L'APRÈS-POUVOIR AU SÉNÉGAL, UNE LEÇON DE DÉMOCRATIE
Macky Sall dans ses nouvelles fonctions "ne gênera pas son successeur", insiste Jean-Baptiste Placca, car sa mission en faveur du financement des pays victimes du changement climatique va dans l'intérêt de tous les Sénégalais
(SenePlus) - Deux semaines après avoir quitté ses fonctions de Président de la République du Sénégal, Macky Sall mène déjà une nouvelle vie bien remplie loin du pouvoir, selon l'éditorialiste Jean-Baptiste Placca sur RFI. En effet, en sa qualité d'envoyé spécial du Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète, il a rencontré le Secrétaire général des Nations unies à New York puis participé aux Assemblées du FMI et de la Banque mondiale à Washington.
Pourtant, certains Sénégalais voient d'un mauvais œil cette reconversion rapide de Macky Sall. Mais comme le souligne Jean-Baptiste Placca, "l'essentiel ici est que la fin d'un mandat politique cesse d'être vécue, en Afrique, comme une malédiction". Et le Sénégal offre à cet égard un exemple positif : Léopold Sédar Senghor est devenu académicien français après avoir quitté le pouvoir en 1980, tandis qu'Abdou Diouf a occupé le poste de Secrétaire général de la Francophonie après sa défaite électorale de 2000.
La France a souvent offert de nouvelles responsabilités internationales aux anciens chefs d'État sénégalais, souligne l'éditorialiste, ce qui témoigne peut-être "d'une forme de soutien à la démocratie sénégalaise". En effet, contrairement à d'autres pays africains, le Sénégal "ne brise pas ses propres ressortissants" une fois qu'ils ne sont plus au pouvoir.
Macky Sall dans ses nouvelles fonctions "ne gênera pas son successeur ni ne nuira au Sénégal", insiste Jean-Baptiste Placca, car sa mission en faveur du financement des pays victimes du changement climatique va dans l'intérêt de tous les Sénégalais. De manière générale, les anciens chefs d'État sénégalais ont su "transcender leurs rivalités partisanes" sur la scène internationale. À l'image de Senghor, Diouf et Wade qui ne se sont jamais fait obstacle les uns les autres après avoir quitté le pouvoir.
Comme le conclut éloquemment l'éditorialiste, "c'est à leur capacité à situer la patrie au-dessus de leurs rancœurs, tenaces ou passagères, que l'on apprécie les hommes d'État". Le Sénégal offre ainsi l'exemple d'une démocratie où l'après-pouvoir se passe dans le respect des institutions et l'intérêt du pays.