LES PIQUES DE L'AS DE CE MARDI OCTOBRE 2024
Duels des législatives
A coup sûr, ce sera certainement l’une des législatures les plus disputées. Après la publication des listes de candidatures, on se dirige vers un duel de ténors. La bataille sera rude. Tous les ingrédients montrent une seconde manche de la guerre larvée entre Macky Sall et Ousmane Sonko. Le dernier est devenu Premier ministre le jour du départ du premier de la présidence de la République, le 2 avril 2024.Ainsi, après son arrivée au pouvoir, Ousmane Sonko s’attaque à la gestion de Macky Sall qu’il a dernièrement accusé de malversations financières. Ainsi, à travers ces Législatives, il rêve de porter l’estocade à son adversaire de tous les temps. Mais Macky Sall ne compte pas laisser faire. A seulement 7 mois après son départ du pouvoir, le voilà déjà sur le terrain politique. Il a quitté son poste d’Envoyé spécial après avoir été investi tête de liste de la coalition «Takku Wallu Sénégal» qu’il a construite avec Karim Wade du Pds et Idrissa Seck. Reste maintenant à savoir s’il va revenir battre campagne comme Abdoulaye Wade l’avait fait en 2017 contre son adversaire le plus redoutable désormais au pouvoir.
Duels des législatives
Toutefois, la bataille ne risque pas de se faire uniquement entre Macky Sall et Ousmane Sonko. L’ancien président de l’Assemblée nationale a des comptes à solder avec son candidat lors de la dernière présidentielle Amadou Ba. Ce dernier qui a quitté l’Apr est à la tête d’une coalition « Jamm ak Njariñ » avec le parti socialiste et d’autres formations politiques. Dans cette campagne, leurs prises de position seront très scrutées. Il y aura aussi une bataille générationnelle qui va avoir lieu. Elle opposera Ousmane Sonko et la coalition « Samm Sa Kaddu ». Amenée par Barthélémy Dias avec qui le Premier ministre n’est pas en odeur de sainteté depuis la veille de la dernière présidentielle, cette coalition veut imposer au régime actuel une opposition décomplexée. Au-delà de ces têtes de listes, il y a un troisième larron qui avance en rang dispersé avec les blocs de l’opposition mais qui nourrit une farouche opposition aux nouveaux tenants du pouvoir.
La bataille de Dakar
Le régime devra batailler ferme dans la capitale contre l’opposition. L’équipe du Pastef autour d’Abass Fall chapeautée par Ousmane Sonko devra faire face à la liste Samm SaKaddu amenée par Barthélémy Dias. Même si c’est le maire de Hann Bel Air, Babacar Mbengue qui porte le brassard, le débat risque d’être une bataille par procuration entre Barthélémy Dias et Abass Fall. L’on se rappelle l’épisode où le coordonnateur de Pastef de Dakar a été viré du Conseil municipal pour une affaire de parité. Une décision qui reste toujours en travers de la gorge des patriotes. Depuis, ils nourrissent une volonté de faire payer à Barthélémy Dias qu’ils considèrent comme un Judas. La coalition Jamm ak Njariñ autour d’Amadou Ba a investi Moussa Sy. La coalition Takku Wallu Sénégal qui est en coalition avec «Samm Sa Kaddu» en vue de rééditer la prouesse de l’opposition d’alors lors des Législatives de 2022 n’a pas présenté de liste dans les départements de Dakar et de Guédiawaye.
Abdoulaye Wilane absent des listes
Voilà un dinosaure. Il siège depuis 2012 à l’Assemblée nationale. Mais pour ces législatives, Abdoulaye Wilane a suivi l’exemple de la patronne des socialistes, Aminata Mbengue Ndiaye. Il a décidé de se mettre en retrait. A Kaffrine où il est président du Conseil départemental, c’est Sette Diop qui a été investi tête de liste de la coalition Jamm ak Njariñ. Toujours est-il que la bataille de Kaffrine va avoir lieu. Investi tête de liste de la coalition TakkuWallu Sénégal, l’ancien ministre et maire Abdoulaye Saydou Sow veut reprendre du poil de la bête face au Pastef amené dans le département par le Secrétaire d’Etat au Logement et à l’Urbanisme, Momath Talla Ndao qui était sorti victorieux de la dernière présidentielle dans la région.
