LA DOUBLE PEINE DES PÊCHEURS SÉNÉGALAIS
Selon un récent rapport de la Fondation pour la justice environnementale (EJF), les communautés de pêche artisanale au Sénégal voient leurs conditions de vie se détériorer en raison de la baisse des ressources halieutiques et de leurs revenus

Selon un récent rapport de la Fondation pour la justice environnementale (EJF) consulté par l'AFP, les communautés de pêche artisanale au Sénégal voient leurs conditions de vie se détériorer en raison de la baisse des ressources halieutiques et de leurs revenus. Ce phénomène serait directement lié aux "pratiques non durables et destructrices de l'environnement" des chalutiers de fond opérant dans les eaux sénégalaises, souligne le rapport publié le 26 octobre dernier.
S'appuyant sur des entretiens menés entre septembre 2022 et mai 2023 avec des pêcheurs, transformateurs et mareyeurs (intermédiaires), l'étude révèle qu'"au-delà des pertes de revenus, les communautés de pêche artisanale voient leurs conditions de vie se détériorer" selon les termes de l'EJF. Ainsi, "88% des pêcheurs, 93% des transformatrices et 100% des mareyeurs ont déclaré avoir un accès plus limité au poisson pour leur propre consommation", indique le rapport.
De manière plus précise, près des deux tiers (65%) des pêcheurs sénégalais affirment gagner moins qu'il y a cinq ans, conséquence directe selon l'ONG des méthodes employées par les chalutiers industriels. "Les pratiques de pêche destructrices de l’environnement et non durables pratiquées par la flotte chalutière aggravent la crise du secteur de la pêche artisanale", estime l'EJF. En effet, "les pêcheurs artisanaux ont vu le volume de leurs captures diminuer considérablement et sont contraints de rivaliser" avec les chalutiers "pour des ressources qui s’amenuisent", cite le rapport.
Par ailleurs, les pêcheurs traditionnels sont aussi confrontés aux "incursions illégales" des bateaux industriels "dans la zone réservée à la pêche artisanale", ce qui entraîne "la destruction fréquente de leurs engins de pêche". Ainsi, le rapport précise que 76% d'entre eux ont vu leurs filets ou lignes endommagés par un chalutier.