CARTE BLANCHE SANS FUMÉE BLANCHE
Le choix d’un candidat par une entité politique relève d’une cuisine interne. Celle de la majorité mijote plus longtemps que prévu. On aurait dit qu’il y a un cheveu dans la soupe. L’impression de blocage est déjà là.
Le choix d’un candidat par une entité politique relève d’une cuisine interne. Celle de la majorité mijote plus longtemps que prévu. On aurait dit qu’il y a un cheveu dans la soupe. L’impression de blocage est déjà là. Le bal des prétendants est plus débridé et empoussiéré qu’on ne l’imaginait. Le chef incontesté s’est retiré de son propre chef. À la minute qui suit, chacun a cru être prédestiné à un grand avenir. Quoi qu’on dise, l’explosion des concurrents est un spectacle de division. Ceux qui veulent voir le verre à moitié plein considèrent qu’il s’agit d’un problème de riche. Mais en réalité, la pénurie de véritables caciques explique l’inflation des ambitions démesurées après le repli de sagesse du président. La valse-hésitation à désigner de façon limpide et à la bonne heure un successeur digne de ce nom a jeté le trouble dans les rangs.
Le grand soir n’était donc qu’un gros canular
L’autre fait troublant est l’absence sidérale de figures féminines dans ce parterre. Il ne faut être simpliste en parlant de misogynie. Il s’agit simplement d’un ostracisme auquel les femmes elles-mêmes ne sont pas étrangères. Depuis le départ d’une certaine Mimi, aucune dame de fer ne s’est véritablement illustrée. Autre illustration du coq-à-l’âne dans la majorité, le Premier ministre, dans cette parenthèse pas enchantée, est logé à la même enseigne que des collaborateurs ministres ou directeurs généraux. Le ras des pâquerettes est une forme de banalisation. Et ce n’est sûrement pas de la tension féconde mais un mauvais service rendu à la cohésion gouvernementale. Ce qui arrive n’est en fin de compte pas surprenant. Les ultimes foulées sont souvent les plus désordonnées quand on est aux affaires. On s’engouffre dans un long tunnel qui est incompatible avec la sérénité. Il peut faire effondrer les plans les plus minutieux. Mais dans ce fatras, le Parti socialiste, l’Afp et les ex-communistes constituent des symboles de pusillanimité. Ils s’acheminent tout droit dans les poubelles de l’histoire à force de se diluer. La rançon de l’aplatissement n’est rien d’autre que l’encéphalogramme plat. Le grand soir n’était donc qu’un gros canular.
Ainsi donc, la carte blanche n’est pas synonyme de rapidité d’exécution. Elle a accouché d’une grande lenteur. La fumée blanche tarde aussi parce qu’il faut des précautions pour le calumet de la paix après le prononcé du verdict. Pour l’heureux élu, ce ne sera un cadeau ni de tout repos. Il battra campagne pour défendre les actifs et passifs d’un certain bilan. Même avec des infrastructures en forme de perles sur le collier, les boulets et les boulettes marquent plus les esprits.
L’émigration clandestine, preuve irréfutable de l’échec
Les Sénégalais tirent le diable par la queue. Le retour par vagues successives des pirogues de la mort est l’échec de tous et de chacun. Ce sont nos cœurs de pierre et des pirogues médiocres qui ont fait de nos propres frères des gueux oubliés du long voyage de la vie. La jeunesse ne chavire pas de bonheur même si elle commet l’erreur fatale du jusqu’au-boutisme. Les oreilles n’entendent plus rien. Elles ne sont plus que des ornements. Le 5ème président va affronter des tempêtes et des crises de toutes sortes. Les digues n’en finissent pas de rompre. D’où qu’il pourra venir, le futur locataire du palais sera obligatoirement un homme de solutions pragmatiques dans un pays aux problèmes interminables.
N’est donc pas président qui veut. C’est un costume de bonne coupe et de bon tissu. Il n’est non plus fait pour les physiques disgracieux. Qu’il vienne du pouvoir ou d’une autre galaxie, le Sénégal attend toujours à sa tête un type génial aux idées flamboyantes, un leader charismatique qui pèse ici et dans le monde. Seulement, le spectacle tous azimuts est pour le moment assez lamentable. Sur la scène, il y a de moins en moins de génie. À l’Apr et à Benno, on marche à tâtons. La majorité n’a pas le monopole de la turpitude. Partout, la qualité baisse drastiquement et piteusement.