LE GOUVERNEMENT CHERCHE-T-IL A DEBROUSSAILLER L’AFFAIRE DES 45 MILLIARDS CFA ?
Alors que l'affaire de l'achat controversé de 45,3 milliards de FCFA d'armes par le ministère de l'Environnement éclabousse toujours le précédent gouvernement, le Premier ministre Ousmane Sonko exige un audit complet des fonds alloués à la DEFCCS
Le Gouvernement cherche à savoir comment les 45, 3 milliards cfa d’achat d’armes de guerre pour le ministère de l’Environnement en octobre 2022 ont-ils été gérés, finalisés et décaissés. En tout cas, hier, en Conseil des ministres, le chef du gouvernement Ousmane Sonko, a clairement indiqué que l’Etat compte faire la lumière sur une affaire qui a eu à éclabousser le régime de Macky Sall. Et les ministres de l’Environnement Abdou Karim Sall, du Budget Abdoulaye Daouda Diallo et l’homme d’affaires Nigérien Aboubacar Hima alias Petit Boudé.
En Conseil des ministres de ce mercredi 29 mai 2024, le Premier ministre Ousmane Sonko a souligné « l’urgence de procéder à l’audit des ressources financières importantes mises en place par l’Etat pour la montée en puissance de la Direction des Eaux et Forêts, Chasses et Conservation des Sols (DEFCCS), en particulier celles destinées à la fourniture d’équipements de sécurité, de véhicules d’intervention et de matériels techniques » a-t-il fait savoir. Une déclaration fait tourner les regards vers cette grande nébuleuse où l’Etat a déboursé la coquette somme de 45,3 milliards de frs pour l’achat d’armes de guerre.
A l’époque, notre confrère « Libération » révélait que l’ancien ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, l’ancien ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo et un homme d’affaires Israélien très proche du président Macky Sall, étaient impliqués dans cette commande d’armes. La transaction avait été faite avec un Nigérien, Aboubacar Hima, plus connu sous le nom de « Petit Boudé », un « trafiquant vivement recherché par la justice de son pays ».
Le quotidien annonçait que le Sénégal aurait acheté des armes de guerre d’une valeur de 45,3 milliards FCFA auprès de Petit Boudé. Seulement, ce contrat n’a pas fait l’objet d’une procédure d’Appel d’offres et n’a pas été publié en raison de la loi sénégalaise sur le « Secret Défense ». Selon toujours « Libération » , l’Occrp (Organized Crime and Corruption Reporting Project), en partenariat avec le journal israélien Haaretz, Il a été décelé certaines irrégularités du contrat dont le prix a été surévalué. La commande a été faite par le ministère de l’Environnement au début de l’année 2022. L’affaire est partie d’une publication de l’Occrp (Organized Crime and Corruption Reporting Project) qui, en partenariat avec le journal israélien Haaretz, a obtenu une copie du document établissant la transaction.
Abdou Karim Fofana s’emmêle les pédales
Le tollé était devenu intenable pour le régime de Macky Sall. Ce qui avait poussé le porte-parole du Gouvernement à l’époque, Abdou Karim Fofana, à essayer de dédouaner le régime sur ce dossier. Le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, dans un communiqué publié le jeudi 27 octobre 2022, affirmait que, «le contrat dont il est question a été passé conformément à la règlementation en vigueur. Il a été approuvé par les services compétents de l’Etat, sous le sceau du «Secret Défense», conformément aux dispositions du décret 2020-876 du 25 mars 2020 complétant l’article 3 du décret 2014-1212 du 22 septembre 2014 portant Code des marchés publics, modifié par le décret 2020-22 du 7 janvier 2020 qui exclut du champ d’application du Code des marchés publics les travaux, fournitures, prestation de services et équipements réalisés pour La Défense et la Sécurité du Sénégal et classé «Secret Défense», qui sont incompatibles avec les mesures de publicité exigées par le Code des marchés publics». Abdou Karim Fofana de signaler que «les marchés estampillés «Secret Défense» sont passés en principe par procédure d’entente directe qui est une voie dérogatoire au principe de l’Appel d’offres qui ne permet pas de préserver le caractère confidentiel qui s’attache à la politique d’équipement de nos Forces de défense et de sécurité».
Toujours dans la note, le gouvernement tenait à préciser que le ministère de l’Environnement était «fondé à passer des contrats d’armement au profit des Directions en charge des Eaux, Forêts, Chasses, Conservation des Sols et Parcs nationaux qui sont assimilés aux Forces de sécurité et de défense, conformément au décret n°2021-563 du 10 mai 2021». A cet effet, poursuivait la source, « Le gouvernement du Sénégal voudrait rappeler que le contexte géopolitique marqué par le développement des mouvements terroristes et le trafic illicite de bois impose une réorganisation de notre dispositif sécuritaire avec des équipements de qualité pour le rendre beaucoup plus opérationnel en termes de capacité d’intervention et de riposte le long des axes frontaliers et des zones stratégiques ». « Le gouvernement du Sénégal réitère sa ferme volonté d’une gouvernance des ressources publiques marquée du sceau de la transparence et de reddition des comptes. A ce titre, aucune entorse aux procédures régulières de passation de marché ne saurait être tolérée pour les autorités contractantes » concluait le ministre Fofana qui s’était emmêlé les pinceaux dans cette affaire dont les Sénégalais attendent la vérité.