C’EST LA PREMIERE FOIS QU’ON ESSAIE DE FAIRE UNE DPG AU COURS D’UNE SESSION EXTRAORDINAIRE
Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République (Apr), dit être déçu par la démarche des autorités qui sont les premières à organiser la Déclaration de politique générale (Dpg) d’un Premier ministre en pleine session extraordinaire
Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République (Apr), dit être déçu par la démarche des autorités qui sont les premières à organiser la Déclaration de politique générale (Dpg) d’un Premier ministre en pleine session extraordinaire. Déplorant le fait que le chef du gouvernement «outrepasse» ses prérogatives dans le cadre de la reddition des comptes, M. Guèye dit appréhender «une volonté de mettre la Justice aux ordres».
La controverse autour de la date de la Déclaration de politique générale (Dpg) du Premier ministre Ousmane Sonko continue de faire jaser. Mais, certains pensent que cette controverse s’est peut-être dégonflée. La date du 11 septembre voulue par l’Assemblée nationale pour le déroulement de cet exercice laisse place à la date du 13 septembre prochain choisie par le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour que le Premier ministre Ousmane Sonko vienne présenter sa Dpg. Le chef de l’Etat définit ainsi un agenda pour la session extraordinaire en cours et la Dpg. Une démarche qui n’agrée pas Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République (Apr). Ce dernier a fait part de son pessimisme hier. «Le nouveau Sénégal, tant promis, est mal parti», soutient Seydou Guèye, qui était l’invité hier de l’émission «Jury du dimanche» sur IRadio.
«Si on en croit aux empoignades, à la diversion et surtout à la duplicité qui sous-tend tout ça au niveau de l’agenda de l’Assemblée nationale, on peut considérer que cela confirme que nous entrons dans un nouveau système de gouvernance préoccupant et régressif qui met de côté la Constitution de la République et ses dispositions, qui ne tient pas compte de la séparation des pouvoirs», appuie le porte-parole de l’Apr. Une Dpg en pleine session extraordinaire est ce qui intrigue M. Guèye, qui constate que le «président de la République met de côté la Constitution». «De mémoire de Sénégalais, c’est la première fois qu’on essaie de faire une Déclaration de politique générale au cours d’une session extraordinaire. Ça, il faut bien le constater. La Dpg est d’une telle importance qu’elle doit être faite, de mon point de vue, dans le cadre de sessions ordinaires. Tout cela est un très mauvais spectacle que nous offrons au monde après avoir fait le parcours qui est celui du Sénégal», se plaint l’ancien ministre-Secrétaire général du gouvernement.
«L’intérêt pour cette législature d’accueillir la Dpg du Premier ministre Ousmane Sonko», selon M. Guèye, «c’est d’informer l’opinion des orientations, des dossiers prioritaires, des objectifs et du cadrage politique». «Vous le savez, nous sommes toujours dans l’attente du Projet qui est toujours annoncé mais qui n’est pas encore partagé. On peut suspecter qu’il est déjà mis en œuvre à travers quelques éléments d’orientation dont le Premier ministre fait toujours le porte-voix», ainsi argumente-t-il pour justifier sa position. La déception, dit Seydou Guèye, est la chose la plus partagée, si l’on s’en tient à ses propos. «J’avais beaucoup d’espoir quand j’ai entendu le Premier ministre et son excellence, M. Bassirou Diomaye Faye, lors de son message à la Nation du 3 avril, immédiatement après son élection et sa prestation de serment, aller dans le sens de la concertation, du dialogue et de l’ouverture. Joignant l’acte à la parole, Il a engagé le dialogue sur la Justice, la réforme de la Justice. Mais aujourd’hui, on a l’impression d’une coprésidence qui ne dit pas son nom. Ce qui n’est pas codifié par notre Constitution et nos textes», regrette le responsable de l’Apr.
«Une volonté de mettre une Justice aux ordres»
La reddition des comptes annoncée par le Pm Ousmane Sonko a été abordée par Seydou Guèye, qui donne son avis sur la question. Il trouve «maladroite» la sortie du Pm évoquant les «interdictions de sortie du territoire» pour un tel ou un tel autre en parlant de cette reddition des comptes. «On a appréhendé une volonté de mettre une Justice aux ordres. Et c’est très mauvais pour le Sénégal. La deuxième chose, comment un Premier ministre peut-il dire que X, Y ou Z n’ont pas le droit de sortir du pays ? Ça, je crois que c’est une prérogative du juge», constate M. Guèye, qui trouve par ailleurs «normal» que cette reddition des comptes soit établie pour répondre à un besoin de «transparence et de bonne gouvernance» «Cette annonce est convenable… La reddition des comptes est une figure imposée. D’ailleurs, pour le principe de la bonne gouvernance, ce sont deux ou trois niveaux. Le premier niveau, c’est à titre préventif. Puisqu’il faut installer justement dans notre pays, cette culture de la redevabilité et de la bonne gouvernance. Et à ce titre, on a des structures qui s’en occupent. Première structure, ce sont les inspections internes des différents ministères. Deuxième niveau, c’est le contrôle financier. Troisième niveau, c’est l’Inspection générale d’Etat. Et quatrième niveau, c’est la Cour des comptes. Et là, on entre un peu après dans la séquence judiciaire», a soutenu le porte-parole de l’Apr.
D’après lui, cette reddition des comptes est un devoir «parce que lorsqu’il y a eu des changements au niveau du Conseil supérieur de la Magistrature, il y a eu un communiqué du Secrétariat exécutif qui disait craindre une chasse aux sorcières… Notre position, elle, est claire. Oui pour la reddition des comptes, mais non à une chasse aux sorcières…».