Mortal Kombat à Podor
Ce sera un tour de magie si l’actuel pouvoir remporte les deux sièges du département de Podor. Battu à plate-couture lors de la dernière présidentielle, le Pastef de Ousmane Sonko veut se faire une place dans une mare de crocodiles très agitée. En effet, le ministre de la Santé, Ibrahima Sy, veut tirer profit de l’éclatement de l’alliance pour la République. Le néophyte en politique devra se mesurer face à l’ancien président du défunt Conseil économique social et environnemental, Abdoulaye Daouda Diallo appuyé par Me Aissata Tall Sall de la coalition Takku Wallu Sénégal et à son frère ennemi de toujours, Cheikh Oumar Hann qui a investi son protégé Moussa Hamady Sarr, ancien directeur du Crous de Diamniadio, comme tête de liste de la coalition Jamm ak Njariñ. Au soir du 17 novembre prochain, les heureux élus de Podor à l’Assemblée nationale pendant les 5 prochaines années seront connus.
7 milliards de Fcfa perdus dans la confection de bulletins
Le ministre de l’Intérieur a rencontré hier les mandataires des partis politiques engagés dans les prochaines Législatives. La réunion portait sur le format des bulletins pour les Législatives. L’Exécutif voulait repartir sur la taille du bulletin de la dernière élection présidentielle. Sur ce petit bulletin, il ne devrait y figurer que la photo de la tête de liste de la coalition. Financièrement, ce format pourrait faire économiser à l’Etat quelque 7 milliards de Fcfa. Mais la quasi-totalité des partis politiques présents à la rencontre ont tout simplement rejeté la proposition du gouvernement. Dans leurs arguments, ils mettent en avant une rupture d’égalité entre les candidats. Seule une photo d’Ousmane Sonko ou de Macky Sall peut facilement être reconnue mais cela ne risque pas d’être le même cas pour d’autres candidats moins connus. En outre, en rejetant la proposition du gouvernement, les mandataires des partis politiques qui ruminent toujours leurs colères contre l’Exécutif qui a refusé de proroger les délais de dépôts de candidatures, ont voulu à leur façon rafraîchir la mémoire au ministre de l’Intérieur.
Malick Gakou soutient les listes de Pastef
Le Grand parti approuve les investitures de Pastef pour les élections législatives. Suite à la publication provisoire des listes, le bureau politique du Grand Parti réaffirme son soutien sans faille à Pastef. Dans cet élan, Malick Gakou appelle à la responsabilité de tous les militants et sympathisants pour une mobilisation constante aux côtés des forces vives du changement, afin de garantir le triomphe de cette liste. Pour une victoire éclatante des valeurs communes que nous partageons, celles d’un Sénégal souverain, de progrès, de paix et de développement au service exclusif des intérêts de nos populations, M. Gakou et Cie sollicitent un vote massif et populaire en faveur de cette liste de patriotes engagés pour une Assemblée de rupture et de transformation.
Confiscation de son passeport diplomatique
Me Amadou Sall craint de vivre la mésaventure de Madiambal Diagne à l’aéroport international Blaise Diagne. Même si à la différence, lui, il avoue détenir un passeport diplomatique. Il prévient contre toute confiscation de son passeport diplomatique. « Je voyage le 12 de ce mois, direction le Maroc, pour participer à une conférence. Je voyage avec un passeport ordinaire. J’aurais dans mes affaires un passeport diplomatique qui m’a été délivré en ma qualité d’ancien ministre d’État, Garde des Sceaux, ministre de la Justice », a écrit l’avocat sur sa page Facebook. Il dit tenir ce passeport à la disposition des autorités policières et ce, même s'il ne l’utilise pas pour ce voyage. «Qu’on ne me cherche pas noise. Je suis avocat et je sais me défendre contre toute forme de violation de mes droits de l’Homme», a-t-il écrit.
