UNE NOUVELLE POMME DE DISCORDE ENTRE L'ÉTAT ET LA PRESSE
La création d'une commission d'examen des déclarations des entreprises de presse, annoncée par arrêté ministériel, soulève une vague de protestations parmi les acteurs des médias
Alors qu’on n’a pas encore fini d’épiloguer sur le paiement des impôts et la rupture des conventions entre l’Etat du Sénégal et les entreprises de presse, voilà qu’une règlementation s’ajoute à la polémique. Il s’agit de la création d’une commission d’examen de la déclaration des entreprises de presse. L’association des éditeurs en ligne (APPEL), la CAP (Coordination des associations de presse) et le CDEPS (Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal) sont déjà en ordre de bataille.
Presse et pouvoir ne font pas bon ménage. L’affirmer relèverait même de la tautologie. D’Abdou Diouf à Macky Sall en passant par Abdoulaye Wade, les médias ont naturellement eu des relations plus ou moins heurtées avec les régimes successifs. Celui de Bassirou Diomaye Diakhar Faye ne fera exception. Au contraire ! Et pour cause, en août 2024, le ministère des télécommunications a mis en place une plateforme numérique pour la déclaration et l’enregistrement des entreprises de presse.
Dans un arrêté publie le 4 octobre dernier, la création d’une commission d’examen et de validation de la déclaration des entreprises de presse est encore annoncée par ce département. Elle comprend des représentants de différents ministères, de l’organe de régulation des médias, ainsi que des acteurs de l’autorégulation des journalistes. Son objectif est selon le décret l’instaurant de structurer le secteur médiatique et d’assurer que seules les entreprises conformes puissent opérer légalement au Sénégal. Le mandat des membres est renouvelable chaque année. Une nouvelle donne qui ne rencontre pas l’assentiment des associations des médias.
L'Association des Éditeurs et Professionnels de la Presse en Ligne (Appel) désapprouve déjà sa création. Pour l’association, « cet arrêté, élaboré, sans consultation ou concertation aucune, s'arroge un droit de vie et de mort sur les entreprises de presse ». Pis, « le texte manque de clarté et de précisions », soutient Appel qui s’étonne par ailleurs de la présence du ministère de la justice et de la communication. Cette commission est un différend de plus entre l’Etat du Sénégal et les médias. Après l’interpellation du journaliste Cheikh Yérim Seck, la Coordination des associations de presse (Cap), avait sorti un communiqué pour dénoncer « une arrestation arbitraire ».
L’opposition entre l’Etat et la presse est plus due au payement des impôts et à la rupture des conventions accordées aux entreprises de presse par le nouveau régime. L’Etat a fait marche arrière et a accordé un moratoire aux groupes de presse jusqu’en 2027. La Cap constate toutefois, un non-respect de la décision. Le ministère de la communication a également lancé l’aide à la presse.
Lors d’une rencontre en août dernier, Alioune Sall a estimé à huit cent (800) millions le montant attribué à des bénéficiaires indus. Le Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (Cdeps) non content de la démarche du ministère, avait dénoncé une attitude illégale et contraire au secret fiscal.