LE DÉFI DU NIANTHIO
Sa mise au point musclée, qui a laissé des traces visibles sur le visage de celui qui avait osé s’en prendre même verbalement à lui, est la preuve qu’il a du caractère. Et qu’il sait se faire respecter (peut-être maladroitement sur ce coup-ci)
Une scène de vestiaires, comme il s’en passe souvent dans les vestiaires ou même sur les terrains d’entraînement voire de compétition, qui a pourtant fini par devenir un sujet traité de mille manières, décortiqué sous tous les angles, amplifié jusqu’aux confins de la Planète Foot ! Presque normal du fait de la personnalité des protagonistes qui ont joué les prolongations d’un goût douteux en privé (?) après leur prise de bec en mondovision. Mais puisque le vestiaire du Bayern n’est plus privé que de nom (vu les « fuites » qui auraient entraîné le limogeage de Nagelsmann, l’ancien entraîneur), l’affaire a éclaté au grand jour et a été étalée à la une de bien des journaux à travers le monde.
C’est que, pour que le « gendre idéal », calme et débonnaire voire timide, orfèvre du ballon rond avec ses pieds en fût réduit à user des poings, il a fallu qu’il fût outrageusement offensé. Ce qui ne l’excuse cependant que partiellement. Car, même s’il a été atteint dans sa dignité d’homme (noir) par les propos d’un coéquipier pas tout à fait blanc et quelque part originaire, lui aussi, en partie de la verte Casamance, il avait d’autres moyens de se faire justice. Certes, suite à sa blessure en championnat allemand en novembre qui l’avait privé de la Coupe du monde au Qatar, le transfuge de Liverpool tarde à retrouver totalement ses sensations. Mais, il n’y a rien de plus normal pour quelqu’un pas très habitué de l’infirmerie, qui n’évolue que très rarement sous ses nouvelles couleurs à son poste de prédilection et qui, en plus, a peut-être besoin de s’adapter à un nouveau championnat. Même si le football est un langage universel qu’il parle très bien d’ailleurs en temps normal.
Son défi, à notre « Nianthio » national, c’est de rebondir au plus vite et de prouver qu’il n’a pas été deux fois « Ballon d’Or » africain pour rien, qu’il ne peut pas être passé de héros à zéro juste pour avoir quitté l’Angleterre et débarqué en Allemagne. Sa mise au point musclée, qui a laissé des traces visibles sur le visage de celui qui avait osé s’en prendre même verbalement à lui, est la preuve qu’il a du caractère. Et qu’il sait se faire respecter (peut-être maladroitement sur ce coup-ci). Qu’il ait été l’agneau du sacrifice sur l’autel de la respectabilité du club bavarois – son antagoniste n’ayant nullement été sanctionné, là où lui l’a été plutôt sévèrement – ne doit point l’abattre. Mais, à l’inverse, le transcender et le pousser à retrouver le niveau qui en avait fait, la saison passée, le 2e meilleur joueur du monde derrière Benzema. Ou, au moins, à s’en approcher. Cela, pour l’intérêt du football dont il est l’un des plus brillants ambassadeurs ; pour son club aussi dont il doit contribuer à écrire les belles pages de son histoire ; et surtout pour son pays et ses compatriotes qui, « épaule contre épaule », lui ont manifesté leur soutien indéfectible et leur amour inconditionnel. Ses compatriotes qui comptent encore sur lui, pour conserver en janvier – février prochain en Côte d’Ivoire, le sceptre continental décroché de haute lutte il y a un peu plus d’un an au Cameroun.