LES POPULATIONS EN COLERE «BRULENT» LES ICS
La frustration énorme que ruminaient depuis plusieurs années les populations des communes de Darou Khoudoss et de Mboro contre les Industries chimiques du Sénégal (ICS) a explosé hier.

La frustration énorme que ruminaient depuis plusieurs années les populations des communes de Darou Khoudoss et de Mboro contre les Industries chimiques du Sénégal (ICS) a explosé hier. Des jeunes et des femmes encagoulés ont attaqué et pris le contrôle de l’entrée principale de la mine des ICS, avant de mettre le feu dans la célèbre Cité Taïba. Ils ont tout détruit sur leur passage. Les protestataires exigeaient que la société minière appartenant à des Indiens prenne en charge leurs préoccupations. Suite à une intervention musclée des forces de sécurité, plusieurs blessés et arrestations ont été enregistrés dans le srangs des populations de Darou Khoudoss.
Le feu couvait sous la cendre à Darou Khoudoss-Mboro, dans le département de Tivaouane, suite à l’absence de réaction des autorités administratives compétentes et des responsables des Industries Chimiques du Sénégal (ICS) après les fuites de gaz toxique ayant détruit des champs dans la zone. Hier, la colère longtemps intériorisée par les populations a subitement explosé. Des jeunes gens et des femmes, encagoulés, très en colère, armés de gourdins et de pierres, sortis en masse dans la rue pour demander réparation, ont bloqué l’entrée principale de la mine et fait irruption dans l’usine. Ils ont détruit tout sur leur passage et expliqué qu’à travers cette sortie violente ils veulent exiger de la société minière la prise en charge de leurs préoccupations. Les terres des cultivateurs sont expropriées, des produits toxiques déversés dans certaines zones. Ces produits toxiques seraient la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les dégâts occasionnés par les manifestations d’hier seraient énormes. Les forces de l’ordre sont intervenues el y a eu des blessés et des arrestations parmi les protestataires. Les populations sont en tout cas sorties en masse pour exprimer leur amertume et exiger à l’entreprise minière de respecter ses engagements d’indemniser les impactés de ses fuites de gaz. Des émanations nocives pour la santé des populations, des animaux et des végétaux. La situation était incontrôlable, hier, avec des cultivateurs manifestants venus de Ndomor, Darou Khoudoss, Mboro et environs, qui ont barré la route, pris le contrôle de l’entrée des ICS, mis le feu dans la célèbre Cité Taïba et le poste de garde, face à un important dispositif de forces de défense et de sécurité dépêché sur place mais visiblement débordé. Les manifestants réclament des indemnisations de la part des Industries Chimiques du Sénégal pour « les nombreux cas de toux, de diarrhées, des maux de ventre, les aggravations de maladies comme l’asthme et la sinusite, enregistrés auprès des populations ».
Quand la chimie détruit l’agriculture et les villages
Première région minière du Sénégal, Thiès abrite l’une des plus anciennes industries du pays, les Industries chimiques du Sénégal (ICS) appartenant à des Indiens, plus précisément à la société Indorama. À une vingtaine de kilomètres alentour, les populations sont sévèrement touchées. Délocalisation, déversement de soufre sur la voie publique, rejet d’acide en mer et fuites de gaz sont le lot des habitants de la zone. Selon un manifestant, « les paysans n’ont que leurs yeux pour pleurer le désastre provoqué dans leurs champs ». Une situation longtemps dénoncée par les responsables de la Plateforme citoyenne Mboro SOS, selon qui « ces échappées de gaz ont méchamment agressé l’environnement immédiat et lointain de la Concession minière entamant sérieusement la santé d’une bonne partie de cette population ». Aussi, « plusieurs champs ont vu leurs plantations détruites par les effets nocifs de ce produit et leurs pauvres propriétaires, qui tirent un bilan déficitaire presque à chaque saison, ne savent où donner de la tête ».
Après être restées longtemps à l’écoute des autorités étatiques, et ruminé leur colère pendant tout ce temps-là, les populations de Darou Khoudoss et de Mboro ont donc décidé de se faire entendre hier. Et elles l’ont fait de la manière la plus violente qui soit. Comme à Khossanto, dans la région de Kédougou, le Gouvernement laisse pourrir la situation et n’intervient que lorsque les populations, excédées, expriment violemment leur colère. Mais heureusement qu’à l’opposé de ce qui s’était passé à Khossanto où les gendarmes avaient tué deux personnes, il n’y a pas eu de mort d’homme hier à Darou Khoudoss et Mboro.