VIDEODE LOURDES CHARGES RETENUES CONTRE SONKO
Le procureur de la République a indiqué ce samedi que le leader de Pastef arrêté hier, est entre autres poursuivi pour appel à l'insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l'État et vol de téléphone

Abdou Karim Diop, le procureur de la République du Sénégal, a tenu un point de presse aujourd'hui pour discuter des détails de l'arrestation de Ousmane Sonko, leader du parti Pastel, survenue hier.
Le Procureur a commencé point de presse en expliquant que l'objectif était de donner une vue d'ensemble de la situation, notamment les tenants et aboutissants des procédures engagées contre Ousmane Sonko. Il a souligné que la focalisation serait mise sur une chronologie détaillée des appels répétés à l'insurrection par le leade de Pastef, qui ont mené à son arrestation.
Selon Diop, les conséquences des multiples appels à l'insurrection de Sonko se manifestent dans cinq dossiers distincts, nommés respectivement : Mortal Kombat, Forces spéciales, Commando, Cocktail Molotov, et Combat final. Ces dossiers documentent une série de manifestations violentes ayant entraîné la destruction et le pillage de biens publics et privés.
Le procureur a expliqué que suite à ces troubles, une coopération a été mise en place avec les forces de défense et de sécurité afin de renforcer la protection des personnes et des biens sur l'ensemble du territoire national. Les enquêtes menées ont identifié Sonko comme instigateur principal de ces troubles.
Le procureur Diop a retracé la chronologie des appels à l'insurrection de Sonko, notant une augmentation notable de ces appels au cours des deux dernières années. Il a cité plusieurs exemples, notamment un point de presse tenu à son domicile en février 2021 où Sonko avait appelé ses partisans à la mobilisation et à la confrontation.
En juin 2022, Sonko aurait tenu des discours incitant à l'insurrection, appelant ses militants à défier l'autorité de l'État. Ce schéma se serait répété en mars 2023 lors d'un meeting, et en mai 2023, où il aurait non seulement appelé ses militants à se rassembler à Dakar, mais également à se préparer pour le "combat final".
Selon le procureur, ces appels ont conduit à des scènes de violence sans précédent dans la capitale.
Diop a, par ailleurs, invité les participants à ce point de presse à visionner une compilation de déclarations de Sonko, datant de mars 2021 à aujourd'hui, qui illustre selon lui un schéma de comportement subversif. Ces extraits de vidéos compilés d'Ousmane Sonko étant principalement en Wolof, le procureur Diop a décidé de les résumer en français.
Selon lui, Sonko aurait incité les jeunes à déloger le président Macky Sall en laissant attendre que son sort pourrait être comparé à celui de l'ancien président libérien, Samuel Doe. Il aurait exhorté ses partisans à se préparer pour un combat "mortel", les appelant à se mobiliser et à s'engager, sans égard pour la compassion.
Dans ces vidéos, Sonko aurait également appelé à la mobilisation de ladiaspora sénégalaise, les préparant pour une confrontation contre le président Sall. Sonko a incité ses partisans à attaquer les résidences des dirigeants de l'APR, le parti du président Sall, insinuant que des richesses y seraient découvertes. Il aurait également assuré aux jeunes que leurs actions ne seraient pas en vain et que s'ils venaient à mourir, leurs parents pourraient avoir d'autres enfants.
Diop a souligné que ces appels à l'insurrection ont été plus que répétitifs et ont eu des conséquences palpables. À chaque déclaration d'appel à l'insurrection faite par Sonko, cela a été suivi d'actes violents et de destruction de biens.
- Le premier dossier, nommé "Mortal Kombat", concerne des manifestations en mars 2021. Selon le procureur Diop, ces manifestations ont vu des actes de destruction et de dégradation de biens publics et privés, notamment des bâtiments publics, des stations d'essence, des magasins et des véhicules. De nombreuses arrestations ont eu lieu, avec des accusations allant de l'appel à l'insurrection et la provocation à un attroupement armé, aux troubles à l'ordre public et à l'incendie criminel.
