UN DÉLIT DE TRAFIC D’INFLUENCE
50 MILLIONS DE FRANCS CFA PERÇUS PAR YOUSSOU NDOUR POUR ORGANISER BERCY - PAR SALIOU GUEYE DE SENEPLUS
Lors du lancement de la saison touristique, l’hôtelier Mamadou Racine Sy a fait une révélation qui a provoqué un véritable séisme. C’est un véritable scandale d’autant plus que le budget du Fonds de promotion économique de la présente année n’a pas été voté, selon Racine Sy, du fait des divergences notées entre l’alors ministre du Tourisme, Youssou Ndour, et les professionnels dudit secteur. Nonobstant cet aspect rédhibitoire, l’ex-patron du département du Tourisme a bénéficié indûment de 50 millions de francs CFA venant du Fonds de promotion économique pour financer son Bercy 2013. C’est cela qu’on appelle se servir et non pas servir.
Ce qui est gênant dans cette affaire, c’est que la décision a été prise alors que Youssou Ndour était encore patron du département du Tourisme avec tout ce que cela peut comporter comme trafic d’influence. Le décaissement s’est fait sans l’aval du Comité de gestion. Le seul décideur, c’est la secrétaire exécutive, Dieynaba Ndiaye Amar dont le patron fut Youssou Ndour. Cette dernière s’empêtrant dans ses explications filandreuses non convaincantes, tente vainement de brandir l’autonomie du Fonds pour s’adonner à de telles exactions.
Comment est-il possible que l’alors ministre du Tourisme ait pu s’auto-attribuer des passe-droits financiers par l’entremise de la secrétaire exécutive sans l’aval du conseil de gestion du Fonds ? Comment est-il possible que la secrétaire exécutive ait eu la hardiesse de tout soustraire irrégulièrement 50 millions de francs CFA d’un budget qui a fait l’objet d’une discorde entre l’ex-ministre de tutelle et les professionnels du Tourisme. L’organisation des concerts comme Bercy ne promeut aucunement le tourisme sénégalais mais promeut le « yokkute » d’une personne.
Par conséquent une telle procédure de décaissement basée sur une mensongère autonomie du Fonds pour se permettre toutes les illégalités n’est, in fine, qu’un détournement ingénieux de deniers publics. D’ailleurs des sources proches du ministère du Tourisme renseignent que la somme décaissée n’a pas été versée intégralement pour le concert de Bercy. Mais que des quotes-parts substantiels seraient perçus par des tierces personnes qui gravitent autour des fonds décaissés pour accompagner Bercy. C’est une véritable opération de prédation à grande échelle de deniers publics qui n’a rien à envier aux biens mal acquis.
De telles pratiques nébuleuses déparent le principe de la transparence et l’éthique de la bonne gouvernance. Il est éthiquement inadmissible voire révulsant qu’un responsable ayant dirigé un ministère puisse bénéficier d’une aide financière en provenance d’un Fonds logé par le département dont il est le patron. Si Youssou Ndour a bénéficié de ce passe-droit pécuniaire pour amortir les charges afférentes à l’organisation de la grand-messe musicale de Bercy, c’est grâce à sa position de pouvoir d’ex-patron du ministère du Tourisme sous l’ère du Premier ministre Abdoul Mbaye. Si le patron du Super Etoile a bénéficié d’une somme aussi faramineuse, les autres musiciens voire artistes sénégalais doivent valablement et à bon droit revendiquer une aide de ce Fonds de promotion économique.
Au lieu de participer à la revitalisation du secteur touristique qui languit voire s’alanguit, You comme une sangsue participe à sa mise à mort. Certainement le fait qu’il était à la tête du ministère du Tourisme a pesé sur le décaissement illégal de ces fonds. C’est un délit de trafic d’influence. Les sommes décaissées ne peuvent pas se justifier d’autant que le concert de Bercy n’est pas destiné à promouvoir le tourisme sénégalais mais à remplir les poches d’un ministre conseiller, leader d’un orchestre en hibernation depuis son entrée dans le gouvernement en mars 2012.
D’ailleurs son passage au ministère du Tourisme a été une véritable catastrophe puisqu’il n’a pas réussi à donner un coup d’arrêt à la chute drastique du nombre de touristes visitant notre pays et à revitaliser ledit secteur tombé dans un coma profond depuis presque une décennie. Lui, qui pensait vendre la destination Sénégal avec son aura planétaire d’artiste, a lamentablement échoué au département du Tourisme. En confondant sa dimension d’artiste et sa capacité à manager un ministère, You s’est emmêlé les pinceaux. Le nombre d’acteurs touristiques qui réclamait sa tête pour cause d’incompétence ne cessait d’accroitre.
Le seul acte remarquable qui ait marqué son passage au tourisme, c’est le bras de fer mal engagé contre le repreneur de King Fahd Palace, Mamadou Racine Sy, à propos d’un nouvel appel d’offre sur l’exploitation du King Fahd Palace. Ce dernier peut savourer sa victoire en dénonçant les millions perçus illégalement par celui qui a failli lui priver l’exploitation du complexe hôtelier qu’il dirige aujourd’hui. Maintenant l’ex-ministre du Tourisme, qui continue à exercer dans le cercle présidentiel, doit s’expliquer sur la légalité d’une telle procédure de décaissement d’une somme qui a servi à fructifier un intérêt privé alors qu’il devrait contribuer à la relance d’un secteur public en agonie.