LA DÉMISSION DE CHEIKH TIDIANE DIEYE S’IMPOSE
Alors que la Garde des Sceaux promet toute la lumière sur l'affaire Onas, la question de l'immunité ministérielle resurgit. Cette crise ravive le souvenir des précédents politico-judiciaires, posant la question cruciale de l'éthique gouvernementale
L’affaire des marchés de l’Onas et du limogeage de Cheikh Dieng fait l’objet d’une enquête diligentée par le ministre de la Justice. Mais la crédibilité de la procédure et l’audition de Cheikh Tidiane Dièye n’étant possible que sur autorisation du président de la République, le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement ne peut plus rester dans le gouvernement. Et, selon Bes Bi Le Jour, l’affaire Farba Senghor est encore fraiche dans les mémoires.
«Pour le cas de l’Onas, je peux vous assurer que sur mes instructions, une enquête complète a été ordonnée. Et je dis bien une enquête sur l’ensemble des faits. Et je peux vous donner ma parole que la lumière sera faite sur cette affaire», a assuré le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, qui défendait, lundi, le projet de loi portant suppression du Cese et du Hcct. Cette sortie du Garde des sceaux appelle aussi plusieurs inter- rogations : la plainte de Thierno Alassane Sall est-elle rangée dans les tiroirs ? A-t-elle précédé celle de ses services ? Le dossier est-il confié au parquet financier ou parquet du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar ? Reste à savoir quelle voie sera choisie pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur cette affaire dans laquelle le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, Cheikh Tidiane Dièye est accusé par Cheikh Dieng, directeur général de l’Onas démis de ses fonctions. La logique voudrait donc, que le ministre Dièye aussi quitte le gouvernement et se mette à la disposition de la justice. Pour mettre à l’aise les enquêteurs et pour crédibiliser l’enquête elle-même. Il est clair que cette enquête ne peut se dérouler sans l’audition du ministre de l’Hydraulique. Or, il est couvert par le privilège de juridiction et ne peut être entendu sans l’autorisation du président de la République.
Jurisprudence Farba Senghor
En 2008, l’affaire du saccage des journaux l’As et 24H Chrono avait impliqué Farba Senghor, alors ministre des Transports aériens. Accusé d’être derrière cette expédition punitive, le Président Abdoulaye Wade n’avait eu d’autre choix que de démettre l’un de ses plus proches collaborateurs, par ailleurs chargé de la propagande du Pds. C’est ainsi qu’il a été limogé le 28 août 2008. Ironie de l’histoire, c’est l’actuel ministre de la Justice, alors procureur de la République qui avait entendu Farba Senghor. Ousmane Diagne avait, lors de sa conférence de presse, signifié être dans l’impossibilité d’entendre Farba Senghor en tant que ministre.
En 2004, Mamadou Seck, pour des accusations de détournements de fonds antérieurs à sa nomination comme ministre de la République avait rendu le tablier. Cheikh Tidiane Diéye chantre de la bonne gouvernance et de la reddition, ancien membre du forum civil va-t-il démissionner, le temps que la justice fasse son travail ? L’annonce de cette enquête par Ousmane Diagne relance le débat.