LA PRODUCTION DE LA MANGUE CHUTE DE MANIERE INQUIETANTE
L’inquiétude gagne les acteurs de la filière mangue depuis quelques années, avec une baisse drastique de la production. Dans la zone des Niayes, qui concentre 40% de la production nationale, il est noté une baisse de production estimée à 50%

L’inquiétude gagne les acteurs de la filière mangue depuis quelques années, avec une baisse drastique de la production. Dans la zone des Niayes, qui concentre 40% de la production nationale, il est noté une baisse de production estimée à 50%. Sur les causes de ce phénomène, le changement climatique est fortement indexé. D’où le lancement à Thiès d’un nouveau projet pour renforcer la résilience des producteurs et productrices de la mangue face au changement climatique et améliorer leurs conditions de vie.
Depuis quelques années, les producteurs de mangues font face à la mouche blanche qui fait des ravages dans la production. A ces attaques de parasites est venue s’ajouter la problématique du changement climatique. C’est pourquoi l’inquiétude gagne les acteurs de la filière, avec surtout un volume des exportations qui ne cesse de dégringoler, passant de 20 000 à 12 000 tonnes. Cette année 2023-2024 est rudement éprouvante, avec plusieurs zones qui ont connu un recul jamais égalé en termes de production. Et pourtant, la mangue sénégalaise est parmi les meilleures au monde. La baisse de la production inquiète de plus en plus les acteurs. Pour s’adapter à ces changements, la piste de l’adoption de nouvelles techniques modernes est explorée pour créer les conditions qui puissent permettre à la plante de s’adapter à toutes les saisons. C’est dire qu’au Sénégal, «les changements climatiques ont des retombées négatives sur la production et la transformation de la mangue, de même que sur les conditions de vie des agriculteurs, qui n’ont pas les moyens d’adapter leurs pratiques agricoles et leurs activités économiques à la pluviométrie et aux températures changeantes». Ce contexte a donc beaucoup impacté la production de mangues, notamment dans la zone des Niayes qui concentre à elle seule 40% de la production nationale. Et selon les estimations faites dans ce cadre, les pertes causées par ces changements climatiques peuvent bel et bien atteindre 50% de la production.
Selon Mamadou Ndiaye, Coordonnateur des Unions Maraîchères de la zone des Niayes, la filière mangue rencontre de sérieux problèmes dans la zone des Niayes. D’où le lancement à Thiès du projet Jaww Ji Mango, pour apporter des solutions, en collaboration avec des partenaires et notamment des universitaires de la recherche agricole au Sénégal avec l’Institut Sénégalais de Recherches Agronomiques (ISRA), l’Université de Bambey et l’Université Laval du Québec. Pour la première fois, dit-il, les producteurs ont été associés à l’idée de projet, à l’élaboration et à la mise en œuvre et même à l’évaluation. Et c’est dire que c’est une démarche valorisante pour les producteurs, ce qui prouve également qu’ils ont désormais un savoir-faire, bien qu’ils aient déjà une connaissance. Mais cette connaissance seule ne suffisait pas à ses yeux, leur collaboration avec des universitaires, des chercheurs, pouvant apporter des solutions pérennes leur permettant d’améliorer leurs revenus à partir des problèmes rencontrés sur les vergers de mangues dans la zone des Niayes. En effet, il indique qu’avec les effets du changement climatique, les manguiers ne produisent plus leur potentiel d’où une baisse de production dans toute la zone et les exportations. Il s’y ajoute que les vergers sont vieillissants et les arbres manquent d’entretien.
UN INVESTISSEMENT DE PRES D’UN DEMI-MILLIARD POUR TOUCHER 300 PRODUCTEURS
Le Coordonnateur des Unions Maraîchères de la zone des Niayes renseigne que c’est pour cette raison que ce projet est élaboré, pour contribuer à apporter des solutions à travers de nouvelles pratiques agro-écologiques que les producteurs pourraient appliquer. Ce qui permettrait d’améliorer la production de mangues au Sénégal. Pr Ousseynou Kâ, Directeur de l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) Santé et Développement Durable de l’Université Alioune Diop de Bambey (UADB), exprime l’avis que ce projet va renforcer la résilience des producteurs et productrices de la mangue face au changement climatique et améliorer leurs conditions de vie. Pour atteindre cet objectif, il souligne qu’il a été assigné aux chercheurs du département du développement durable, en partenariat avec les autres chercheurs, la charge de mettre en place un guide. Il s’agit également de faire en sorte que les producteurs et les productrices de mangues puissent accéder à des financements.
Pour Malick Sèye, Directeur régional Afrique de l’Ouest pour le développement international Desjardins, c’est sur la base du constat observé sur cette baisse drastique de la production de mangues que l’initiative, allant dans le sens de jumeler les expertises québécoises et sénégalaises, est mise en branle pour adresser ces problématiques de développement. Et c’est ainsi qu’est né ce projet. Il va nécessiter un investissement de près d’un demi-milliard de Fcfa sur 3 ans, pour toucher 300 producteurs affiliés à l’AUMN. A l’en croire, il s’agit d’une phase d’expérimentation, avec l’option d’une mise à échelle des pratiques concluantes. Il reste convaincu qu’une augmentation de la production de mangues, va impacter positivement toutes les populations de la zone des Niayes et de l’ensemble du pays. Et la mise en place d’une chaîne des valeurs va améliorer davantage les conditions de vie des populations. Et avec le projet Jaww Ji Mango Niayes, il s’agit de « la mise en œuvre d’une approche axée sur la recherche, l’analyse des besoins et l’adoption de pratiques agro-écologiques et d’agroforesterie visant un développement durable de la chaîne des valeurs de la mangue ». C’est à travers l’adoption de meilleures pratiques, couplées à un meilleur financement, de manière à renforcer toute la chaîne de valeur et à accroître ultimement la résilience socio-économique des producteurs.