LES VOIES DU DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE SELON MAKHTAR DIOUF
Dans son ouvrage "Afrique, voies de développement", l'économiste sénégalais propose une analyse critique de la situation du continent et esquisse une stratégie audacieuse pour sortir l'Afrique du sous-développement
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L'Afrique cherche depuis des décennies la voie du développement économique et du progrès social, sans toujours y parvenir malgré ses richesses naturelles. Dans son ouvrage "Afrique, voies de développement", l'économiste sénégalais Makhtar Diouf propose une analyse critique de la situation et esquisse une stratégie alternative pour permettre à l'Afrique de s'extraire du sous-développement.
Selon lui, le premier obstacle au développement de l'Afrique réside dans "les obstacles léguées par la colonisation et les pesanteurs internes constituées par la gestion irrationnelle des économies africaines par leurs dirigeants", comme il l'écrit en introduction. Le continent a souffert des structures économiques mises en place pendant la colonisation, tournées uniquement vers l'exportation de matières premières, sans transformation ni valeur ajoutée. De plus, les gouvernements post-colonies ont trop souvent géré l'économie de manière clientéliste et non planifiée.
Makhtar Diouf estime qu'il faut rompre avec cette dépendance extérieure et ces errements internes pour permettre un véritable envol industriel de l'Afrique. Comme l'ont démontré les expériences des pays développés, "la clé du développement est l'industrialisation avec la promotion du fer et de l'acier qui propulse les autres secteurs", souligne-t-il. Or, l'Afrique reste trop peu industrialisée et industrialise insuffisamment ses matières premières, regrette l'économiste.
Plutôt que de considérer uniquement le taux de croissance, indicateur souvent trompeur sur le continent africain selon lui, Makhtar Diouf préconise de se concentrer sur "la valeur ajoutée manufacturière" pour mesurer le développement. Il faut transformer sur place les richesses naturelles pour créer de l'emploi et de la valeur. C'est dans cette optique qu'il plaide pour une véritable politique industrielle, avec la promotion des secteurs de la sidérurgie et de la métallurgie qui stimuleront les autres activités.
Makhtar Diouf propose une réorientation stratégique majeure pour l'Afrique, fondée sur l'industrialisation, la valorisation des matières premières locales et la mise en place de politiques économiques rationnelles et planifiées. Il s'agit selon lui d'extraire définitivement le continent des carcans du passé colonial et des errements du post-colonial pour suivre la voie vertueuse du développement industriel initiée par les pays aujourd'hui avancés. Un programme ambitieux mais nécessaire pour permettre à l'Afrique d'accéder, enfin, à l'émergence économique.