LA SAED, LA DPV ET L’ARMEE À L’ASSAUT DES OISEAUX GRANIVORES
La pression aviaire sans précédent lors de la récente saison sèche a anéanti près de 50% de la production rizicole record, laissant les agriculteurs lourdement endettés
La lutte contre la pression aviaire reste une préoccupation majeure pour les responsables de la Société nationale d’Aménagement et d'Exploitation des Terres du Delta du Fleuve Sénégal et des Vallées du Fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED). Chaque année, les oiseaux granivores dictent leur loi et causent d’énormes préjudices aux producteurs de la Vallée du Fleuve Sénégal. Ces derniers peinent souvent à rembourser leurs dettes aux banques, à causes des pertes de leurs productions rizicoles. Mais aujourd'hui, la SAED, appuyée par la Direction de la Protection des Végétaux (DPV) et l'Armée, mène une lutte intense contre ces oiseaux granivores.
Les nombreux dégâts souvent causés par les oiseaux granivores chez les producteurs de riz de la Vallée du Fleuve Sénégal n’ont pas laissé indifférents les responsables de la SAED qui, dernièrement, ont corsé la lutte contre cette pression aviaire. Une problématique qui est à l’origine de pertes énormes dans la production de riz au niveau de la Vallée du Fleuve Sénégal.
«Depuis quelques années, on a noté une pression aviaire sans précédente. Par exemple, la saison sèche chaude 2023, on avait emblavé presque plus de 50.000 hectares en riz, c’était d’ailleurs un record car, pour la première fois dans l’histoire de l’agriculture irriguée au niveau de la Vallée du Fleuve Sénégal, on avait fait autant de superficie. Mais, malheureusement, au moment de la récolte, par extraordinaire, les oiseaux granivores sont venus en masse s’attaquer à cette production. Et ce sont presque 19.000 hectares de riz qui ont été complètement perdus», a regretté Aboubacry Sow, Directeur général de la SAED. C’était, d’après lui, une situation extrêmement difficile qui a fait qu’aujourd’hui les agriculteurs doivent énormément d’argent à La Banque Agricole (LBA) parce que le taux de remboursement n’a même pas atteint les 50%. Abondant dans le même sens, le responsable pour la zone Nord de la Direction de la Protection des Végétaux (DPV), Médoune Diop, chargé de la lutte phytosanitaire, d’expliquer que chaque oiseau granivore peut détruire 10 grammes de riz par jour. «Si vous voyez les vagues qui nous viennent de la Mauritanie et des zones de typhas au niveau du Fleuve, on a des milliers d’oiseaux. Donc ce sont des pertes considérables que ces vagues d’oiseaux causent aux agriculteurs», a-t-il indiqué.
Pour sa part, le patron de la SAED a insisté sur la nécessité de renforcer cette lutte antiaviaire afin de redonner de la confiance aux agriculteurs. «C’était une surpriorité pour nous et ce qui a fait que pour cette année nous avons vraiment engagé la bataille avec tous les moyens qu’il fallait », a renseigné Aboubacry Sow, avant de rappeler qu’il est impératif que toutes les conditions soient réunies pour pouvoir atteindre la souveraineté alimentaire. «L’une des conditions premières pour que les agriculteurs retournent dans les parcelles, c’est de leur garantir qu’il n’y a pas d’oiseaux qui vont décimer la production. C’est pourquoi la lutte antiaviaire, c’est la première des priorités avant de penser à la production», a précisé M. Sow.
C’est d’ailleurs ce qui justifie la visite nocturne et risquée qu’il a effectuée récemment dans le fleuve, allant à l’assaut des oiseaux granivores. «On a fait presque 15 kilomètres à bord d’une pirogue dans le Fleuve Sénégal. Et, pour moi, c’était une expérience car il fallait voir de visu la situation et savoir quelles étaient les mesures réelles qu’il fallait prendre pour une lutte efficace de cette pression aviaire», a-t-il conclu.