ON NE PEUT PAS ÊTRE UN HUMANISTE ET ÊTRE OBLIGÉ DE SANCTIONNER
Né le 28 septembre 1945 à Saint-Louis, écrivain dramaturge, poète, romancier, scénariste, le monde de la Culture a rendu un vibrant hommage au Président Alioune Badara Bèye. Ce après ses 50 ans de présence culturelle au Sénégal, en Afrique...
Né le 28 septembre 1945 à Saint-Louis, écrivain, dramaturge, poète, romancier, scénariste, le monde de la Culture a rendu un vibrant hommage au Président Alioune Badara Bèye. Ce, après ses 50 ans de présence culturelle au Sénégal, en Afrique et dans le monde
Le jeudi 29 septembre dernier au siège des écrivains du Sénégal, le monde littéraire et sportif a rendu un vibrant hommage à Alioune Badara Bèye, après 50 ans de productions littéraires, artistiques et audiovisuelles. Marin, sportif, douanier, contrôleur économique, l’auteur du « Sacre du Ceedo » a sillonné le Sénégal pendant plus de cinq décennies. Passionné d’histoire, il se lance dans l’écriture des pièces historiques, les épopées, les figures royales, les héros emblématiques l’inspirent. Dans un entretien accordé au magazine culturel « Patrimoine », il est revenu sur son parcours et a livré ses impressions sur la littérature, entre autres sujets. Selon lui, il a démarré d’abord par la marine française parce que c’était le vœu de son père. « Il voulait que j’intègre l’armée. J’étais presque forcé de faire des concours », confie-t-il. Ce qui fait qu’il est admis la première fois, à l’entrée en sixième à l’école militaire. Avant de faire après le concours d’entrée à la marine.
D’après le dramaturge, c’est son père même qui a amené le dossier. « J’ai fait le concours très difficile à cette l’époque où il y avait 600 candidats. Les 6 premiers devraient aller à Toulon et les 6 autres à Brest. C’est ainsi que je suis rentré dans la marine française », se souvient-il. Mais cela ne sera que de courte durée, puisqu’au bout de quelques années, il est revenu pour compléter sa carrière dans la marine sénégalaise. « Donc, je me suis dit que j’ai exaucé le vœu de mon père. Maintenant, je suis libre », note-t-il. Par la suite, il est sorti de la marine pour intégrer la brigade de la Douane. Malheureusement, entre temps, il y avait une réforme de la Douane qui était maintenant militarisée. « A cet effet, les civils seront des douaniers avec la tenue et des galons. Mais, à la Douane, je me sentais très étroit parce qu’on ne peut pas être un humaniste et être obligé de sanctionner, d’emprisonner. Comme dans un corps militaire et paramilitaire, on nous interdit d’écrire. Ainsi, j’ai décidé de quitter l’armée et de choisir la culture, la plume », relate M. Bèye.
Les raisons qui l’ont poussé à écrire
Ce qui l’a poussé à écrire, soutient Alioune Badara Bèye, c’est l’amour des Lettres. « J’ai toujours eu des instituteurs qui aimaient les Lettres. Comme Faye Aimé, Fodé Sakho, Chérif Fall. Ils aimaient vraiment l’histoire et le français. C’est eux qui m’ont vraiment poussé en écoutant l’histoire du Sénégal », a-t-il indiqué. C’est la raison pour laquelle toutes ses premières pièces ont été des pièces historiques. (…) Son modèle d’écrivain était Amadou Cissé Dia, l’auteur de « Les derniers jours de Lat-Dior ». « En 1966, à la sortie du Festival mondial des arts nègres (Fesman), j’ai vu sa pièce au stade Demba Diop. J’ai dit : ‘’Je serai Cissé Dia ou comme Chateaubriand’’. Ainsi, je me suis intéressé à la littérature historique », renseigne-t-il avec la même source. Avant de préciser qu’il a eu un peu de chance. « Parce que quand j’ai écrit ma première pièce le Sacre du Ceddo, elle a été primée au concours théâtral interafricain, donc diffusée dans les télévisions francophones. Mais, il a commencé par la poésie avec Calmy, une évocation poétique diffusée à la chaine de Radio Sénégal en 1972 par Majib Sène. Celle-ci avait gagné, la même année, le disque d’or », raconte M. Bèye.
La percée des femmes écrivaines
L’écrivain estime qu’il y a une percée des femmes écrivaines. « Sur ce plan, d’ailleurs, la dernière illustration, Rahmatou Seck Samb a gagné le dernier Grand Prix du Président pour les Lettres. Actuellement, je vois beaucoup de femmes qui sortent des œuvres de qualité », se réjouit-il avant de reconnaître que la concurrence est difficile. « Nous, quand nous avons commencé, c’était plus difficile, même si on avait des Léopold Sédar Senghor, Ousmane Sembène, Amadou Cissé Dia. Avec tous ces grands, quand j’ai écrit ma première pièce, on me demandait qu’est-ce que je pouvais écrire », a-t-il souligné.