LA RADDHO DEPLORE LES RESTRICTIONS DES LIBERTES AU SENEGAL
Sadikh Niasse, qui assiste à la 77ème session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, à Arusha, en Tanzanie, a dénoncé les «restrictions des libertés» et les «dérives liberticides» du Sénégal.

La 77ème session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples qui se tient présentement à Arusha, en Tanzanie, a servi de tribune au secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho) pour revenir sur les «restrictions des libertés» et les «dérives liberticides» du Sénégal.
Le secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho) n’a pas été tendre avec l’Etat du Sénégal. Sadikh Niasse, qui assiste à la 77ème session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, à Arusha, en Tanzanie, a dénoncé les «restrictions des libertés» et les «dérives liberticides» du Sénégal. «Le motif de ‘’risque de trouble de l’ordre public’’ a été souvent évoqué pour refuser de manière abusive les demandes de manifestations des partis de l’opposition, de la société civile et des mouvements citoyens. Par ailleurs, l’article 10 de la Constitution protège la liberté d’expression. Ce sont donc des droits incontestables fondés sur une obligation de l’État. Ce n’est ni plus ni moins qu’une question de droits et libertés fondamentaux. Le recours abusif et disproportionné de la force létale par les Fds a été, durant deux ans, l’objet d’alerte et de dénonciation des organisations de défense des droits humains intervenant au Sénégal», a-t-il souligné. Il rappelle qu’en mars 2021 la répression de plusieurs manifestations ont éclaté un peu partout dans le pays en marge d’un dossier en justice impliquant l’opposant Ousmane Sonko. Des manifestations qui se sont soldées par la mort de 14 manifestants selon les chiffres officiels. M. Niasse a également évoqué les émeutes qui ont suivi la condamnation de Ousmane Sonko pour «corruption de jeunesse» dans l’affaire l’opposant à Adji Sarr. 16 morts ont été enregistrés selon les chiffres avancés par le gouvernement et 23 selon Amnesty International/Section Sénégal. Le secrétaire général de la Raddho a aussi souligné les restrictions de l’internet qui ont affecté fortement l’accès et l’usage des plateformes numériques populaires telles que WhatsApp, Twitter et Facebook. Le motif, selon les autorités pour justifier les restrictions et parfois la coupure de l’internet mobile, c’était d’empêcher la diffusion de messages de haine ou d’appels à l’insurrection qui sont susceptibles d’envenimer la situation déjà très tendue. Sadikh Niasse a également fait l’état des lieux des conditions de détention. «Il faut signaler que la population carcérale du Sénégal est de 11 547 pour les 37 prisons que compte le pays qui ne disposent que d’une capacité d’accueil de 4224 places, avec 60,28% de condamnés et 39,72% de prévenus. Ces chiffres renseignent largement sur l’état de surpeuplement des prisons du Sénégal», at-il dit.
Pour une intervention de la Cadhp auprès des autorités sénégalaises
Toutefois, le secrétaire général de la Raddho a sollicité une intervention des commissaires de la Cadhp auprès des autorités sénégalaises pour «une application de manière rigoureuse du régime des manifestations qui autorise les citoyens à manifester pacifiquement après information de l’autorité administrative». Sadikh Niasse énumère : «La conception et la mise en œuvre de programmes de formation réguliers pour les forces de l’ordre sur les droits de l’Homme, la gestion des foules et les techniques de maintien de l’ordre respectueuses des normes internationales, la mise en place des mécanismes efficaces pour enquêter sur les morts survenues lors de la répression des manifestations et garantir la responsabilité des personnes impliquées, la poursuite du programme de placement sous contrôle judiciaire et le port de bracelet électronique en vue de résorber de manière sensible, le taux d’occupation des prisons au Sénégal.» Il a plaidé aussi pour le relèvement de la capacité d’accueil de la nouvelle prison de Sébikotane et construire de nouvelles prisons dans les régions très peuplées comme Diourbel, Thiès et Kolda ainsi que le renforcement des moyens d’action de l’Observateur national des lieux de privation de liberté (Onlpl) pour lui permettre de «bien remplir sa mission de prévention de la torture et des mauvais traitements dans les lieux de privation de liberté». Il demande aussi la libération «sans condition de toutes les personnes arrêtées et qui n’ont fait qu’exercer leur liberté de manifestation ou exprimer leurs opinions dans le cadre des évènements survenus au Sénégal depuis 2021, y compris Alioune Sané coordonnateur du mouvement Y’ en a marre ainsi que d’autres activistes».