UN COLLEGE A LA LISIERE DE L’INSALUBRITE ET LA PROMISCUITE
Situé à proximité de la route des Niayes, à 100 mètres de l'arrêt Baye Mbeur, le CEM de Niacoulrab est enfermé dans un environnement chaotique. Les infrastructures en place sont non seulement insuffisantes mais aussi inadaptées à la demande croissante
La rentrée scolaire 2024-2025 dans le département de Keur Massar révèle des disparités criantes entre les établissements. Alors que certains collèges se dotent d'infrastructures modernes, le Collège d’Enseignement Moyen (CEM) de Niacoulrab continue de lutter pour un cadre décent d'accueil de ses élèves.
Situé à proximité de la route des Niayes, à 100 mètres de l'arrêt Baye Mbeur, le CEM de Niacoulrab est enfermé dans un environnement chaotique. Les infrastructures en place sont non seulement insuffisantes mais aussi inadaptées à la demande croissante. « L'année dernière, nous avions entre 70 et 80 élèves par classe. Cette année, nous allons frôler les 100 élèves par salle », déclare le Principal Babacar Ndiaye. Avec un total de 972 élèves répartis dans seulement 12 classes, l'enseignement devient un défi quotidien.
Le transport reste aussi un casse-tête pour les familles. Les élèves viennent de localités éloignées comme Thiaroye, Niague et Yeumbeul, empruntant des routes étroites et en piteux état. La vétusté des bus et cars de transport public ne facilite pas la situation, accentuant le stress des familles et des élèves.
La question des infrastructures scolaires est cruciale dans la zone. Malgré les promesses et le financement de l’Association Française pour le Développement (AFD), les travaux pour de nouvelles classes sont à l'arrêt depuis des années. « Les premiers travaux ont commencé en 2017, et ils devaient être achevés en 2019. Mais nous en sommes toujours au même point », s’insurge un habitant. Le site prévu pour la construction d'un nouveau collège a été envahi par des habitations et les conflits fonciers ne font qu'aggraver la situation.
Face à cette situation, Babacar Ndiaye rappelle que l’éducation est un droit fondamental. « Je ne peux pas refuser d’inscrire des élèves, même avec ces conditions de surpopulation. Ce serait inacceptable », insiste-til. Les élèves, souvent issus de milieux défavorisés, n'ont pas d'alternative viable pour leur éducation et l’inscription dans le privé reste hors de portée
En plus des conditions d’apprentissage difficiles, le CEM fait face à des dangers environnementaux. Le puits, utilisé par les habitants pour s'approvisionner en eau, représente un risque pour la santé. « Le week-end dernier, des pompiers ont dû intervenir pour retirer un serpent du bâtiment », rapporte le Principal Babacar Ndiaye. Le puits, dépourvu de couvercle, est devenu un lieu de danger où déchets et reptiles cohabitent.
Les parents d'élèves, soutenus par des initiatives locales, tentent de pallier l'absence de bâtiments adéquats en réaménageant des salles de classe. « Nous avons reçu 3,5 millions FCFA de la mairie pour améliorer les conditions d’enseignement », explique Madame Boury Niang, présidente de l’Association des parents d'élèves. Alors que l'année scolaire démarre, la communauté éducative de Niacoulrab espère que les promesses de construction d'infrastructures et de résolution des problèmes de transport seront enfin tenues, permettant aux élèves de bénéficier d'une éducation dans des conditions dignes. La lutte pour un lycée dans la région s'intensifie, tandis que les défis quotidiens de ce collège restent préoccupants.