LES SOLUTIONS D'ADHA ET ENDA ECOPOLE CONTRE LA MIGRATION IRRÉGULIÈRE
Selon les deux organisations, les politiques de lutte contre la migration irrégulière continuent de révéler leurs limites malgré les efforts déployés
La tragédie de la migration irrégulière préoccupe au plus haut niveau “action pour les droits Humains et l’amitié (ADHA)” et ENDA ECOPOLE. Ces deux organisations ont entamé un fort plaidoyer pour des solutions durables et une nouvelle politique de jeunesse.
Une quarantaine de personnes ont péri dans le naufrage de leur embarcation le 8 septembre dernier au large de Mbour. Ce drame a plongé le Sénégal en état de choc. Et des organisations de la société civile parmi lesquelles “Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA) et ENDA ECOPOLE” ont pris leur bâton de pèlerin pour des actions de plaidoyer envers tous les acteurs concernés.
Même si elles ont salué la présence du président de la République à Mbour pour témoigner sa solidarité aux familles des victimes, “un geste empreint de compassion et d'empathie, fort apprécié”, ADHA et ENDA ECOPOLE relèvent toutefois ces drames à répétition appellent à une introspection et une réévaluation profonde des politiques de jeunesse et de migration afin de mettre en place des solutions durables.
Elles appellent de ce fait à un changement de paradigme urgent. A les en croire, depuis plusieurs années, les politiques de lutte contre la migration irrégulière continuent de révéler leurs limites malgré les efforts déployés. “Bien que financées à hauteur de plusieurs milliards de FCFA, elles n'ont malheureusement pas permis de freiner le phénomène et des milliers de jeunes continuent de braver les intempéries. Des initiatives de lutte contre la migration irrégulière, à l’image de la migration circulaire avec l'Espagne qui a mobilisé 85 milliards de FCFA entre 2019 et 2023, restent sans incidence réelle et même méconnues des jeunes, pourtant les premiers concernés”, regrettent-elles.
ADHA et ENDA ECOPOLE pointent dans la foulée du doigt l’opacité et le manque de communication érigés en règle de gestion mettent en lumière la déconnexion entre les solutions proposées et les attentes réelles de la jeunesse. Elles estiment qu’il est grand temps de repenser les approches de la question migratoire. Dès lors, elles préconisent des solutions adaptées et efficaces doivent être envisagées et élaborées dans un esprit participatif, avec les jeunes et pour les jeunes, en intégrant les réalités locales et régionales.“ Le modèle actuel renforce le mythe selon lequel la réussite ne se trouve qu’à l’étranger, créant ainsi un « sur espoir » qui pousse de nombreux jeunes à risquer leur vie dans des conditions précaires et dramatiques”, renchérissent-elles.
Par ailleurs, les deux organisations appellent à une remise en question du mythe de la diaspora. ADHA et ENDA ECOPOLE de marteler que la glorification excessive de la diaspora et des rémittences financières renforcent une idée fausse selon laquelle la réussite est uniquement possible hors de nos frontières. Ce narratif, bien qu’encouragé par certains, disent-elles, alimente l'illusion d'un prestige à l'étranger, souvent démenti par la réalité.
Selon elles, il est crucial de valoriser les réussites locales et de montrer à notre jeunesse que réussir au Sénégal et en Afrique est possible. “De nombreux Sénégalais contribuent activement au développement national sans quitter leur pays. Il est temps de mettre en avant ces exemples positifs et d’encourager les jeunes à envisager un avenir radieux sur leur propre sol”, lit-on dans leur communiqué parvenu à “L’AS”.
APPEL A L’ACTION
En outre, ADHA et ECOPOLE recommandent un investissement dans les infrastructures régionales. Selon elles, une solution durable pour freiner l’exode rural et la migration irrégulière réside dans la transformation de notre modèle de gouvernance de nos ressources, l’investissement massif dans les infrastructures éducatives et économiques régionales.
“La valorisation des espaces artisanaux et de créativité (artisanat de service et d’art) et de production communautaires, une meilleure organisation des métiers de l’automobile, agriculture, pêche et élevage, la décentralisation des espaces de décisions etla création d’universités et de centres de formation dans des régions comme Tambacounda et la Casamance est essentielle pour offrir des alternatives crédibles à l’esprit de compétitivité régionale”, soulignent-elles. Non sans ajouter que la valorisation des opportunités des régions et les riches potentialités économiques, renforcent leur attractivité pour devenir de véritables pôles de développement et de centres de décision conformément à l’esprit d’équité territoriale. Elles sont convaincus que de telles initiatives permettraient d’éclore les talents des jeunes tout en leur offrant une masse critique de compétences nécessaires pour les accompagner, contribuant durablement au développement économique de leur terroir.
ADHA et ENDA ECOPOLE préconisent aussi la restauration de la confiance en l’avenir du pays. Leur conviction est que pour freiner l'hémorragie migratoire, il est impératif de restaurer la confiance des jeunes dans leur avenir au Sénégal. Cela passe nécessairement, disent-elles, par une réforme en profondeur du système éducatif, alignée sur les besoins du marché de l’emploi, l’égalité des chances, l’équité dans l’accès aux ressources ainsi que la promotion de projets entrepreneuriaux dans des secteurs porteurs comme l’agriculture, la technologie, l’économie verte, etc…
ADHA et ENDA ECOPOLE appellent également à la mise en place de politiques qui soutiennent l'emploi local, l'entrepreneuriat et la consommation locale, afin de renforcer le tissu économique national. Ces politiques doivent être basées sur des solutions structurelles, réalistes et durables, et conçues en concertation avec les jeunes eux-mêmes.
En définitive, ADHA et ENDA ECOPOLE exhortent l'État à mettre en place des mécanismes communautaires de veille pour prendre des mesures concrètes et prévenir de nouvelles tragédies. En investissant dans l'éducation, en renforçant les infrastructures régionales afin qu’elles soient mieux adaptées aux besoins de l’emploi, dans l’équité, la justice et la démocratie, et en offrant des perspectives d'emploi aux jeunes, il est possible de créer un environnement socio-économique où la migration ne sera plus vue comme une nécessité, mais comme un choix éclairé.