LA GUERRE DE 100 JOURS
Je ressens le besoin d’une presse qui s’engage à analyser les réformes en cours avec rigueur et impartialité. Ce n’est qu’en s’élevant au-dessus des querelles mesquines que la presse pourra assumer pleinement son rôle
Depuis l’avènement du nouveau gouvernement en avril, une certaine presse semble s’être engagée dans une véritable croisade démagogique contre les initiatives d’Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye. Des articles récents illustrent parfaitement cette dérive populiste et sensationnaliste qui gangrène notre paysage médiatique.
Prenons d’abord l’article qui évoque la proposition de vendre l’avion présidentiel pour financer des cliniques mobiles. À première vue, cette idée pourrait séduire par son apparente simplicité et son potentiel symbolique. Cependant, ce raisonnement repose sur un simplisme trompeur. Vendre un avion présidentiel n’est pas une simple transaction ; c’est une décision mêlant symbolisme politique et pragmatisme financier. Réduire ce sujet à une solution miracle pour améliorer notre système de santé, c’est ceder à la démagogie la plus grossière. Les réformes de santé devraient être jugées sur leur durabilité et leur structuration, plutôt que sur des gestes symboliques destinés à flatter l’ego d’une presse avide de titres accrocheurs.
Ensuite, les critiques indignes sur le sac et les chaussures d’une des premières dames Faye, révèle une autre facette de ce journalisme dévoyé. Les médias semblent plus préoccupés par les querelles personnelles et les critiques acerbes que par une analyse approfondie des politiques publiques. Ce type de journalisme détourne l’attention du public des véritables enjeux. Au lieu de se concentrer sur les insultes et les invectives, les médias devraient encourager un débat constructif et éclairé sur les défis et les solutions pour notre pays.
Il est navrant de voir les médias se vautrer dans la démagogie, préférant les titres chocs et les controverses stériles aux analyses sérieuses et aux critiques constructives. Le rôle des médias est d’informer et d’éclairer, non de fomenter des polémiques inutiles qui n!apportent rien au débat public. En adoptant une attitude plus responsable, les médias pourraient jouer un rôle crucial dans le développement et la stabilité du Sénégal. Au lieu de cela, ils alimentent une atmosphère de méfiance et de confusion, tentant d’empêcher le gouvernement de se concentrer sur ses priorités et de prouver sa valeur.
Depuis l’investiture de Bassirou Diomaye Faye et la nomination d’Ousmane Sonko comme Premier ministre, le nouveau gouvernement a annoncé des réformes ambitieuses. La décision de réaliser un état des lieux économique et financier pour dresser la situation générale des finances publiques est tout à fait nécessaire. Cette démarche, empreinte de pragmatisme et de vision, pourrait marquer le début d!une transformation systémique de notre pays, en phase avec les promesses de campagne de Faye et Sonko.
Cependant, certains médias semblent continuer à suivre une ligne éditoriale peu constructive. Cela soulève des questions sur leur capacité à jouer leur rôle de contre-pouvoir et à informer le public de manière objective. En tant que citoyen, je ressens le besoin d’une presse qui ne se contente pas de relayer des critiques, mais qui s’engage à analyser les réformes en cours avec rigueur et impartialité.
Il est temps que la presse sénégalaise se ressaisisse et prenne conscience de son rôle fondamental dans notre société. En se détournant de la démagogie et en revenant à un journalisme de qualité, les médias peuvent véritablement contribuer à la construction d’un Sénégal prospère et juste. Les cent premiers jours du nouveau gouvernement sont cruciaux, et j’espère sincèrement que les médias joueront le jeu en offrant une couverture équilibrée et éclairée des réformes en cours.
Ce n’est qu’en s’élevant au-dessus des querelles mesquines et en adoptant une approche journalistique digne de ce nom que la presse pourra assumer pleinement son rôle de quatrième pouvoir, garantissant ainsi un avenir prometteur pour notre pays. Les grandes figures littéraires telles que Victor Hugo, en son temps, ont utilisé leur plume pour éclairer et élever les consciences. Il est temps que la presse sénégalaise s’inspire de ces illustres exemples et reprenne sa place en tant que phare de la vérité et de la justice dans notre société.
Oumou Wane est présidente de Citizen Media Group-Africa7