Circulation concomitante des trains miniers
Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens (Mitta), El Malick Ndiaye, a procédé hier, à la gare de Diamniadio, au lancement de la circulation concomitante des trains miniers (GCO, ICS) avec le TER. Un acte qui marque l'aboutissement d'un long processus qui permettra d'optimiser le transport de marchandises et de passagers sur le corridor ferroviaire entre Dakar et Sébikotane. Le manque à gagner est estimé entre 6 et 7 milliards de FCFA par an (3 milliards pour GCO et 3,6 milliards pour ICS).
Madiambal Diagne quitte la présidence de l’UPF
Le patron du groupe Avenir Communication quitte la présidence de l'Union internationale de la Presse Francophone (Upf). En raison de mon nouvel engagement politique au Sénégal, écrit-il sur X, «j'ai décidé de passer la main à la tête de L'UPF. J'ai proposé la brillante journaliste marocaine Meriem Oughiri, pour assurer l'intérim de la présidence internationale». Selon Madiambal Diagne, ce choix a été validé à l'unanimité des membres du Bureau international de l'Organisation. M. Diagne est inscrit à la 15e position sur la liste de la coalition Jamm ak Njariñ conduite par Amadou Ba.
Eventuel rejet de la candidature de Barth…
La candidature du maire de Dakar, Barthelemy Dias, aux élections législatives continue de susciter un débat puisqu’il a été condamné à une peine de six mois ferme. D’aucuns pensent que la coalition Samm sa kaddu a pris un gros risque craignant ainsi le syndrome de la liste proportionnelle de la coalition Yewwi Askan wi aux législatives. Autrement dit, le Conseil constitutionnel écarte la liste des titulaires. Mais, des experts électoraux précisent que le rejet d'une candidature inéligible n'entache pas la validité de la liste. Sauf que dans le cas de l'invalidation du candidat tête de liste, précisent-ils, il est remplacé par un autre candidat non investi au préalable. Et c'est l'effigie de ce dernier qui doit figurer sur le bulletin de vote, soulignent-ils.
Le Conseil constitutionnel face à sa propre jurisprudence
Restons avec l’investiture de Barthelemy Dias pour dire que le Dr. Mamadou Salif Sané, enseignant-chercheur en droit Public à l’UGB confirme la thèse de l’expert électoral. Toutefois, l’universitaire estime que le Conseil constitutionnel fera face à sa propre jurisprudence. En principe, dit-il, l’inéligibilité d’un candidat sur la liste des titulaires aux élections législatives ne concerne que le candidat en question. Seule la candidature concernée doit normalement faire l’objet de rejet. Mais tel n’a pas été la ligne jurisprudentielle du Conseil constitutionnel sénégalais. Il rappelle que le juge sénégalais en confirmant, en 2022, les rejets de la liste des titulaires de Yewwi Askan wi et celle des suppléants de Benno Bokk Yakaar, pose la règle selon laquelle une irrégularité constatée sur la liste des titulaires ou celle des suppléants entraîne l’irrecevabilité de toute la liste concernée (titulaires ou suppléants).
Si Barthelemy Dias parvenait à se faire élire
Selon l’universitaire, une décision préalable de radiation de M. Dias du fichier électoral n’est pas nécessaire en l’espèce. La perte de sa qualité d’électeur et son inéligibilité doivent être constatées par le juge électoral, garant de l’intégrité du processus électoral et de la moralité de la fonction parlementaire, précise-t-il. A l’en croire, l’inéligibilité est un moyen d’ordre public qui peut être invoqué à tout moment. Par ailleurs, souligne l’enseignant chercheur, si M. Dias parvenait à se faire élire, en l’absence de tout recours devant le Conseil constitutionnel, son élection serait invalidée par le juge. La ratification populaire ne couvre pas l’inéligibilité, dit-il. Ainsi, «sera déchu de plein droit de son mandat de député celui dont l’inéligibilité se révélera après la proclamation des résultats et l’expiration du délai de recours, ou qui, pendant son mandat, se trouvera dans un cas d’inéligibilité prévu par le présent Code électoral». Cette perte de la qualité de député est confortée par l’article 51 du Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale et l’article 61 de la Constitution qui dispose que le député qui fait l’objet d’une condamnation pénale est radié de la liste des députés de l’Assemblée nationale. La déchéance est constatée par le Conseil Constitutionnel à la requête du ministère public.