LE DESTIN POLITIQUE DE MACKY SALL
L'ex-président, confronté aux accusations de "carnage financier" de son successeur, semble déterminé à reprendre les rênes de l'opposition. Ce retour, seulement huit mois après avoir quitté le pouvoir, soulève des questions sur ses véritables motivations
Macky Sall est face à son destin d’ancien président de la République dont la gestion a été décriée par l’actuel Premier ministre et président du parti Pastef, Ousmane Sonko. Qui parle de «carnage financier». Il va diriger la liste de sa coalition. Pourquoi l’ancien Président souhaite-t-il revenir dans l’arène politique, 8 mois seulement après son départ ? Tentative de réponse.
C’est ce que certains observateurs attendaient, et Macky Sall l’a officialisé ! L’ancien président de la République revient dans l’arène politique. Macky Sall l’a confirmé dans une lettre actant sa démission du Pacte de Paris pour les peuples et la planète où il était l’Envoye spécial depuis l’élection de Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
Si pour l’heure, Macky Sall souhaite éviter un «conflit d’intérêts» en rendant le tablier, des questions persistent quant au timing. En effet, presque 8 mois après avoir quitté le pouvoir, Macky Sall revient dans l’arène politique. Est-ce que ce retour n’a pas pour but de vider le contentieux l’opposant à son ancien Premier ministre et candidat à la dernière présidentielle, Amadou Ba. Qui avait été choisi pour être candidat de Benno bokk yaakaar (Bby) sans bénéficier du soutien qu’il devait recevoir de Macky Sall. L’ancien Président avait-il sciemment saboté la campagne de Amadou Ba pour revenir ensuite ?
En effet, si Amadou Ba avait été vainqueur de la présidentielle, Macky Sall serait beaucoup plus proche d’une retraite que d’un retour. En attendant d’y voir clair, Macky Sall n’est pas le premier Président ayant quitté le pouvoir à revenir pour «compétir» à la députation. Abdoulaye Wade qu’il avait remplacé à la tête du pays, l’avait fait. Le pape du Sopi avait réussi à décrocher une vingtaine de sièges. Pour Macky Sall, l’ambition est tout autre. En effet, avant la dissolution de l’Assemblée nationale, sa coalition avait réussi à avoir 82 députés pour la XIVème législature. Le ralliement de Pape Diop lui avait assuré le Perchoir. Macky Sall, en rêvant, va-t-il se contenter d’une vingtaine de députés ? La réponse est non, sans risque de se tromper.
Avec le «carnage financier» que Ousmane Sonko a annoncé et probablement des poursuites judiciaires qui vont en découler, l’ancien président de la République cherche-t-il une protection en concourant à la députation ? En effet, étant un ancien chef d’Etat, il ne peut être jugé que par la Haute cour de justice que la future Assemblée nationale doit installer.
En contrôlant la Chambre parlementaire, l’ancien président de la République aura son destin en main. Le contrôle de l’Assemblée nationale n’aura pas que des relents judiciaires. En effet, il peut être un tremplin pour Macky Sall pour la présidentielle de 2029. Faire désavouer le duo Sonko-Diomaye, 8 mois seulement après leur arrivée au pouvoir, serait une sacrée prouesse que la bête politique Macky Sall ne manquera pas de capitaliser. Mais 2029 est encore loin.
Macky Sall devra régler son différend avec Amadou Ba. Avec près de 35% des voix lors de la dernière Présidentielle, Amadou Ba a montré ses capacités et ce, malgré le sabotage dont il a été victime. Il a récupéré le Ps et l’Afp, en plus d’une trentaine de partis et mouvements politiques de Bby. Quel sera, alors, le poids électoral de Macky Sall ? Cette question va être plus que scrutée, car le duel que l’ancien président de la République n’a jamais voulu aura probablement lieu. Si Ousmane Sonko devient la tête de liste de Pastef, il va faire face à Macky Sall. Mais cette fois-ci, les rôles vont être inversés. Sonko aura avec lui toute la puissance du pouvoir et Macky devra probablement compter sur une intercoalition pour espérer avoir une chance.