LES SLOGANS, C’EST DE L’AGITATION ET DE LA PROPAGANDE
Chérif Sy passe au crible la politique économique du nouveau gouvernement à ses 100 premiers jours. Si l'économiste salue certaines avancées diplomatiques, il reste circonspect face aux slogans souverainistes des autorités
La politique cède la place à l’économie. Et c’est un grand qui est l’invité des Rédactions de E-media ce vendredi. Chérif Salif Sy tombe sur les 100 jours de Bassirou Diomaye Faye à la tête du Sénégal. Il dissèque la politique économique souverainiste du nouveau régime, entre autres sujets.
L’invité des Rédactions de E-Media par la langue économie. A l’heure des 100 jours du président Bassirou Diomaye Faye, Pr Chérif Salif Sy relativise : «Ces histoires de 100 jours ne sont que des concepts à la mode. Il faut admettre qu’il est difficile de faire un bilan en 100 jours. Parce qu’il y a d’abord un bilan de ceux qui étaient là qu’il faut faire.» L’ancien conseiller du président Abdoulaye Wade rappelle : «A l’arrivée de Macky Sall en 2012, un an après, j’avais déclaré qu’il n’y avait pas de rupture. Pour ce gouvernement aussi, il y aura forcément une continuité parce qu’il ne peut pas avoir beaucoup de marges de manœuvre.» Pr Sy met les slogans des nouvelles autorités dans le lot de «l’agitation et de la propagande». Et, concède-t-il, «ça fait partie de la politique». Cependant, pour ces 3 mois de Diomaye-Sonko, il dit être «rassuré» par la diplomatie du bon voisinage et l’image du Sénégal qui est respectée dans le continent et ailleurs.
«La souveraineté est impossible…»
L’ancien enseignant à l’Ecole nationale d’économie appliquée (Enea) est également revenu en long et en large sur la doctrine du souverainisme des nouveaux dirigeants. Mais Chérif Salif Sy n’est pas emballé et tempère. «On parle de souveraineté économique, monétaire, de liberté totale de se choisir ses partenaires, de rompre tous les contrats, personne ne prendrait ce risque, etc. Prenons la souveraineté numérique : comment peut-on y arriver alors qu’on n’a pas de bases de données scientifiques requises, les financements suffisants. On veut compter sur les seules forces de son pays, sur les seules ressources financières qui ne sont pas suffisantes,… Alors, cette souveraineté est impossible. Sinon, les Etats-Unis l’auraient fait. Ils ont quand même misé sur le ‘’brain drain’’», a-t-il dit. Il souligne, en revanche, que cet idéal de souveraineté a été ressuscité par le Covid qui a mis à rude épreuve même les grandes puissances qui ont voulu se ressaisir en repensant la souveraineté alimentaire, pharmaceutique… «Encore une fois, il n’y a pas de souveraineté absolue, mais relative», a-t-il insisté.