VIDEOL'HISTOIRE AU SERVICE DE LA VÉRITÉ
Pour l'historien Mamadou Diouf, la tragédie de Thiaroye 44 est une clé pour décrypter les mécanismes de la domination coloniale, remettre en question l'identité sénégalaise actuelle et nourrir les ambitions souverainistes du pays
Mercredi 21 août 2024, la RTS a accueilli l'éminent historien Mamadou Diouf, professeur à l'université Columbia de New York, pour une interview sur l'avenir du Sénégal et son passé colonial. Au cœur de cet entretien : la commission chargée d'organiser le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, que Diouf préside.
"Thiaroye 44 n'est pas qu'un simple fait historique, c'est un tournant dans la conscience africaine", a déclaré Diouf. Cette tragédie, où des tirailleurs sénégalais furent massacrés par l'armée française en 1944, cristallise selon lui les contradictions de l'empire colonial français et l'éveil des revendications africaines.
La commission, mise en place par le gouvernement, a pour mission de "faire la lumière sur ce passé pour mieux éclairer notre avenir", explique l'historien. Elle rassemblera preuves, témoignages et documents pour établir enfin la vérité sur ces événements longtemps occultés.
Pour Diouf, l'étude de Thiaroye est cruciale à plusieurs titres. D'abord, elle permet de comprendre les mécanismes de la domination coloniale et ses séquelles. Ensuite, elle offre un miroir à la société sénégalaise actuelle, questionnant son rapport à l'histoire et à la France. Enfin, elle s'inscrit dans une démarche plus large de souveraineté et de panafricanisme, chère au nouveau gouvernement.
"En revisitant Thiaroye, nous ne cherchons pas la revanche, mais la justice et la vérité", insiste le professeur. "C'est un acte politique qui éclaire le chemin que nous avons choisi : celui de la souveraineté et de l'unité africaine."