SAINT-LOUIS, LES FEMMES IMPACTÉES PAR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE HAUSSENT LE TON
Ces activistes pour la justice énergétique et climatique ont organisé une tournée où elles ont alerté sur les conditions de vie difficiles des déplacées de Khar Yalla, victimes de l'érosion côtière.
Des membres du Rassemblement des femmes pour la justice énergétique et climatique ont organisé une visite de trois jours dans la capitale du Nord. Une tournée qui a été mise à profit par les délégations de Joal, de Kayar, du delta du Saloum, de Bargny et de Kédougou pour partager leurs expériences avec leurs sœurs de Saint-Louis fortement touchées par l'érosion côtière. L’occasion a été également saisie par les participantes à l’Assemblée de l’énergie pour alerter les autorités sur les dures conditions de vie des femmes de Khar Yalla.
L’étape du quartier Khar Yalla, site de relogement des familles sinistrées de la langue de Barbarie, a été une belle occasion de plaidoyer et d'alerte des femmes membres de l’Assemblée de l'énergie. Pour la porte-parole des femmes impactées, Fama Sarr, depuis bientôt 10 ans, elles vivent le calvaire et sont victimes d’un oubli volontaire de la part des autorités. ‘’Depuis 2016, plus de 2 000 personnes, dont une grande majorité de femmes, sont impactées par l'avancée de la mer. Elles vivent au quartier Khar Yalla dans des conditions inhumaines. Il est inconcevable d’admettre qu’un site se trouvant dans la commune de Saint-Louis, qui compte plus de 2 000 âmes, ne dispose ni d’eau ni d'électricité. Pire, depuis leur installation sur le site, les familles déplacées ne bénéficient ni de district sanitaire ni d’infrastructures scolaires. C’est pourquoi nous fustigeons la passivité de l'État qui était là et interpellons les nouvelles autorités pour des solutions de justice sociale’’, a martelé Fama Sarr.
Pour renverser la tendance, a-t-elle ajouté, les femmes impactées doivent changer de stratégie dans leur lutte. ‘’Il est temps de changer de discours et nous sommes là pour les sensibiliser sur les diverses formes de lutte pour leur survie. Avec la justice climatique, les populations ont le droit à l'énergie, ce qui est primordial. Raison pour laquelle nous avons jugé nécessaire de les organiser et de faire campagne pour une énergie durable, propre et pour des alternatives de développement’’, a expliqué Mme Sarr.
Les hautes autorités interpellées sur la question
Pour la présidente de l'Union locale des femmes transformatrices, mareyeuses et micromareyeuses de Saint-Louis, l'heure n'est plus à la parole, il faut agir pour améliorer les conditions de vie des femmes impactées de Khar Yalla. ‘’Les logements sont dans de piteux états. Mais malheureusement, les familles déplacées n'ont que des permis d'occuper et n'ont pas le droit de faire des travaux d'extension. Elles n’ont même pas le droit d’y implanter des arbres pour améliorer leur cadre de vie. C'est pourquoi nous interpellons le président Bassirou Diomaye Faye, le Premier ministre Ousmane Sonko, le ministre de l'Environnement et le principal bailleur de ce projet, la Banque mondiale, pour venir constater de visu les conditions de vie à Khar Yalla. Ainsi, nous exigeons la régularisation de la situation de ces femmes ou leur relogement ailleurs dans des conditions optimales’’, a insisté Fama Sarr. Avant d’inviter leur ministre de tutelle, Maimouna Dièye, à venir constater les conditions de vie des femmes de Khar Yalla pour pouvoir les accompagner en matière de résilience par rapport aux changements climatiques.
Il faut signaler que pour la responsable au Conseil local de pêche artisanale et de lumière, synergie pour le développement, Fama Sarr, le choix de Saint-Louis n'est pas fortuit. Car, a-t-elle poursuivi, la rencontre de Saint-Louis a été une opportunité pour mieux préparer les futures luttes pour une justice énergétique et climatique des femmes impactées.