MACKY SALL, LA VIE APRES LE 2 AVRIL 2024
Quand Macky Sall, le prophète du Plan Sénégal émergent, remet à son successeur les clés de son ancien pied-à-terre de l’avenue Léopold Sédar Senghor, il n’a qu’une fixation : sa grasse matinée du lendemain. I
Quand Macky Sall, le prophète du Plan Sénégal émergent, remet à son successeur les clés de son ancien pied-à-terre de l’avenue Léopold Sédar Senghor, il n’a qu’une fixation : sa grasse matinée du lendemain. Il se voit déjà, le lendemain 3 avril, battre ses lourdes paupières vers treize heures, histoire de s’habituer à la lumière du jour, avant de s’étirer paresseusement et réclamer d’une voix ensommeillée, le petit casse-croûte gargantuesque qui le trouvera sur son lit…
A quoi bon surveiller sa ligne, dorénavant ?
Les propositions de carrière internationale s’amoncellent sur sa table de chevet et il se donne un trimestre pour y jeter un premier coup d’œil ; pourquoi pas une petite croisière à travers l’Atlantique, loin des vicissitudes sénégalaises, pour y réfléchir durant un autre trimestre, avant de choisir le maroquin moelleux d’une institution internationale à pile ou face ?
Pour le moment, tout ce qu’il sait, c’est qu’à soixante-trois piges, il peut desserrer la ceinture et la cravate, passer la journée en pyjama et arrêter de se teindre les cheveux toutes les semaines.
Le stress, les angoisses, les réunions du matin au soir, sept jours sur sept, il a tout refilé à son successeur, lequel n’a pas l’air de savoir ce qui l’attend vraiment. Le nouveau Président est plutôt pressé de prendre ses aises au Palais, faire le décompte des fonds secrets et éponger les quelques dettes que sa longue traversée du désert le force à contracter alors que tout semble perdu, fors l’honneur.
Macky Sall ne compte pas se gêner pour rattraper ses centaines d’heures de sommeil en retard…
Et donc, quand il se couche, ce soir du 2 avril 2024, il n’y a dans sa chambre ni alarme ni réveil. Rien qu’un silence de cathédrale et quelques ronflements voisins. La prière du petit matin, s’il en a la force, c’est bien ; sinon, ben, ça attendra.
Il a tout faux, le pauvre !
Il est à peine six heures du matin lorsqu’un brouhaha de fin de monde le réveille en sursaut. Dans la rue, il y a comme des bruits de soulèvement populaire. L’ancien Président a à peine le temps de sortir du lit que Marième Faye Sall déboule dans la chambre, le foulard en bataille, l’air atterré. Il a intérêt à se secouer : dehors, il n’y a pas moins d’un millier d’âmes en peine qui retiennent leur souffle en attendant de revoir sa figure rassurante, entendre ses propos réconfortants. Certains menacent de s’immoler par le feu s’il ne sort pas ; d’autres, moins violents, arborent des pancartes qui demandent par où se trouvent les chemins du Nicaragua.
Il n’y a, dans cette petite foule amassée sous sa fenêtre à Mermoz, que des tronches familières. La veille, jusqu’à vingt heures, ce sont encore des ministres avec ou sans portefeuille, des secrétaires d’Etat, des présidents de Conseil d’administration, des directeurs généraux, des ministres-conseillers, des conseillers spéciaux, des conseillers techniques, des chargés de mission, des envoyés spéciaux, des Dage, des Sg…
C’est la Rts, dans son édition de vingt heures, qui balance la tuile dès l’ouverture du Journal télévisé : en un seul décret, le nouveau chef de l’Exécutif met une croix définitive sur douze années de bamboula, malheureusement trop courtes.
A vingt-et-une heures tapantes, des fonctionnaires à la mine patibulaire et la parole rare, débarquent chez ces malheureux nouveaux pauvres pour reprendre les clés de leurs bureaux et véhicules, assortis d’un préavis de déménagement des logements de fonction.
Ils ont une semaine pour vider les lieux de bon gré. Passé ce délai, des huissiers accompagnés de gendarmes harnachés de la tête aux pieds viendront défoncer les portes et jeter jusque leurs matelas dans la rue.
Quand l’Administration veut faire vite, son efficacité en devient redoutable…
Et donc, ils sont là parce qu’à part le Bon Dieu, ils ne peuvent compter que sur Macky Sall. D’ailleurs, tout ça est de sa faute : ils lui en veulent même, parce qu’il est fortement responsable de cette tragédie… On le lui ressasse depuis 2019, il a droit à un deuxième mandat de cinq ans, qui courrait de 2024 à 2029. Qu’est-ce qu’il a à lâcher l’affaire comme ça, sans prévenir : avec une rallonge de cinq ans, ils planqueraient de quoi voir venir sereinement, au moins une retraite méritée et paisible.
Certes, la majorité à l’Assemblée est perdue, de même que quelques grandes villes depuis 2022. Mais avec Macky à l’affiche, ça se retrouve au moins au deuxième tour, si ça ne passe pas par «coup Ko» au premier, en, euh, tripatouillant un peu. Un miracle, ça peut toujours survenir quand on s’y attend le moins, n’est-ce pas ? Quoi, sa parole d’honneur ?
Le parrainage, ils n’en feraient qu’une bouchée ; la caution également : au pire des cas, ça se puise dans les caisses à portée de mains… Qu’est-ce qui lui passe par la tête quand l’ancien ambassadeur du «Yonou Yokouté» décide de passer la main poliment au lieu de batailler le couteau entre les dents jusqu’au dernier bulletin de vote ?
On soupçonne un lobbying de sa famille, Marième Faye Sall en tête.
Ces gens-là ne pensent qu’à leur petit confort. Trop facile : lui, il est déjà casé avant même de rendre le tablier. Mais eux, les pontes du régime Bby, qui pense à leurs familles, leurs nouvelles habitudes, leurs obligations ?
De 2012 à aujourd’hui, il y en a qui muent entre-temps de monogames contrariés à polygames sans limites. Ils sont accros depuis à la climatisation permanente dans le salon, la chambre, la voiture, le bureau. Leur vie mijote depuis une décennie à basse température, dixsept degrés de préférence : ils font quoi maintenant ? Ça fait pas mal de temps qu’ils voyagent naturellement en business, se sapent et se chaussent sur les grands boulevards parisiens et exhalent des parfums haut de gamme…
Les plus âgés de leurs progénitures, qui connaissent les affres de fins de mois compliquées, et ont la mémoire courte, auront du mal à revenir à la vie frugale d’avant-. Ce sont les enfants de la âwo (mais dont ça se fout comme de son premier caleçon) qui connaissent ça dans une vie antérieure et y retourneront au besoin à grands coups de pieds dans le postérieur.
êl, les dôm’ou madame nés après la honte, sous la clim, en clinique et ne connaissent de vacances qu’à Dubaï, parlent fkhonçais avec l’accent wèsh-wèsh, on leur explique quoi ? Macky Sall gàddou na àkh !