VIDEOLE TROISIÈME MANDAT EST IMPOSSIBLE
Aminata Touré a indiqué ce dimanche 25 septembre que son opposition à une nouvelle candidature de Macky à la présidentielle lui a coûté le perchoir. La députée à l'Assemblée nationale a par ailleurs annoncé son départ du groupe parlementaire de BBY
C'est une Aminata Touré très offensive qui s'est présentée à la presse ce dimanche 25 septembre. Celle que l'opinion surnomme affectueusement "Mimi" a notamment indiqué que son opposition à une troisième candidature de Macky Sall à la présidentielle de 2024 lui a coûté le perchoir. Le poste a en effet été attribué à Amadou Mame Diop le 12 septembre dernier au terme d'une élection chaotique.
"Chaque fois qu'il s'agit de Mimi, c'est un cas spécial. La politique ce n'est pas la ruse, ce n'est pas l'abus de confiance, ce n'est pas la préférence familiale", a-t-elle martelé précisant que son opposition au président de la République n'est pas une histoire de postes.
L'ancienne cheffe du gouvernement affirme qu'un troisième mandat est impossible pour Macky Sall à la fois juridiquement et moralement. La députée élue sous la bannière de BBY a également annoncé sa démission de ce groupe parlementaire de la majorité.
Ci-dessous l'intégralité de sa déclaration :
"Mesdames, Messieurs les journalistes
Je voudrais vous remercier pour votre déplacement. Je voudrais vous entretenir de l'actualité nationale et des perspectives politiques.
Tout d'abord, je voudrais rétablir une bonne fois pour toute un certain nombre de faits concernant la présidence de la 14ème législature de notre Assemblée nationale car j'ai entendu beaucoup d'informations qui n'ont rien à voir avec la réalité des faits. Tout d'abord, je voudrais publiquement remercier tous les membres de la délégation de campagne qui ont sillonné le pays avec moi, y compris les chauffeurs et la sécurité et aussi les populations qui nous ont accueilli partout. Ce fut un très dur parcours de 5175 km pendant 21 jours sous la chaleur hivernale, la pluie, la faim, les très longues journées et les très courtes nuits.
En dix ans, je vous ai rencontré de nombreuses fois, vous les journalistes, vous ne m'avez jamais entendu publiquement parler de mes relations avec le Président Macky Sall dont je ne renierai jamais le bilan matériel pour l'avoir défendu partout.
Mais permettez-moi aujourd'hui d'expliquer ce qui s'est passé et je ne reviendrai plus sur la question.
La première chose à dire, c'est qu'il aurait été impossible pour moi comme politicienne d'expérience de n'avoir pas trouvé un accord préalable avec le Président Macky Sall sur le poste de Président de l'Assemblée nationale avant de m'engager à coordonner le parrainage qui a duré des semaines et ensuite faire le tour du pays pour la campagne des législatives. Nous avons toujours
discuté de ces questions bien à l'avance notamment lors qu'il me nommait Présidente du CESE. Nous en avions convenu deux mois à l'avance. Pour ce qui concerne la présidence de l'Assemblée nationale. Lui le président Macky Sall sait très bien que nous avions un accord ferme, de hautes personnalités de ce pays que je ne citerais pas ici peuvent en témoigner car il le leur a dit bien à l'avance.
Le 12 septembre, à exactement 9H26, le président Macky Sall m'a appelé pour me dire qu'il a finalement changé d'avis exactement 17 minutes avant l'arrivée de ses émissaires à l'Assemblée nationale venus annoncer le nom de son candidat. Le président Macky Sall sait très bien que cela s'est passé exactement comme je le dis. Heureusement que j'ai le cœur solidement accroché, Dieu merci ! Voilà ce qui s'est passé alors que je pense lui avoir offert tout mon engagement, ma loyauté pendant plus de 10 ans en dépit des nombreuses injustices qu'il m'a fait lui-même subir, sans réelles raisons objectives.
Ces situations, je les mettais sur le compte des aléas de la vie politique et je devais assumer mon choix de vie, celui de l'accompagner dans la construction du Sénégal. Étais-je naïve ? Non. C’est un choix de vie. Celui de s'engager pour le développement de mon pays, choix qui vient avec des inconvénients et parfois de la souffrance mais c’est un bon choix car il nu a pas plus grande satisfaction personnelle que de participer à faire avancer son pays. C'est en tout cas ce en quoi je crois.
J'ai d'ailleurs régulièrement eu le choix de partir travailler à l'étranger avec les nombreuses offres de poste de haut niveau à l'ONU, la dernière en date c'était un mois avant les élections législatives de juillet dernier. J’en ai toujours informé le président Macky Sall.
Mesdames, Messieurs les journalistes,
Je voudrais bien me faire comprendre. Ce n'est pas une histoire de poste encore moins de privilège. Autrement je ne serais pas ici à vous parler. J’aurais ensuite pu dire oui aux propositions de poste que le président Macky Sall a envoyées ses émissaires me faire nuitamment.
Parlant de poste et privilège, je voudrais rappeler que c'est comme fonctionnaire international en poste à New York où je dirigeais le département Droits Humain et Genre du Fonds des Nations Unies pour la Population que j'ai pris contact avec le candidat Macky Sall pour l'accompagner politiquement alors qu'il n'avait aucune fonction, il n'avait rien à offrir, il était dans l'opposition avec aucune certitude de devenir Président de la République. C'est l'occasion d'avoir une pensée pieuse pour Alioune Badara Cissé qui nous a quitté il y'a juste un an. Que Allah veille sur lui au Paradis parmi les Valeureux. C'était un patriote sincère et engagé. J'ai aussi une pensée affectueuse pour tous ces milliers de militants sincères et les nombreux responsables de 2012 qui se demandent quel est le sens de leur engagement quand ceux contre qui ils s'opposaient en 2012 deviennent les choisis et choyés d'aujourd'hui.
