L’ORDRE DES AVOCATS PLAIDE POUR LE RESPECT DES FONDAMENTAUX DE L’ETAT DE DROIT
Le président de l’Ordre, Me Ibrahima Ndiéguène, plaide entre autres pour la préservation des fondements de l'Etat de droit, de remettre le citoyen et la République au centre des préoccupations.
La situation politique actuelle dominée par une crise politique préoccupe l’Ordre des avocats. Le président de l’Ordre, Me Ibrahima Ndiéguène, plaide entre autres pour la préservation des fondements de l'Etat de droit, de remettre le citoyen et la République au centre des préoccupations.
Les faits imputés aux deux juges du Conseil constitutionnel sont graves et porteurs d'incertitudes pour le Sénégal. C’est l’avis des membres du conseil de l’Ordre des avocats qui s’est fendu d’un communiqué hier pour se prononcer sur la crise politique et institutionnelle que traverse notre pays depuis la décision dudit conseil sur la désignation des candidats à la présidentielle de 2024.
Le Barreau qui dit suivre avec une attention particulière l'évolution préoccupante de la situation qui prévaut dans notre pays, suite aux décisions prises par les plus hautes institutions de la République notamment la mise en place d’une commission d'enquête parlementaire, l'abrogation par le président de la République du décret portant convocation du corps électoral et la décision de l'Assemblée nationale de fixer la date des élections au 15 décembre 2024, indique que ces décisions prises de même que les faits imputés en l'absence d'éléments factuels d'appréciation et d'analyse, sont graves et porteurs d'incertitudes pour le Sénégal.
Pis, cette situation, quels qu'en puissent être les motivations et les sièges de responsabilités, met en péril la stabilité du pays, la paix sociale et le respect des institutions garantes de notre démocratie et de la République. Ainsi le conseil national de l’Ordre proscrit toute atteinte à l'Ordre constitutionnel qui viole les principes démocratiques et pourrait installer le pays dans un cycle majeur de violence et d'insécurité. Par ailleurs, Me Ndiéguène et ses collègues condamnent vigoureusement toute violence dans l'espace social, déplore les dégâts matériels ainsi que les pertes en vies humaines et présente ses condoléances aux familles endeuillées. Aussi, ils appellent à la retenue et à l'apaisement des populations, notamment de la jeunesse sénégalaise «dont il faut entendre et traiter l'appel».
Sur ce point, ils exigent que les responsabilités soient situées afin que les auteurs d'abus ou de forfaits soient sanctionnés et les victimes dédommagées. Étant convaincu que la liberté de manifester garantie par la Constitution ainsi que l'exigence du maintien de l'ordre ne doivent pas justifier ou légitimer la violence comme mode d'expression ou de répression des revendications dans un Etat de droit.
PRESERVER LES FONDEMENTS DE L’ETAT DE DROIT, RESPECT DU SERMENT, ATTITUDE REPUBLICAINE... : LES SEULES GAGES DE PAIX
S’exprimant en outre sur le dialogue initié par le chef de l’Etat, le Barreau déclare : «il ne suffit pas d'ouvrir des concertations entre seuls acteurs de la classe politique ni de trouver des solutions ponctuelles à des questions structurelles profondes. Au contraire, il faut veiller au respect scrupuleux de la loi fondamentale et des droits qu'elle consacre au citoyen». Pour ce faire, les avocats estiment qu’il faut préserver les fondements de l'Etat de droit, remettre le citoyen et la République au centre des préoccupations afin de trouver autour de l'intérêt supérieur de la nation les raisons de taire les divergences partisanes et de rendre compatibles les ambitions proclamées pour le peuple sénégalais. A cet effet, ils rappellent que notre pays a une longue tradition de légalité et son peuple a toujours su se retrouver autour des valeurs et principes qui fondent, par-delà nos différences et nos adversités, notre commun vouloir de vie commune.
Rappelant leur plaidoyer, lors de la rentrée des cours et tribunaux du 25 janvier dernier, à l’endroit du président de la République, aux acteurs de la justice et aux politiques, les avocats réitèrent leur demande sur l'exigence du respect du serment et le courage d'assumer le poids du sacrifice individuel au service de la nation, pour qu'ils aient toujours à l'esprit que les hommes passent et que les institutions demeurent. Par ailleurs, ils disent constater pour le déplorer la situation que nous vivons actuellement dont le citoyen, le peuple, n'est qu'une variable d'ajustement pour les acteurs politiques qui rusent avec les principes du vivre en commun.
Ainsi, ils rappellent que les intérêts du peuple sénégalais ne peuvent se mesurer à l'aune des objectifs et attentes politiques ou des défaillances dans l'application de la règle de droit. Pour finir, ils invitent le peuple sénégalais à démontrer sa capacité à appréhender cette crise née du jeu, et les enjeux politiques qui convoquent les organisations et les institutions républicaines de notre pays.