QUAND L’ARGENT DE LA DROGUE PROFITE AUX NARCOTRAFIQUANTS
Comptes bancaires offshore, immeubles de standing et parcs de véhicules luxueux, les convoyeurs et narcotrafiquants ne comptent reculer devant rien
Avant-hier à Tambacounda, les hommes du directeur général des douanes, Dr Mbaye Ndiaye, se sont encore distingués dans la lutte acharnée contre le trafic international de drogues. Ils ont procédé à une saisie de 365,4 kg cocaïne d’une valeur de près de 30 milliards CFA. Cette dernière saisie en date laisse croire que les convoyeurs et narcotrafiquants ne comptent reculer devant rien comme s’ils tiraient profit de failles…juridiques.
Jusqu’à une époque récente, une importante quantité de cocaïne saisie apparaissait aux yeux des Sénégalais comme étant un événement exceptionnel ! Lequel se retrouvait donc comme il se doit sous les feux de l’actualité. Hélas ! Avec les multiples quantités de cocaïne saisies ces derniers temps par les redoutables douaniers, les opérations « coke » sont en passe de se banaliser. La dernière saisie en date a été effectuée avant-hier à Koumpentoum (Tambacounda) où les unités mobiles de la Douane ont réalisé une saisie de 338 plaquettes de cocaïne d’un poids total de 365,4 kg représentant une valeur marchande de près de 30 milliards CFA. La drogue était dissimulée dans une cachette aménagée sous le plateau d’un camion-remorque. Au total, en moins de sept mois, près de 3 tonnes de cocaïne d’une valeur de 250 milliards CFA ont été saisies par les perspicaces et redoutables gabelous.
Ces convoyages de drogues laissent croire que les narcotrafiquants ne comptent guère abandonner la destination Sénégal. En réalité, c’est comme s’ils tiraient profit de failles de la législation sénégalaise pour convoyer dans notre pays leur marchandise de la mort. Alors que dans des pays comme le Soudan, le Nigeria, la Chine, l’Indonésie, l’Arabie Saoudite, les Usa etc., le trafic de drogue est criminalisé et la peine de mort appliquée aux trafiquants, au Sénégal cette peine capitale n’existe pas. Mieux les trafiquants, pourvu qu’ils soient des Européens, sont libérés au bout de quelques semaines tandis que leurs complices sénégalais, eux, croupissent durant de longues années en prison où ils sont oubliés. C’est le cas de notre compatriote « Toubèye ».
L’adage qui dit que « Bien mal acquis ne profite jamais » subit régulièrement un cinglant démenti au Sénégal où l’argent sale de la drogue profite bel et bien aux narcotrafiquants. En effet, les trafiquants et autres parrains sénégalais de la drogue ne tombent pratiquement jamais avec leurs biens. Ailleurs, une fois arrêté, jugé et condamné, le narcotrafiquant voit tous ses biens mobiliers, immobiliers et avoirs bancaires saisis. Même dans l’attente d’un procès, le trafiquant présumé devait subir la loi d’une mesure conservatoire c’est-à-dire la confiscation de ses biens et avoirs le temps qu’il soit jugé. Car la justice dans ses différentes dispositions ordonne la confiscation au profit du Trésor public de produits tirés de la drogue, des biens mobiliers ou immobiliers dans lesquels les fonds de la drogue sont transformés ou convertis etc.
Toujours est-il que le Sénégal est l’un des rares pays au monde où le trafiquant de drogue arrêté et condamné ne s’inquiète pas pour son patrimoine composé en général d’immeubles, de parcs de voitures de luxe, de restaurants, d’agences de voyages et d’auberges construits ou implantés partout à Dakar notamment à Sacré-Cœur, Almadies, Mamelles, Dakar-Plateau, Saly-Portudal, Yoff etc. Sans oublier les différents entreprises prête-noms et autres comptes bancaires offshore.
Il est vrai que la lutte contre le trafic international de drogue que mènent les braves douaniers a porté ses fruits, mais la lutte contre le blanchiment de l’argent de la drogue semble être un échec quasi complet. La répression pénale voire la punition, c’est un autre débat ! A bien des égards, l’argent sale de la drogue profite bien aux narcotrafiquants. Qui ne sont donc pas près d’abandonner la destination Sénégal ! Où les attendent nos braves douaniers…