LE RISQUE DE REGNER SANS OPPOSITION VÉRITABLE
Le nouveau régime incarné par le duo Diomaye-Sonko est en train de prendre ses marques. Leur brillante élection, inédite dans l’histoire du Sénégal, laisse entrevoir cette possibilité de régner durablement sans opposition véritable.
Le nouveau régime incarné par le duo Diomaye-Sonko est en train de prendre ses marques. Leur brillante élection, inédite dans l’histoire du Sénégal, laisse entrevoir cette possibilité de régner durablement sans opposition véritable.
Bassirou Diomaye est le Président le mieux élu de l’histoire du Sénégal. Issu de l’opposition avec sa coalition, il gagne largement le scrutin du 24 mars 2024 dès le premier tour. Lui comme son mentor en politique, Ousmane Sonko, en plus du pouvoir des urnes, jouissent d’une popularité sans commune mesure particulièrement chez les jeunes qui constituent un poids démographique considérable. Selon les statistiques de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) de 2023, l’âge médian de la population s’élève à 19 ans et la moitié de la population est âgée de moins de 19 ans. Toujours d’après l’agence, les chiffres issus du précédent recensement révèlent que les Sénégalais de moins de 35 ans représentent 76 % de la population. Et le duo Diomaye Sonko tire sa puissance de cette couche qui constitue un vrai vivier politique. A la limite, les jeunes sénégalais «vénèrent» ces deux hommes et nourrissent un grand espoir envers eux pour changer leur quotidien.
Mieux, le duo a réussi à démontrer que les appareils politiques classiques sont obsolètes aussi bien dans leur mode de fonctionnement que de propagande en privilégiant les réseaux sociaux comme moyen principal de communication. Il a ainsi dominé cet espace numérique avec une armée composée de gens venus d’horizon divers avec un niveau d’engagement qui peut varier d’une personne à une autre (modérés et radicaux).
Ils ont également su vendre un nouveau discours souverainiste et anti systémique que les masses ont très vite adopté. Cela est facilité par les échecs des partis classiques qui depuis l’indépendance n’ont pas su vraiment mettre le pays sous les rampes de l’émergence. Pis, ce sont souvent des régimes qui se distinguent par la mal gouvernance, la corruption et les détournements de deniers publics. Sans compter une profonde crise de leadership dans ces différentes formations. Aujourd’hui, dans pratiquement tous les partis politiques u pays, ce sont des vieux fragilisés par l’âge ou des leaders sans charisme qui tiennent les rênes. Ces derniers ne sont plus écoutés et leurs partis politiques n’attirent plus.
fité de cette brèche pour occuper l’espace. Aujourd’hui au pouvoir, il y a un fort risque qu’il règne sans opposition dans la mesure où les jeunes qui peuvent mettre la pression sur les régimes sont avec eux et tels des chiens de garde ils surveillent comme du lait sur le feu «LE PROJET».
Aussi, la coalition «Diomaye Président» avait réuni une bonne partie de l’opposition avec environ 200 partis et mouvements réunis en son sein. Elle a regroupé une grande partie des fortes têtes des acteurs de l’arène politique (Mimi Touré, Mary Teuw Niane, Cheikh Bamba Dièye, Yassine Fall, …) qui aujourd’hui ne sont pas prêt à faire face à Pastef. Tous ces potentiels opposants sont aujourd’hui à la merci du duo «Diomaye-Sonko».
MACKY QUI VOULAIT REDUIRE L’OPPOSITION A SA PLUS SIMPLE EXPRESSION EN A FAIT LES FRAIS
Du côté des autres acteurs et entités avec qui «Diomaye Président» partage l’espace politique ; on peut noter le PDS qui à la veille de la présidentielle a ouvertement soutenu Diomaye à ce scrutin. Et ce n’est pas demain que les libéraux vont quitter le navire. Karim est aujourd’hui plus proche de ce duo que de l’opposition.
Des leaders comme Barthélémy Dias qui a été virulent contre Ousmane Sonko avec qui les relations s’étaient gravement détériorés semble vouloir revoir ses plans. Tout le monde s’attendait à la radicalisation extrême, mais l’édile de la capitale semble ne pas prêt à s’opposer d’ores et déjà contre ce nouveau régime. Monsieur Dias a annoncé dernièrement qu’il veut même rencontrer Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Malgré leurs rivalités, le maire de la Ville de Dakar dit vouloir éviter les obstacles notés dans l’exécution des projets de la municipalité de la capitale. Cette posture de Barth devrait être suivi par ses camarades de Taxawu Sénégal moins radicaux que lui dans l’opposition politique.
Il faut surtout noter qu’aujourd’hui, c’est l’Alliance pour la République (APR) qui devrait incarner l’opposition. Mais elle est tellement minée par les divisions que ses priorités devraient être la réconciliation et le consensus autour d’un leader fort et charismatique. L’APR est en effet une armée mexicaine dans laquelle les généraux se font la guerre.
Pour ce qui est la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), son malheur réside dans sa gestion par Macky Sall. Celui-ci a quasiment fait péricliter tous les partis classiques qui étaient membres de cette coalition présidentielle. S’il n’a pas débauché leurs membres, il l’a récupéré beaucoup de leurs bastions politiques ou mis en mal les différents responsables. Aujourd’hui, qu’il n’est plus au pouvoir certains partis commencent à s’éloigner de cette plateforme politique. Or, si BBY constituait un bloc fort il pourrait causer des problèmes au nouveau régime.
Il faut relever en définitive, avoir une opposition est toujours une bonne chose. A risque, le régime risquera de faire face à son peuple et de se mettre en danger. En effet, sans opposition, on ne verra pas venir sa chute. Il faut un fusible en contact direct avec le peuple ; sinon cela risque de semer le chaos dans le pays dans la mesure où les problèmes ne seront pas débattus dans l’espace public pour trouver d’éventuelles solutions ; mais ils vont être exposés dans la rue parfois violemment suite à des exaspérations profondes. Macky qui voulait réduire l’opposition à sa plus simple expression en a fait les frais. En voulant faire taire les voix contraires en politique, il s’est retrouvé avec une nouvelle catégorie d’hommes politiques plus forts ; plus rusés et plus pernicieux. C’est ce qui a précipité la chute de son régime.