Je considère qu'il est plus que temps qu'on remette de l'éthique dans la politique. La politique ce n'est pas la ruse, l'abus de confiance et la préférence familiale. La politique peut et même doit s'accompagner de valeurs humaines, d'éthique et surtout de respect de la parole donnée et par-dessus tout du respect de nos lois et règlements
Ce qui me permet de faire la transition sur la question centrale qui, au fond, est à l'origine de tout ceci : la question du troisième mandat impossible, impossible juridiquement, impossible moralement.
Mesdames, Messieurs les Journalistes, je me serais dédite moralement en théorisant haut et fort la possibilité du 3eme mandat du président Macky Sall que je serais à cette heure-ci entrain de vous offrir un cocktail de bienvenue comme Présidente de l'Assemblée nationale. Comment alors aurais-je pu me regarder dans la glace ? Comment aurais-je pu regarder mes enfants dans les yeux ? Comment aurais-je pu regarder les sénégalais dans les yeux ?
En 2011, je me suis engagée auprès du candidat Macky Sall pour lutter contre le troisième mandat du président Abdoulaye Wade, ce qui nous a couté 11 morts dont l'étudiant Mamadou Diop écrasé sous nos yeux par un char lors de la manifestation du M23 du 31 janvier 2012. Comme directeur du cabinet de campagne du candidat Macky Sall, j'avais moi-même saisi le Conseil des Droits de l'Homme de Genève.
Comment 10 ans après, des acteurs politiques qui se sont battus contre le 3ème mandat du Président Abdoulaye Wade osent évoquer l'idée d'un troisième mandat du président Macky Sall ? Ce que les sénégalais n’avaient pas accepté il y a 10 ans. Comment peut-on imaginer une seule seconde qu’ils l'accepteraient en 2024 ?
Comme nous le savons tous. Le référendum de 2016 proposé par le président Macky Sall a définitivement réglé la question des mandats. Comme l'a répété trois fois dans une vidéo célèbre le Professeur de Droit Constitutionnel et actuel ministre de la Justice Ismaila Madior Fall : * Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ». Le Président Macky Sall lui-même l'a dit à moult reprises sur toutes les chaines de télévision du Sénégal et du monde. Comme président de l'Union Afrique, le président Macky Sall a l'obligation de donner l'exemple à l'Afrique.
Le président Macky Sall a l'obligation de respecter la Constitution à la lettre. Le président Macky Sall à l'obligation de respecter sa parole. Le Président Macky Sall a l'obligation de respecter le peuple sénégalais et même les peuples africains qui souffrent trop souvent de l'instabilité politique due au seul Fait que leurs dirigeants s'accrochent au pouvoir. Le président Buhari du Nigéria, dans son discours à l'Assemblée générale des Nations Unies de cette semaine. a eu raison de mettre en garde les chefs d'État qui manipulent leur Constitution pour rester au pouvoir créant ainsi morts et désolation dans leur pays.
Mesdames, Messieurs les Journalistes
Dès ce soir le CS2i (le Comité Spécial d'Insultes et d'Invectives) mis en place par de soi-disant faucons du Palais va se déchainer mais c'est peine perdue. Rien ne saurait nous intimider ou nous faire reculer et les sénégalais apprécieront.
Dans exactement 15 mois. Le président Macky Sall quittera le pouvoir, j'espère dans la paix et la sérénité car il ne sera pas acceptable que des vies soient perdues. Des personnes blessées ou des biens endommagés dans une tentative de 3ème mandat juridiquement et moralement impossible. Ensuite, le travail que le président Macky Sall a accompli à la tête du pays sera poursuivi par celle ou celui que les sénégalais se seront choisis librement pour présider aux destinées de notre cher pays.
Un de vos collègues journaliste disait que je pensais à 2024 chaque fois que j'attachais mon foulard devant la glace. Laissez-moi vous dire que oui, j'y pense ! J'y pense encore plus intensément, j'y pense très sérieusement. J'irais au préalable à la rencontre des sénégalais et des sénégalaises recueillir leurs avis et leur soutien. Donc, je vous reviendrais très prochainement sur la question. Après tout, ce sont eux, les sénégalais et les sénégalaises qui décident et Dieu bien évidemment.
Je voudrais terminer en vous disant que je compte rester député à l'Assemblée nationale pour défendre les intérêts exclusifs du Peuple sénégalais et en toute liberté. Ainsi, en vertu de l'article 22 du Règlement intérieur de l'Assemblée nationale qui stipule « Les modifications apportées à la composition d'un groupe (parlementaire) seront portées à la connaissance du Président de l'Assemblée nationale, sous la signature du député intéressé s'il s'agit d'une démission ».
J'adresserai donc dès demain une lettre au président de l'Assemblée nationale pour l'informer que je me libère du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar pour devenir député non-inscrit. Après le C2i. le CMHA (Comité Mimi hors de l'Assemblée) va se mettre activement en action mais juridiquement rien. Je dis bien rien, ne peut m'exclure de l'Assemblée nationale où j'aurais l'honneur de représenter nos concitoyens.
Mesdames, Messieurs les journalistes, chers amis venus assister à ce point de presse je vous remercie pour votre attention et vous donne rendez-vous très prochainement."