- Le deuxième dossier, intitulé "Forces spéciales", fait référence à des manifestations prévues en juin 2022 à la Place de la Nation. Il est indiqué que des informations ont été fournies aux enquêteurs sur un groupe d'individus prévoyant d'attaquer les forces de défense et de sécurité lors de ces manifestations. Les sources indiquent également que des cocktails Molotov étaient prévus pour être utilisés contre des installations publiques et privées, des magasins, des commerces, en particulier ceux d'intérêt étranger, et plus précisément français, ainsi que contre les forces de l'ordre, les résidences de hauts fonctionnaires de l'État, les ministres, les directeurs généraux, les députés, les magistrats, etc. Ces faits ont également conduit à plusieurs arrestations.
Diop a insisté sur le fait que ces actions ont été menées en réponse aux appels à l'insurrection de Sonko.
- Dans le Dossier du Commando, les services de sécurité ont reçu des renseignements crédibles et des preuves irréfutables trouvées dans les appareils téléphoniques des individus arrêtés. Ces preuves suggèrent que ces individus avaient l'intention de perturber le fonctionnement de l'État par des moyens illégaux et de mener des attaques contre des biens publics et privés. Les accusés planifiaient des réunions secrètes et semblaient déterminés à rendre le Sénégal ingouvernable en créant le chaos et le désordre total. Leurs cibles incluaient les stations d’essence Total, les magasins Auchan, ainsi que les institutions et les résidences de personnes représentant l'autorité publique. Ces individus, chargés de mettre en œuvre les stratégies d’Ousmane Sonko, ont également été arrêtés et seront jugés.
- Le Dossier Cocktail Molotov concerne un groupe de terroristes qui planifiaient des actes susceptibles de compromettre la sécurité publique. Le groupe a planifié des actes de nature à compromettre non seulement la sécurité publique mais aussi à occasionner des troubles politiques graves pour s'opposer à la tenue du procès en appel d’Ousmane Sonko poursuivi pour des faits de diffamation par le ministre Mame Mbaye Niang. Une équipe d’enquêteurs est parvenue à les infiltrer en vue de recueillir toutes les informations concernant les stratégies de ces individus a expliqué le procureur Diop. Lors d'une perquisition, un nombre impressionnant de cocktails Molotov a été découvert. Plusieurs individus ont été arrêtés pour la fabrication et la détention de substances explosives, en vue d'une utilisation sur des biens publics, avec l'intention de compromettre la sécurité et de provoquer de graves troubles publics. Ils sont également poursuivis pour financement du terrorisme et atteinte à la sûreté de l’État.
- Le dernier dossier, le Dossier du Combat final, fait suite au verdict de la chambre criminelle qui a condamné Ousmane Sonko à 2 ans de prison ferme pour Corruption de la Jeunesse. Le pays a été secoué par des manifestations violentes, des destructions de biens publics et des pertes en vies humaines. Des maisons d'autorités politiques, judiciaires et administratives ont été saccagées et brûlées. L'Université Cheikh Anta Diop a été attaquée, saccagée et partiellement brûlée. Plusieurs dizaines de manifestants ont été arrêtés, inculpés et placés en détention provisoire.
Toutes ces procédures, qui ont causé des dégâts matériels et une quarantaine de morts entre mars 2021 et juin 2023, convergent vers Ousmane Sonko a affirmé Abdou Karim Diop. « Le ministère public que je représente dispose de l'opportunité de poursuites. Par conséquent, tant que les faits ne sont pas prescrits, nous pouvons toujours engager des poursuites. C'est pourquoi Ousmane Sonko est en garde à vue. Il sera poursuivi pour appel à l'insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l'État, complot contre l'autorité de l'État, actes et manœuvres à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves en lien avec une entreprise terroriste, ainsi que pour vol », a-t-il conclu.