INTERVIEW EXCLUSIVE AVEC L'ATHLÈTE LOUIS FRANÇOIS MENDY
Le nouveau champion d'Afrique aux 110m haies s'exprime quelques jours après la polémique autour de sa prime dérisoire (80.000).
iGFM (Dakar) Le nouveau champion d'Afrique aux 110m haies, Louis François Mendy, a accordé une interview exclusive à IGFM, quelques jours après la polémique autour de sa prime dérisoire (80.000). Sans hésiter, l'athlète sénégalais est revenu sur cette affaire qui a fait grand bruit dans le pays. Celui qui représentera le Sénégal aux JO de Paris, a aussi analysé sa performance lors des 23es championnats d'Afrique tenus à Douala la semaine dernière. Ci-dessous la première partie de l'interview.
"À Douala, je ne peux pas me réjouir de cette performance. Je cherchais plutôt la médaille que la performance. Les conditions n'étaient pas réunies à 100% pour que je puisse faire une grosse performance."
Sa médaille d'or à Douala
"L'objectif était juste d'être champion d'Afrique afin de pouvoir poursuivre ma saison tranquillement parce qu'on nous avait dit que ce n'était pas un bon stade. C'est en ce moment que je me suis dit que ce serait difficile d'avoir une bonne performance. Ce qu'il faut c'est d'avoir la médaille d'or et passer à autre chose. C'est ce que j'ai fait finalement. Je me rappelle bien, j'avais perdu ce titre en 2022, à cause d'une chute. Après, je me suis juré que je ferai le maximum au prochain champion d'Afrique. J'étais sur une bonne pente et là je suis devenu champion d'Afrique. Je sais me concentrer.
Je suis satisfait car ce n'est pas donné à n'importe qui de devenir champion d'Afrique. Déjà, dans les hôtels, les voyages...parfois c'est un peu compliqué. Si Dieu t'aide à devenir champion d'Afrique, tu es content même si c'est en 15 secondes.
On connaît bien ce qui se passe en Afrique. Tous les moyens ne sont pas réunis surtout dans certains pays. Avec moi, c'est un peu compliqué. Mais j'ai une bonne mentalité. Je me prépare en conséquence, c'est ma façon de vivre. Je me prépare à tout, c'est ce que me dit mon grand-père. Il faut faire focus et savoir ce que l'on veut. C'est la détermination. Il y a quelque chose qu'on oublie souvent, c'est la discipline. Si tu l'as, c'est bon. Il y a la rigueur, le mental aussi."
Embrouille avec le ministère des Sports
"Quand l'affaire a fait du bruit, c'est mon papa qui m'a appelé. Le président du Comité olympique (Diagna Ndiaye) et Amadou Dia Ba m'ont aussi appelé. Diagna a fait un appel à trois entre lui, mon père et moi pour essayer de me calmer. Ils m'ont dit que le ministère va s'en occuper. D'après les échos que j'ai eus, le ministre (sports) avait décidé de nous recevoir avec nos médailles. Mais moi je suis rentré directement en France mais on est en Afrique, il y a toujours des promesses. Après, j'ai appris que ce sera peut-être lors de la cérémonie de remise du drapeau avant les jeux olympiques. On m'a demandé de me calmer, qu'ils allaient régler ça autrement. Après tout, je suis quelqu'un qui ne parle pas trop aux médias, ni sur les réseaux sociaux. Mais parfois, il faut que tu parles pour que les gens sachent ce qui se passe."
Sa nuit cauchemardesque après la prime dérisoire de 80.000
"J'ai un mental extraordinaire, je fais focus souvent. J'ai un mental de fer car j'ai traversé beaucoup d'épreuves dans ma vie. Ceux qui me connaissent le savent. Quand j'ai fait ce post, pour dénoncer ce qui s'est passé, j'ai parlé à Amadou Dia Ba et à mon DTN aussi que je remercie beaucoup. Après j'ai tourné cette page. J'avais tenté de joindre ma maman pour lui en parler, mais c'était impossible car elle avait un décès. J'avais éteint mon téléphone pour dormir. À mon réveil vers 6h du matin pour prier, j'ai rallumé mon téléphone et j'ai vu que j'avais reçu beaucoup de messages. C'est après que j'ai reçu l'appel de Diagna. Le lendemain aussi, j'ai reçu d'autres appels. Finalement, je me suis concentré sur ma propre personne parce que je ne pouvais pas répondre aux commentaires.
Je suis passé à autre chose, car j'ai une compétition cette semaine et il y a d'autres échéances qui arrivent. La vie, ce n'est pas que Louis François. Certes, je ne peux oublier ce qui s'est passé, car le coup est déjà parti mais je dois aussi me concentrer sur mon avenir."