«NOTRE ECOLE EST UN ILOT EDUCATIF IMPORTE»
Devenu plus visible sur le plan intellectuel depuis son divorce d’avec le régime de Macky Sall, le Pr Mary Teuw Niane ne cesse de demander dans ses écrits et ses prises de parole une refonte du système éducatif.

L'ancien ministre de l'Enseignement Supérieur Mary Teuw Niane a pointé du doigt la désarticulation du système éducatif sénégalais. Profitant d'un panel de la deuxième édition de l'Académie citoyenne organisée par le Pastef, il a soutenu que l'école est un îlot éducatif importé.
Devenu plus visible sur le plan intellectuel depuis son divorce d’avec le régime de Macky Sall, le Pr Mary Teuw Niane ne cesse de demander dans ses écrits et ses prises de parole une refonte du système éducatif. Lors de son intervention samedi dernier, à l'occasion de la deuxième édition de l'Académie citoyenne organisée par le Mouvement des Cadres du Pastef, l'universitaire est encore revenu sur cette nécessité. «Notre système éducatif, du préscolaire au secondaire, n'est ni l'émanation de notre tradition, ni de nos cultures et de nos religions. Il n'est pas promoteur des valeurs humaines et morales qui sont les fondements des relations humaines et de l'interaction», soutient-il avec désolation avant d’ajouter que l'école de manière générale est un îlot éducatif importé. Malgré de multiples réformes menées au Sénégal depuis la colonisation, se désolet-il, celles-ci n'ont jamais osé toucher les fondements de ce système et de «cette école diffuseuse d'une culture qui n'est pas celle des Sénégalais.
Particulièrement destructrice de nos meilleures valeurs et incapable de promouvoir la science et la technologie, elle n'est pas capable, avec la famille etla société, de façonner le nouveau type de citoyen voulu». Par conséquent, Pr Niane insiste sur la nécessité d'une réforme en profondeur. «Il faudra sans aucun doute revenir sur le principe de la laïcité tel qu'il est gravé dans notre Constitution », a-t-il prôné devantles cadres du Pastef et d’éminents chercheurs qui dénoncent ''l'absurdité de la posture sénégalaise'' sur cette question.Dans la foulée, iltrouve que les choses doivent changer, et l'école sénégalaise doit faire preuve de courage. «Nos meilleures cultures et valeurs doivent être au cœur de notre projet éducatif », dit-il avant d'affirmer :''Le nouveau type de citoyen, c'estle citoyen enraciné dans ses valeurs, sa culture, sa civilisation, sa religion, imbu sur ce qui fait un Etat de droit, ouvert sur la connaissance».
Abondant dans le même sens, le chercheur en philosophie vivant au Canada, Etienne Yatt, estime que le fait de vouloir écarter le facteur religieux dans l'éducation des citoyens, c'est se priver gravement d'une dimension qui peut peut-être structurante. «La dimension religieuse est quelque chose de structurant de l'entendement. Et même si ce n'est pas érigé dans la Constitution, cela domine l'entendement de ceux qui sont chargés de vivre sous l'autorité de la constitution». Dr Yatt qui note en outre que c'est une richesse dont le Sénégal ne devrait pas se priver. Combien, selon lui, cette dimension métaphysique des religieux peut être utilisée pour éclairer la condition existentielle ! ''On a tendance à vouloir imiter l'Occident qui est pourtant aujourd'hui dans l'obligation de revenir sur ces paradigmes religieux, non pas au sens confessionnel mais au sens d'axe éthique'', rappelle Dr Yatt dans son intervention.