LES FAMILLES À L'ÉPREUVE DES DIVISIONS PARTISANES
De la guerre ouverte entre le frère et la sœur Mbodji à Bambey à la saine cohabitation chez les Youm et les Dias: la politique peut renforcer les discordes comme cimenter les unions familiales au Sénégal
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La politique peut parfois semer la zizanie au sein même des familles sénégalaises, selon une analyse publiée sur le site d'information Seneweb.
Comme l'explique un article paru le 10 décembre dernier, "la politique, cette pratique devenue immonde, galvaudée par la quête amorale de privilèges, semble être le seul terrain où des membres d’une même famille, unis par les liens du sang, s’opposent...parfois farouchement."
Des rivalités qui peuvent aller jusqu'à la "guerre fratricide", entre accusations et affrontements entre partisans. Car "la politique au Sénégal divise plus qu’elle ne rapproche", relève Seneweb.
Cette réalité est analysée par des experts. "La famille comme la politique sont chargées d’affects et d’enjeux puissants où s’arbitrent la concorde ou la division, le pluralisme ou l’exclusion", observe Anne Muxel, sociologue et politologue française citée par le média en ligne.
Moussa Diaw, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, abonde dans ce sens : "Ces divergences peuvent apparaître au sein d’une famille et constituer une source de division. Ce n’est pas seulement propre à l’Afrique. On le voit un peu partout dans le monde", souligne-t-il.
La rivalité fratricide des Mbodji
L'article prend l'exemple de la famille Mbodji à Bambey, où "le choc entre les clivages politiques et la concorde familiale a empoisonné l’atmosphère".
Aïda Mbodji, ancienne ministre du gouvernement libéral, s'est opposée farouchement à son frère aîné Pape Abdou Khadre Mbodji, candidat de l'Alliance Dekkal Ngor, devenue APR du président Macky Sall.
"Dans ce combat fratricide pour le contrôle de Bambey, tous les moyens sont bons pour ébranler l'autre", rapporte Seneweb. Accusations, affrontements entre partisans... "Les Mbodji se sont violemment entre déchirés pendant plus de quatre ans."
La hache de guerre n'a été enterrée qu'en 2013. "Désormais, en tout cas en ce qui me concerne, il n’y a plus de problème entre ma sœur Aida Mbodji et moi", déclare alors Pape Abdou Khadre Mbodji.
D'autres familles parviennent à préserver l'unité
A contrario, certaines familles parviennent à surmonter leurs divergences politiques, comme les Youm ou les Dias.
Chez les Youm, le secrétaire général du Pur Cheikh Tidiane Youm s'oppose politiquement à son frère Oumar Youm, ministre des Forces armées. "Malgré la vive tension (...) les frères-Youm préservent jalousement leurs relations fraternelles", note l'article.
Chez les Dias, où Jean-Paul (BCG) et Barthélémy (PS/Yewwi Askan Wi) appartiennent à des camps opposés, "la famille prime sur la politique", rapporte Seneweb.
La politique peut donc à la fois rapprocher ou déchirer les familles au Sénégal, en fonction de la capacité à séparer convicitons personnelles et liens du sang.