LE PROCES EN APPEL DE LA TUERIE DE BOFFA BAYOTTE OUVERT AU TRIBUNAL DE ZIGUINCHOR
Près de 10 heures d’horloge pour une première journée d’audience : les prévenus Omar Ampoi Bodian et le journaliste René Capin Bassène ont nié tous les faits qui leur ont été reprochés.
Près de 10 heures d’horloge pour une première journée d’audience : les prévenus Omar Ampoi Bodian et le journaliste René Capin Bassène ont nié tous les faits qui leur ont été reprochés. Si Omar Ampoi Bodian qui a tenté de démonter toutes les accusations, a précisé à la Cour qu’il n’est pas indépendantiste mais séparatiste, René Capin Bassène tantôt serein tantôt emporté s’est illustré par des réponses fracassantes qui ont obligé la Cour à l’appeler au calme.
Deux ans après son jugement en première instance, l’affaire de la tuerie de Boffa Bayotte refait surface avec le jugement en appel qui a démarré hier, mercredi, au tribunal de Ziguinchor. Omar Ampoi Bodian, chargé de mission du Mfdc, et le journaliste René Capin Bassène étaient à la barre. Pendant plus de huit heures d’horloge, René Capin et Omar Ampoi se sont prêtés aux questions de la Cour. Devant une salle archicomble, les prévenus ont tenté de balayer toutes les accusations portées contre eux.
«Je ne suis pas indépendantiste, je suis séparatiste», dixit Omar Ampoi Bodian Serein au tout début de l’interrogatoire, Omar Ampoi Bodian craque et verse des larmes lorsqu’il retrace le film de son arrestation dans cette affaire. Celui qui se réclame chargé de mission du Mfdc exclut toute participation à ce massacre du 8 janvier 2018. « Je suis bien membre de l’aile politique du Mfdc », déclare Ampoi Bodian qui, interpellé sur le rôle qu’aurait joué le chef rebelle César Atoute Badiate dira : « je ne saurais dire que c’est César qui a tué. Je ne suis pas sûr que César soit intervenu ou pas. De façon honnête et devant Dieu, il m’a dit que ce n’est pas lui, je m’en tiens à ses propos». Avant de préciser au président de la Cour : « Je ne suis pas indépendantiste, je suis séparatiste». M..Bodian va par suite dégager toute implication suspecte dans la réunion tenue entre des responsables du comité de surveillance villageoise et des responsables de l’aile armée du Mfdc. « Monsieur le Président, j’ai juste conduit la délégation mais je n’avais pas droit au chapitre. Mes missions sont précises… », lance-t-il. Et répondant à une question de l’avocat général qui l’interpelait sur sa qualité exacte pour accomplir une telle mission, Ampoi Bodian réplique : « je suis de l’aile politique, je ne peux pas faire injonction sur l'aile militaire»
Se réclamant certes du Mdfc, Ampoi Bodian balayera d’un revers de main toute complicité dans cette affaire. « Monsieur le juge, je ne suis pas complice, je n’ai aucune dette de complicité, je n’ai pas les mains sales …», lance-t-il avant de se prêter aux questions de certains de ses conseillers. Après Ampoi Bodian, c’était au tour du journaliste René Capin Bassène de passer devant la barre. René Capin : « Vous êtes en train de m’accuser … »
Entre les questions du président de la Cour et les réponses du journaliste René Capin Bassène, les échanges étaient souvent très tendus au point que le président rappelait même à l’ordre M.Bassène. « Restez calme, je ne vous accuse pas. Je ne cherche pas à vous accuser … » lâchera le président qui l’a interpellé sur ses fameux mails et les échanges trouvés sur son ordinateur. Des questions qui ont emporté le journaliste qui a contesté certains passages de son audition avec le juge d’instruction. « Je suis resté de 10h à 3h du matin sans manger ni boire. Et le juge m’a interdit de manger. J’ai signé. La seule chose que je voulais, c’était repartir», déclare-t-il avant de nier les déclarations faites lors de son audition. Et lorsque l’avocat général lui demande « pourquoi vous avez signé ce procès verbal ? », René « très excité » réplique : « je ne suis pas un homme de droit. Si c’était aujourd’hui, je n’allais pas signer». Tantôt calme tantôt très agité, le journaliste sera interpelé par l’avocat général : « Allez-y doucement. Ce n’est pas comme ça qu’on parle aux membres du tribunal». René dira alors ; « c’est ma nature». Hier, au tribunal de Ziguinchor, on a assisté à une audience marathon qui s’est achevée à 21h 10. Le procès se poursuit ce jeudi.