NI OUI NI NON, DE WADE À MACKY
L’histoire est-elle encore entrain de se répéter? En Afrique les fins de mandat sont toujours problématiques. En 2011, vers la fin de son 2ème mandat, Maitre Abdoulaye Wade Président du Sénégal d’alors était englué dans un dilemme cornélien.
L’histoire est-elle encore entrain de se répéter ? En Afrique les fins de mandat sont toujours problématiques. En 2011, vers la fin de son 2ème mandat, Maitre Abdoulaye Wade Président de la République du Sénégal d’alors était englué dans un dilemme cornélien. Si sa volonté de briguer un 3ème mandat était clairement affirmée malgré qu’il ait déclaré s’en limiter à deux quelques années plus tôt, le flou persistait sur les intentions prêtées à lui de vouloir procéder à une dévolution monarchique du pouvoir.
Le refus de trancher cette question par une déclaration solennelle mettant fin aux rumeurs persistantes savamment entretenues par l’opposition de l’époque sur cette question, a balisé le chemin d’une deuxième alternance dès 2012. En effet, la conjonction de la perspective d’un 3ème mandat et d’une dévolution monarchique du pouvoir a amplifié la radicalisation, puis l’élargissement du front anti Wade qui a fini par avoir gain de cause.
Le Président Macky Sall semble prendre la même voie, mais en sens inverse. Car si sa volonté est très clairement exprimée de vouloir continuer à mener à bon port la barque Benno Bokk Yakaar (BBY), le doute persiste encore sur sa décision de postuler à un 3ème mandat.
Entretenir le suspense sur une question aussi cruciale peut être fatal… Me Wade l’a appris à ses dépens
Pour l’un comme pour l’autre, le fait d’entretenir abusivement le suspense sur une question aussi cruciale pour les populations peut être fatal. Une arme politique aussi vitale que "le doute" se manie avec beaucoup de précautions. Autant elle te permet d’avoir les cartes en mains, autant elle peut se révéler comme un piège. En tirant trop sur la ficelle, Maitre A. Wade l’a appris à ses dépens en 2012. En sera-t-il de même du Président Macky Sall ? Saura-t-il prendre la bonne décision à temps ? Rien n’est moins sûr ! Une chose est claire, une rumeur non élucidée finit toujours par se muer en certitude si rien n’est fait pour l’arrêter à temps.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, un retard dans la clarification sur cette question pourrait beaucoup nuire à la candidature du président Macky Sall ou à celle de son dauphin éventuel. L’avantage d’être candidat de la mouvance présidentielle ou d’être Maître du jeu, ne garantit point une avance insurmontable. Les résultats issus des dernières élections législatives l’ont amplement démontré. Dans une démocratie qui a connu deux alternances consécutives, il faut toujours se méfier des humeurs du peuple. Gare à l’excès de confiance !
Pour être efficace, le Dialogue doit se focaliser sur les questions majeures
Le Sénégal traverse une crise politique majeure qu’il conviendrait de prendre à sa juste mesure. C’est peut-être la prise de conscience de cette situation complexe qui a motivé l’appel du Président de la République au dialogue ! Tant bien même qu’un gage de bonne foi aurait voulu qu’un acte fort de décrispation précéda cet appel, il semble que ce dialogue soit nécessaire pour aller à des élections apaisées. Ce dialogue pour être efficace, tenant compte du temps et du contexte, doit se focaliser sur les questions politiques et électorales majeures :
- L’amnistie ou la réforme de quelques articles du code électoral garantissant la participation de karim wade, khalifa Sall et Bougane en allégeant les critères de parrainage.
- La fiabilité du fichier et la sécurisation du vote.
- Un compromis politique fort sur les voies et moyens d’assainissement de la vie publique et la bonne gouvernance qui permet :
1- la libération des prisonniers arrêtés lors des manifestations politiques.
2- la trêve et/ou le sursis sur les manifestations d’hostilité ou de défiance aux institutions républicaines.
3- la nécessité de passer par les organes dédiés pour toute plainte ou récrimination contre les journalistes ou les organes de presse incriminés.
Pour ce faire, chaque entité doit y mettre du sien, pouvoir, opposition, comme société civile pour un compromis politique dynamique dans l’intérêt supérieur de la nation. Le Sénégal a su toujours trouver les ressorts nécessaires à travers ses dignes fils et filles et ses institutions fortes pour un consensus sur des questions cruciales engageant son avenir démocratique. Espérons que cette fois ci les subjectivités et les rancœurs ne l’emporteront pas sur la raison et le bon sens.
Vive le Sénégal !