupe parlementaire de Benno bokk yaakaar. Une situation vécue comme une trahison par Mimi Touré, qui s’est indignée de ce choix dans la presse.
Faut-il le rappeler, les relations entre Macky Sall et son ancienne cheffe du gouvernement ont toujours été en dents de scie. En effet, figure de la traque des biens supposés mal acquis, Mimi est récompensée par Macky Sall qui fait d’elle sa Première ministre en succédant à Abdoul Mbaye. Elle fera 10 mois à la Primature avant de céder la place à Mahammed Boun Abdallah Dionne. Ainsi, de juillet 2013 à mai 2019, elle sera mise au placard à cause de sa défaite à Grand-Yoff aux Locales de 2014. En effet, revigorée par la traque des biens supposés mal acquis, Mimi Touré avait imposé son autorité comme Première ministre. Un caractère qui a fini de lui faire des ennemis, au sein même de son parti.
Malgré ces faits, Macky Sall, qui lorgne le fauteuil de Khalifa Sall, alors maire sortant de Dakar, a misé sur l’aura de la dame de fer. Un pari risqué que Mimi Touré a accepté. Seulement, elle n’avait pas calculé les conséquences d’une défaite à Dakar. Battue par Khalifa Sall, elle ravale sa fierté et se fait rare. Entre temps, Macky Sall est passé à d’autres options, au point de l’oublier.
Aminata Touré aura besoin de faire un tapage médiatique pour se retrouver dans les bonnes grâces de Macky. Une critique acerbe de la place des alliés au sein de la mouvance présidentielle lui ouvre les portes du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Mais ce ne sera que de courte durée. Macky Sall, qui a convaincu Idrissa Seck, classé deuxième à la Présidentielle de 2019, n’a pas hésité à limoger sa camarade de parti pour faire de la place à son nouvel allié. Une situation que Mimi Touré a mal digérée. Elle ne se préoccupe de suivre la ligne de son parti. Pour elle, Macky Sall en est à son dernier mandat et ne peut briguer un troisième en 2024. Et elle le fait savoir à qui veut l’entendre alors que Macky Sall avait clairement ordonné à ses proches de ne plus s’épancher sur ce sujet.
Mme Touré multiplie les sorties médiatiques et défend sa position, qui est à l’opposé de la ligne de l’Apr. Au moment de passer le témoin à son successeur au Cese, elle refuse de prononcer le nom de Macky Sall en signe de désapprobation. La suite se passe de commentaire.
Des bonnes volontés vont réussir par la suite à recoller les morceaux entre Macky Sall et son ancienne cheffe du gouvernement. Le président de la coalition Bby a fait d’elle la tête de liste de son camp pour les Législatives du 31 juillet passé. Elle a sillonné le Sénégal et réussi à avoir plus d’un million 500 mille voix. Seulement, elle ne se retrouve qu’avec 82 députés sur les 165. Une «défaite» qu’elle assimile à une victoire au point de réclamer le Perchoir. Cette fois, le divorce semble consommé. La cadence de rupture semble s’être trop accélérée pour Mimi Touré qui «ne va pas démissionner de son poste de députée». Menace ou manœuvre politique pour s’imposer encore comme Première ministre ? La question va être vidée dans les semaines à venir.