DES NOUVEAUX RICHES ET DES NOUVEAUX PAUVRES, PAR VAGUES
Il y en a qui n’en peuvent plus. Au diable les promesses électorales : les appels à candidatures attendront… Surtout ceux qui en savent trop pour être snobés. Mais ces maigres consolations ne font pas que des heureux dans les rangs des disciples du Projet
Après la barre des cent jours de magistère passée, le nouveau régime, sous la houlette du tandem pastefien Bassirou Diomaye Faye – Ousmane Sonko, n’en finit pas de s’installer…
Ça se hâte lentement.
Passons sur l’annonce téméraire du Conseil des ministres qui apprend au peuple des 54 % d’électeurs que le « Projet », vendu sur tous les tons depuis une décennie, avec une montée d’adrénaline sanglante depuis 2021, est en phase d’écriture. T’inquiète, c’est juste une affaire de quelques mois, mon pote !
Pour l’heure, certes, il faut parer au plus pressé. Il y en a, dans le premier cercle, qui n’en peuvent plus. Au diable les promesses électorales : les appels à candidatures attendront… Surtout ceux qui en savent trop pour être snobés.
Il y en a bien un, apparemment talonné par les urgences, depuis l’Amérique, qui en lâche des petits bouts inavouables, en précisant quel retour sur investissements il attend. Pensez donc, son million de dollars dépensés à la gloire du président de la République (putatif) Ousmane Sonko, PROS, à financer, dit-il avec quelque regret, des cocktails Molotov ; que dire de ses « live » religieusement suivis par les martyrs du « Projet » dont les plus engagés sont morts mystérieusement ? Des ménages disloqués, avoue-il, faussement modeste et repentant, rien que par ses prophéties ? Il n’en doute pas une seconde, le PROS est le Sauveur, le Projet, l’Arche de Noé et lui, le moussaillon sans lequel la barque sombrerait à la première tempête…
Le souci : ils ont oublié de l’embarquer… Là, il se trouve un peu seul et à court d’arguments comme de munitions. Sa première salve de rappel ne suffisant pas, après quelques semaines de patiente expectative, il en rajoute une couche pour la route, un peu en deçà de la ceinture.
On ne va pas s’attarder pour si peu, n’est-ce pas ?
Les affaires de la République n’attendent personne : il y a des vendeurs à la sauvette à déguerpir, des motocyclistes incontrôlables à remettre dans le droit chemin, des entrepreneurs trop prospères à appauvrir, des groupes de presse à mater, des activistes à jeter en prison, des privilégiés à renvoyer au rang de simple mortel.
En résumé, le peuple des gueux qui attend que justice lui soit rendue, est aux premières loges pour commenter la dégringolade des pontes du régime mackyavélique. Ah, le bonheur de pouvoir raconter en statut sur Facebook, photo à l’appui, la rencontre à l’arrêt des Tata brinquebalants, avec ce voisin devenu sympa, l’ancien ministre qui vous dépasse en berline le trimestre d’avant et fait semblant de ne pas vous reconnaître. Il a le boubou humblement froissé, la babouche plissée, le visage déjà émacié. Il pousse la modestie jusqu’à échanger avec vous son numéro de portable avec lequel il se permet des familiarités via WhatsApp.
On se sent réconforté pour bien moins que ça.
Il n’empêche que ces maigres consolations ne font pas que des heureux dans les rangs des disciples du Projet. Il leur faut du concret, du palpable, du cash de préférence… Pour l’heure, ça distribue les postes aux proches « méritants ». Ceux que l’on remarque sur tous les fronts, quand le « Projet » semble compromis, depuis début 2021. Beaucoup parmi cette faune rebelle passent par la case prison, histoire d’y précéder le chef, qu’on désigne sous le vocable respectueux de « mou sèll mi ». C’est la seule digne réponse aux grotesques accusations d’une anonyme masseuse surgie de nulle part, comprenez quelque île du pays sérère, laquelle cherche le buzz. La garce est encadrée par un escadron de la mort politique, spécialement constitué par Macky Sall et sa smala pour enterrer vivant le favori de 2024.
Comme on dit quand tout est compromis, et qu’un miracle survient, Dieu est aux commandes. En un mot comme en cent, le vent tourne et tout ce beau monde, après le 24 mars 2024, peut plastronner.
Ça mérite récompense, malgré tout ce que peuvent en penser les esprits chagrins.
Les nominations s’enchaînent depuis, à chaque sortie des Conseils de ministres, comme autant de délibérations aux examens, pendant que l’entrée en sixième, le Bac et le BFEM égrènent leurs lots de malheureux et d’heureux potaches.
Passé l’effet de surprise, on s’y fait : les appels à candidatures que le « Projet » vend depuis une décennie peuvent encore attendre, sans doute le mandat de PROS. Là, c’est Diomaye qui est aux manettes et, manifestement, il chauffe le fauteuil du PROS, que la malchance installe dans le trop étroit maroquin de Premier ministre et qui se contente modestement de bivouaquer au Petit Palais.
Son humilité et sa générosité, que dis-je, sa modestie et son altruisme, le perdront.
La semaine passée, d’un coup, près de quatre-vingts mâles nominations et quelques femelles attributions. Les féministes qui ne se sont pas rebellées quand Adji Sarr hurlait à la mort, ne se fouleront pas non plus pour si peu.
Il faut croire que dans les troupes, ça commence à crever la dalle et qu’il n’y a plus lieu d’attendre. Les premiers servis, bien entendu, au tout début, sont de la famille proche, du cercle restreint.
Au temps des vaches maigres, rappelons-le, ils font alors feu de tout bois, payent de leur personne, de leur intégrité et même de leur probité pour que l’Elu échappe aux sombres et non moins sordides complots ourdis depuis les officines mackyavéliques du Palais.
Ce n’est que justice.
Quant à la bande de pillards qui mettent ce pays à genoux depuis si longtemps, ils ne perdent rien pour attendre. Le tout nouveau patron de la RTS, Pape Alé Niang, qui a l’habitude d’ouvrir le bal, vient d’allumer la mèche : il faut « dire la vérité au Peuple » poste-t-il personnellement, à l’attention de ses patrons qu’il interpelle publiquement. L’écho lui provient de Fadilou Keïta, le nouveau patron de la Caisse des Dépôts et Consignations : la bande à Macky est une association de malfaiteurs qui ne laisse derrière elle qu’un champ de ruines.
C’est l’halali qui vient d’être lancé, pour que la vague de nouveaux pauvres inonde la cité.