LE CŒUR BATTANT DU TEMPLE
Si l’Ucad était un corps humain, la Bu en serait le cœur tandis que les facultés, écoles et instituts de l’Ucad seraient les autres organes irrigués en savoirs conçus au cœur de la Bibliothèque universitaire (Bu)
D’après le classement UniRank 2023, l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) est la meilleure en Afrique noire francophone et la 21ème au niveau du continent. Parmi les facteurs ayant contribué à cette performance, figure en bonne place la Bibliothèque universitaire (Bu). Si l’Ucad était un corps humain, la Bu en serait le cœur tandis que les facultés, écoles et instituts de l’Ucad seraient les autres organes irrigués en savoirs conçus au cœur de la Bu. A l’occasion de la Journée mondiale des Archives, Bés bi choisit de mettre en lumière cette institution vieille de près de 60 ans et riche d’une collection d’un demi-million de documents. Il sera aussi question du projet de bibliothèque nationale défendu par le Pr Bernard Dione de l’Ebad. Enfin, cette célébration des archives coïncidant avec le 1er anniversaire de la destruction d’archives de l’Ucad, Bés bi est retourné sur la «scène du crime».
La métaphore du cœur
La Bibliothèque universitaire (Bu) peut être vue comme le cœur battant de l’Université. Tel un cœur qui pompe le sang pour nourrir les organes, Elle diffuse la connaissance vers les facultés, écoles et instituts de l’Université. Les chercheurs, les enseignants et les étudiants se rendent à la Bu pour puiser dans les ressources disponibles et s’en servent pour produire de nouvelles idées et découvertes. Ces nouvelles connaissances développées et vérifiées sont ensuite publiées et déposées à la Bu. Ainsi, le cycle se poursuit, avec la Bu et l’Université s’enrichissant mutuellement, tout comme le cœur enrichit continuellement le corps en pompant du sang pour approvisionner les organes en nutriments et en oxygène. En résumé, la Bu joue un rôle central dans la circulation de la connaissance, comme le cœur dans la circulation du sang, permettant à l’Université de grandir et de prospérer grâce à un échange de savoirs.
Des chiffres vertigineux
Cette métaphore illustre l’importance de la Bu qu’on peut considérer comme un organe vital de l’Ucad qui lui doit en partie sa place de première Université francophone d’Afrique noire. Il faut dire que les chiffres de la Bu donnent le tournis : Une collection riche de 500 000 documents, 6 122 visiteurs par jour, 1 323 181 visites par an. Le tout géré par 77 agents. Parmi le demi-million de documents rangés sur les étagères ou stockés à la Bu, figurent des œuvres au programme dans les différentes facultés, écoles et instituts, mais aussi des monographies, des périodiques, des thèses et mémoires. La Bu dispose également d’une collection d’ouvrages rares et précieux. On y trouve des cartes et manuscrits anciens dont certains remontent au 16ème siècle. Des documents inédits et des documents épuisés sur le marché complètent cette collection rare et ancienne constituée de 1050 documents en tout. Comme dans la plupart des bibliothèques, les adhérents peuvent emprunter et emporter certains documents tandis que d’autres peuvent juste être consultés sur place. D’après le Rapport d’activités 2016-2018, le budget de l’institution s’élevait à près de 255 millions de FCFA en 2018. Cet argent était alloué au fonctionnement de l’institution et à la documentation. Durant la même période, les recettes collectées atteignent un total de près de 45 millions de FCFA répartis comme suit : 37 millions issus des inscriptions, près de 5 millions issus des amendes (pour livres perdus, endommagés ou rendus en retard ?) et près de 3 millions issus de la location.
Impressionnant mais est-ce suffisant ?
C’est au début des années 2000 que la Bu s’est dotée de sa structure actuelle constituée de deux bâtiments bleus rectangulaires et parfaitement symétriques encadrant une bâtisse rouge surmontée d’une toiture en forme de livre ouvert vers le ciel. En face, se trouve l’immensité de l’Océan Atlantique. L’ensemble offre une surface disponible de 14 200 m2 qui accueille le demi-million de documents dont certains sont rangés sur les étagères et d’autres stockés et précieusement conservés. La Bu contient aussi des espaces de lecture et d’études, des salles de conférences, des box individuels, une salle-cyber, etc. En tout, 1729 places assises sont disponibles. Impressionnant mais est-ce suffisant ? En 1999, l’Ucad comptait 25 000 étudiants. En 2023, on est passé à 89 589 étudiants ; or le nombre de places offertes par la Bu est restée presque inchangé. La mise en place d’une bibliothèque numérique permet non seulement d’accommoder ce surplus d’étudiants mais aussi et surtout de protéger les collections de l’usure ou du vol.
Une bibliothèque à l’assaut du numérique
La bibliothèque numérique de l’Ucad permet un libre accès à une partie de sa collection incluant thèses et mémoires, articles scientifiques, publications de l’Université et documents rares. Pour l’instant, probablement à cause de problèmes de droits d’auteur, une majorité de livres disponibles à la Bu ne sont pas numérisés. Les étudiants et chercheurs doivent donc les acquérir eux-mêmes ou emprunter les quelques exemplaires disponibles à la Bu. Toutefois, il faut noter que la bibliothèque est abonnée à des revues scientifiques internationales telles que Scholar Vox et Cairn. Les étudiants inscrits peuvent donc accéder en ligne à des publications scientifiques dans différents domaines du savoir. Autant le bien-être du corps dépend de la santé du cœur, autant la performance de l’Ucad est inévitablement liée à l’état de la Bu. C’est le cœur battant du temple ou serait-ce le puits qui désaltère le sanctuaire ?