VIDEOLE SÉNÉGAL DE DIOMAYE, UNE DIPLOMATIE RENOUVELÉE EN AFRIQUE DE L'OUEST
Réaffirmation de l'influence régionale, défense des intérêts économiques et énergétiques, médiation avec les juntes au pouvoir... Le président semble bien décidé à imprimer sa marque dès les premiers mois de son mandat
(SenePlus) - L'arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye au Sénégal marque un tournant dans les relations régionales. Après une visite en Mauritanie puis en Guinée-Bissau, le nouveau président semble vouloir imprimer sa marque sur les dossiers sensibles qui lient le Sénégal à ses voisins.
Les liens historiques entre Dakar et Bissau devraient se renforcer selon Mamadou Lamine Sarr, enseignant à l'Université de Dakar: "Il y a quand même des intérêts économiques et, surtout, de sécurité au niveau de la frontière. (…) Il y a des intérêts communs mutuels pour que ces deux pays consolident leurs relations."
La présence des 120 soldats sénégalais déployés dans le cadre de la force de la Cédéao devrait ainsi se poursuivre. "Avec le contingent sénégalais, le président Macky Sall a pu consolider son alliance avec le président Sissoco contre les rebelles casamançais. Et vous pensez qu'avec Diomaye Faye, c'est la même politique qui va être poursuivie ? Tout à fait", analyse M. Sarr.
Mais c'est sur le dossier des gisements pétroliers et gaziers offshore que le président Faye semble le plus déterminé à marquer sa différence. Voulant renégocier les contrats avec British Petroleum, il s'est rendu en Mauritanie, pays co-propriétaire de ces ressources.
"C'est une condition. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles le président Diomaye Faye s'est rendu en Mauritanie. Il est important de discuter de cela", estime Lamine Sarr, tout en ajoutant: "Le président Diomaye Faye a très certainement réévalué l'accord et s'est rendu compte, peut-être, que les intérêts du Sénégal n'étaient pas assez défendus."
Malgré les réticences de BP, "le Sénégal, en tant qu'État souverain, a la possibilité de revoir ces accords. Il y aura plusieurs leviers sur lesquels le président pourra jouer", affirme le professeur.
Enfin, les nouvelles autorités sénégalaises semblent vouloir jouer un rôle de médiation avec les régimes militaires du Sahel. Selon M. Sarr, "S'il y a quelqu'un qui peut essayer de rapprocher nos frères du Burkina, du Mali et du Niger, c'est bien le président Diomaye Faye."
La question du franc CFA, sur laquelle le Sénégal partage la position des juntes, "peut être un levier pour faire retourner ces pays qui avaient quitté la Cédéao", affirme l'enseignant, ajoutant: "Je pense que c'est quelque chose qui est fort probable" qu'une rencontre ait lieu.